Interview – Le Weekend des Curiosités, « encore plus fort cette année »

Le 23 mai, le Weekend des Curiosités prend place à Ramonville avec plus de 30 artistes sur quatre scènes pendant quatre jours. On retrouvera des artistes comme Woodkid, Skip The Use, Tricky ou encore Emir Kusturica. A cette occasion, Toulouse Blog a rencontré Antoine Fantuz, chargé de la communication et de la programmation du Bikini.

 

Cette année encore, le Weekend des Curiosités promet de belles soirées pour les oreilles mais aussi les yeux. Pour cette nouvelle édition, le festival porte bien son nom avec de nombreux groupes peu connus par le grand public. A une journée de la soirée d'ouverture, Antoine Fantuz, chargé de la communication et de la programmation du Bikini ( co-organisateur avec Bleu Citron) nous dévoile tous les détails de ce festival désormais incontournable à Toulouse.

 

Jeudi, la troisième édition du Weekend des Curiosités débute. Quelles sont les nouveautés cette saison ?

Pas vraiment de nouveautés. Le concept reste le même, trois scènes, des animations l'après-midi, divisé en trois parties : la scène des curiosités, le Port et les afters au Bikini. Et bien entendu le vide grenier le dimanche. Le principe reste donc inchangé. On a fixé ce concept qui marche bien, on essaie de le rendre encore plus attractif. De l'améliorer dans la journée. Après, il y aura une nouvelle expo, cette année de notre graphiste Emile Sacré qui a détourné le visuel du festival pour en faire une expo assez chouette. Il y aura encore plus de skate, de hip hop de graff dans la journée. On donne un aspect encore plus urbain aux Curiosités grâce aux associations de Ramonville. Il y aura de la projection vidéo sur les immeubles…on a essayé d'optimiser l'espace qu'on avait, de jouer cette carte là sur le décor. Ça va être encore plus beau que l'an dernier !

 

 

Cette année, vous avez pris le parti d’avoir une identité visuelle forte autour du festival. Comment est né ce visuel ?

C'est la grande nouveauté. On a réfléchi à des artistes qu'on aimait bien. Et, le travail d'Emile nous plaisait vraiment. A Toulouse, il avait déjà une activité assez forte notamment avec Bakelite, situé à l'ancienne halle aux poissons. Et puis, il était assez attentif à nos attentes tout en gardant carte blanche. Il nous a offert quelque chose dans la logique du festival. C'était pour nous primordial d'avoir un véritable visuel autour du festival. Car le Weekend est déjà bien ancré avec les Curiosités du Bikini. On a envie d'en faire quelque chose d'unique et plus uniquement un week-end avec des concerts. Il fallait quelque chose de plus fort. Sans parler de l'expo qui sera sur tout le site qui est extraordinaire. 

 

L’an dernier, le public a pu retrouver des groupes comme IAM ou encore Dionysos. Des noms déjà connus par le public. Cette année, la programmation est réellement tournée vers la découverte. La programmation a été optimisée dans ce sens là ?

C'est un peu le but du festival. Il faut asseoir l'événement avec beaucoup de nouveautés. On est obligé d'associer des têtes d'affiche comme Emir Kusturica, Biolay ou Skip the Use. Mais ils encadrent d'autres groupes que le grand public va découvrir comme Birth of Joy, Black Strobes, la Femme…Ils n’ont pas beaucoup joué à Toulouse, donc le grand public ne les connaitra pas. Et puis, on a essayé de faire évoluer la scène des curiosités l'après-midi. Il y a des groupes locaux, mais plus seulement. Cette année, on a mis un groupe national comme Saint Michel le soir qui est une des valeurs montantes. L'intérêt est aussi d'attirer plus de monde sur cette petite scène gratuite. C'est important que les gens qui n'ont pas les moyens de se payer des concerts puissent participer à cet événement. 

 

Y-a-t-il eu des difficultés dans la programmation ?

Oui, il y en a eu bien sûr. Parce qu'on est le même week-end que d'autres festivals. En soi, ça peut être un avantage comme avec l'Europa Vox où on va partager la programmation. Par contre, le Primavera n'est pas un avantage. Car on a envie d'attirer certains groupes de leur line up et c'est vers quoi on veut tendre, mais les groupes anglo saxons, c'est des prix hallucinants qu'on ne peut pas se payer. C'est d'autant plus frustrant qu'il soit en même temps. Et puis, on a une jauge intermédiaire avec 4 500 personnes. Il faut trouver les bons artistes : ils sont soit trop gros soit trop petits. C'est les prix qui fixent un peu tout ça. Cette année, on est content car on a des groupes internationaux. Quelques-uns mais des très bons…

 

Surtout pour les scènes Electro…

Oui, on arrive en électro à avoir des pointures. C'est un circuit différent. Mais avoir des gars comme Netsky ou Erol Alkan, c'est ce qui se fait de mieux. En Drum n Bass, Netsky est hyper attendu depuis deux ans à Toulouse. Et Erol joue très peu et ces DJ Set sont toujours hallucinants.

 

Comme chaque année, y-a-t-il de véritables paris dans le line up ?

