mercredi , 30 juillet 2025

Toulouse – Interview : Alonzo, après la reconnaissance le succès !

Le 30 avril prochain, Alonzo, compère de Soprano dans les Psy 4 de la Rime, présentera son nouvel album au Métronum de Toulouse. Interview avec l'auteur de l'excellent album "Réglements de Compte".

Persévérance, puissance et passion. Trois termes qui résument la carrière d'Alonzo et qui synthétisent la teneur de Règlement de comptes, son troisième album solo, le septième de sa carrière en comptant ceux de son groupe Psy 4 De La Rime. Après Les Temps Modernes en 2010, et Amour, Gloire & Cité daté de 2012, l'artiste Marseillais, s'est fait un nom, prouvant aux amateurs de rap les plus exigeants qu'il pouvait tenir seul la distance de l'album. Il a même obtenu le trophée des Voix Urbaines en 2011 grâce aux suffrages du public. Pourtant, un sentiment d'inachevé nourri par l'ambition naturelle d'un artiste perfectionniste semblait planer sur l'oeuvre solitaire d'Alonzo…Le Marseillais s'émancipe enfin sur Réglements de Compte, un album décomplexé et qui le fait convoiter les sommets.

A l'occasion de son passage à Toulouse et de la sortie de cet album, rencontre avec Alonzo, le côté sombre, et pourtant lumineux, des Psy4 de la Rime.

La tournée reprend avec un passage à Toulouse fin avril. Prêt à en découdre ?
C'est une période hyper positive ! Les chiffres de l'album ont triplé par rapport au précédent album. Le public répond à l'appel avec ce renouvellement assez ample de ma part. Même si certains aimeraient un côté plus nostalgique, tout le monde suit. Je suis donc hyper chaud d'aller montrer ça sur scène.

D'ailleurs la scène pour toi, ça représente le Grâal ?
Ça représente tout. Avec Psy 4, on a commencé par là. Enregistrer un album était un luxe qu'on pouvait pas s'offrir. La scène était notre manière de faire de la promo. J'ai besoin de ce contact, c'est primordial pour moi. Même si aujourd'hui je travaille énormément les albums, tout passe par la scène pour moi. Je préfère la scène, c'est la récompense ultime.

Tu as commencé très jeune, avec un premier contrat à 16 ans. Quel regard portes-tu sur ton parcours ?
En tout honnêteté, c'est très honorable. J'ai commencé très jeune dans le rap à l'âge de 12 ans, puis il y a eu les Psy 4 en 2002 jusqu'en 2015, je suis resté au top. Les gamins dans la cours de récré me connaissent, et de toutes les générations en plus. Il y a pas mal de groupe de notre époque qui n'ont pas su résister au temps et on ne les entend plus aujourd'hui. On a traversé le temps, et on est toujours là avec de nouveaux sons et de nouveaux projets en restant au top.

Donc la remise en question permet de tenir selon toi ?
Tenir, c'est autre chose. Mais oui, il y a forcement une remise en question pour continuer dans ce milieu. Regarde, Soprano est disque de platine à côté de la nouvelle génération qui grimpe. Moi, je vais toucher le disque d'or dans peu de temps avec un style nouveau. Il ne faut pas rester sur une position vieillotte. Sinon, tu meurs !

Sortir son épingle du jeu face à la nouvelle scène !
Tu vois, Psy 4 ou même Sexxion d'assaut perdurent avec le temps. Qu'on aime ou qu'on aime pas, Booba est le meilleur exemple. J'ai découvert Booba à 12 ans à l'époque de Lunatic, et aujourd'hui, ma fille de 15 ans connaît Booba. C'est un artiste de « ouf » ! C'est très fort de faire ça justement. On vit dans un pays assez conservateur, nostalgique, et les gens ne veulent pas voir les nouveautés ou les changements. Ils préfèrent rester sur les sons qui ont bercés leur jeunesse. Si tu te renouvelles pas, tu deviens aigris, et je ne veux pas arriver à ça (rire).

Tu parles de Booba. Comment s'est faite la rencontre pour le duo sur l'album ?
Il est venu me chercher pour le clip « Kalach » où il cite Marseille. Il y a eu un bon feeling, un bon contact entre nous. Au niveau de la musicalité, il y avait des similitudes avec ce que je voulais faire. On s'est vu, on l'a fait naturellement.

Tu as la reconnaissance de tout le monde, comme étant l'un des meilleurs rappeurs, pourtant tu dis que le succès te manque. Ça t'atteint à ce point là ? D'où le nom de l'album « règlements de comptes » ?
Tu sais, j'ai eu un succès commercial franc avec mon groupe. Le parcours solo est différent. Il y a le succès d'estime et le succès commercial. Deux choses différentes, et la dernière me manque oui. Il y a donc eu une auto-motivation pour ce projet. J'estime faire partie des meilleurs rappeurs donc il y a un compte à régler de ce côté là. Ça fait très égo trip. Voilà pour la première partie. Après, je viens de Marseille, il y a beaucoup de jeunes qui perdent la vie ces derniers temps dans nos rues. Cela ne me laisse pas insensible. Tout est très électrique. C'est un message que je fais passer.

Cet album est une libération pour toi ?
Ben ouais ! Comme je suis issu d'un groupe, je sais faire beaucoup de choses. Mais ce que je sais, c'est que je ne voulais pas d'une compil' de moi même, comme sur les précédents opus. Je ne savait pas vraiment où aller. J'ai quand même une spécificité, un rôle défini dans Psy 4 : je parle de la rue, je suis le côté « terter » du groupe. Mais je n'avais pas un univers marqué, je restais à mon poste. Il me fallait donc me lâcher le plus possible. C'est ce que j'ai fait.

La collaboration unique avec Spike Miller a du t'aider non ?
Tout à fait ! Il y a enfermement de cohérence dans ce qu'on peut produire tout les deux. C'est toujours positif d'avoir une vue externe à un projet. Quand tu cherches trop, tu n'arrives plus à te voir. Il attendait de moi ce que beaucoup de gens attendaient : sortir la rage interne ! Il a su y mettre une cohérence grâce à son pôle de compositeurs et j'ai pu me délivrer au maximum sans prise de tête. Il a rajouté cette confiance en moi. Je me suis libéré de tout. Rien à foutre du regard des autres, c'est moi et rien que moi là !

D'ailleurs en parlant du regard des autres, tu as écrit une chanson dessus. Tu avais aussi besoin de régler des comptes avec les haters ?
Je suis issu d'une génération où enregistrer était un luxe, comme je l'ai évoqué avant. Là, l'avantage d'internet est le buzz. Tu peux aller à la rencontre de ton public rapidement. Le problème, c'est que le public, les internautes en particulier, deviennent directeur artistique, manageur etc… "Ta culotte doit être verte", "ça ça me plaît pas", "il paraît que.." J'ai voulu rire de toutes ces bêtises et de tous ces gens là. Ils ne servent qu'à déstabiliser les artistes et je voulais leur dire que leur regard ne me touche pas : je suis dans ma bulle, j'en rigole et je m en fous.

Tes textes sont assez forts. Comment te vient l'inspiration ?
Ça vient dans le train, dans le studio, au kebab, dans la rue, je ne calcule pas. Là par exemple je répète et j’écris. Je fais seulement des pauses pour enregistrer, c'est le seul moment où je stoppe cette créativité là pour une autre.

Il y a des thématiques que tu t'interdis d'évoquer en musique ?
Je suis croyant, et je trouve que la religion est une chose assez personnelle. Je ne suis pas non plus une personne qui refoule les choses, mais je dirais juste quelques mots sans pour autant faire de texte entier où évoquer cela. Ce n'est pas une thématique de mon registre. Tout le reste, je n'ai aucun soucis. Je fais du divertissement, faut prendre les choses au premier degré voire au second. Je ne suis pas là pour donner mon opinion ou faire de la politique.
Quand on a commencé le rap, on l'a fait car on kiffait. On n'est pas des politiciens, il y a un temps pour tout, des fois des thèmes importants doivent être évoqués mais je préfère rire comme un gamin.

C'est quelque chose qui t'agace qu'on demande toujours aux rappeurs d 'être responsable de la jeunesse ?
C'est chiant ! C'est pas notre travail ! C'est aux politiciens de trouver des solutions. Nous, on est que des artistes, on doit parler de certaines choses mais sans pour autant être responsable de tout.

Artistiquement sur l’album tu as fait appel à une nouvelle génération. Pourquoi ?
Je voulais des gens artistiquement peu communs, des personnes qui me correspondent. Gradur est une valeur montante sur internet. Moi je traverse les générations, je ne suis pas fermé à la nouveauté. On a 8 ans d'écart avec Gradur, mais une énergie commune. Pour Lacrim, c'est le parisien le plus marseillais de France. Et pour Maitre Gims, c'est un excellent exemple de carrière. On a commencé un peu ensemble même si il est connu de la majorité maintenant. Pour lui, j'avais besoin d'une voix exceptionnelle pour coller au morceau sur ce rythme de musique ghanéene.

Comme juges-tu l'état du rap actuel en France ?
Assez positivement ! L'état du rap est positif. Les vente sont reparties, les chiffres sont même exorbitants. Jul explose tout, c'est un plus pour notre musique. La scène se renouvelle, se comporte bien et le public suit. C'est hyper encourageant pour la suite. Tu peux désormais tourner sans maison de disque, donc tout va bien pour le rap j'ai l'impression.

On parle d'un Maxi prochainement c'est vrai ?
C'était vrai ! Mais en fait je crois que je vais rebalancer un nouvel album d'ici la fin de l'année.

Questions en rafale :

Qu'est ce qu'une bonne chanson ?
Une chanson qui m'emporte.

Ton dernier coup de cœur musical ?
Faute de français de Lino

Une chanson qui t'agace ?
Aucune, ou s'il y en a une, je coupe !

Ton premier souvenir de scène ?
A Marseille lors d'un concours de basket. Je suis monté sur scène, j'avais 12 ans. J'avais une peur terrible alors j'ai rappé les yeux fermés.

Si t'étais une citation ?
La patience est une vertu.

Enfin, que penses tu d'Alonzo ?
Je trouve que c'est un vrai rockeur le mec ! Je lui souhaite plein de bonheur dans cette putain de vie.

 

Alonzo en concert à Toulouse
Jeudi 30 avril à 20h au Metronum de Toulouse
Réservations : 05 62 73 44 77 ou sur www.bleucitron.net

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