La soirée du samedi est véritablement un pari pour nous. On s'est fixé sur une tête d'affiche qui est Skip The Use. A côté de ça, on a mis des véritables découvertes rock avec Black Strobes, Birth of Joy, Sidilarsen…. On est content car le concept plait aux gens qui attendent un véritable plateau rock à Toulouse. 

 

Avec plus de 30 artistes en quatre jours de concerts sur trois scènes différentes, il y aura pas mal de talents. Quels sont tes coups de cœur ?

Je conseille vraiment le premier soir, deux coups de cœur avec Superpoze et Sing Sing My Darling. Sing Sing est un groupe de Toulouse qui a un bon retour depuis son retour de Bourges. Et puis ils ont sorti un sublime clip la semaine passée. Et Superpoze est un jeune prodige que tout le monde attend. Il me tarde de le découvrir et, assez heureux de le montrer dans cette soirée d'ouverture à cinq euros. J'aime beaucoup aussi Hoosky,  deux membres de la Fine Equipe, avec un set Electro Hip Hop. Après Daniel Avery débarque avec de sublime prods sous la tutelle d'Erol Alkan. Un des Djs en devenir. Après, le samedi, j'ai un coup de cœur pour Birth of joy et leur rock psychédélique dans la lignée des Doors avec un son de clavier impressionnant. Enfin, gros coup de cœur pour La Femme que j'ai découvert au Printemps de Bourges. C'est très punk, très année 80 et un second degré assumé. J'allais oublier Woodkid. J'ai hâte de découvrir ce que ça peut donner sur scène. On a tous vu ces clips, ces vidéos de concert, alors impatient de voir l'artiste.

 

Vendredi, vous annonciez l’annulation de Sixto Rodriguez au grand public. Peux-tu me parler de cette déception ?

Une déception plus qu'énorme. C'était un peu la curiosité de cette année d'avoir réussi à faire venir cet homme-là. Beaucoup de gens ont vu le film et ont été émus par son histoire. Et musicalement, c'est magnifique. Alors avoir réussi à avoir ce mec-là qui fait que les gros festivals et les capitales, c'était improbable. On tombe un peu des nues. On va alors trouver une solution. Mais c'est difficile de remplacer un artiste comme ça. J'espère que les gens ne seront pas si déçus que ça. En plus, il n'a pas annulé que notre date. Il a fait un choix, ça tombe sur nous, malheureusement. Ça ne gâchera pas le festival pour autant. Et puis, on a fait un gros geste en proposant au public un autre concert. Et puis ils auront quatre groupes excellents le dimanche.

 

Revenons à l’édition 2012. Ce fut un véritable succès qui a, semble-t-il, ancré le festival dans la conscience collective des toulousains, non ?

L'an dernier avait été un véritable succès. On avait réuni 15 000 spectateurs avec un jour en plus. On espère en réunir autant malgré une journée de moins. C'est plutôt bien parti avec des locations qui fonctionnent bien. Je crois que les gens ont compris ce que c'était. Cette année, on a plus de moyens de communiquer avec par exemple un beau teaser de Gigson Live. Les gens savent ce que c'est. C'est dur à installer. Même s’il y a du monde, une belle prod, il faut se donner encore plus de moyen.

 

Le Weekend des Curiosités 2013 – Teaser officiel from Gigsonliveon Vimeo.

 

Vous avez ressenti une attente particulière du public, des toulousains ?

Plus cette année que les précédentes. Quand on a vu que, lors des teasers sur Facebook, le nombre de commentaires était conséquent, on a eu chaud au coeur. Les gens nous demandaient si on invitait tel ou tel artiste. Et à l'annonce des noms, les gens nous ont remerciés. C'était génial parce qu'on perçoit une vraie attente du public. Et puis il y en a pour tous les gouts. Il y a un vrai attente autour de groupes comme Skip the Use ou encore Woodkid. On n’est pas une grosse machine, donc on essaye d'avoir cette différence autour de la programmation.

 

Une fois encore le festival ne peut pas se construire seulement avec Bleu Citron et le Bikini. Les aides sont plus nombreuses cette année ?

Les collectivités restent autour de nous. Ça prouve aussi qu'il y a une volonté de poursuivre l'histoire d'un festival comme ça à Toulouse. Ça a été dur au départ mais elles suivent. Cette année, la nouveauté est l'arrivée de partenaires privés et de mécénats. C'est important car sans ça on ne peut pas le faire. C'est aussi dans la logique, pour ces partenaires privés, de rechercher de la visibilité et de s’associer à ce genre de manifestation. C'est une bonne chose pour l'avenir. Il y a eu un gros travail là-dessus pour un futur plus sérieux encore.

 

Qu’est ce qu’on attend au Bikini dans les mois qui arrivent ?

Oui, il y a les 30 ans du Bikini avec des soirées assez formidables. Et de très bons concerts avant l’été comme Cocorosie, Band of Horses, Tame Impala…avec peut-être d'autres surprises d'ici peu. Et on continue de préparer la rentrée …Une programmation assez impressionnante arrive.

 

Enfin, qu'est ce qu'on peut souhaiter au festival ?

Qui ne pleuve pas et que les gens ne soient pas déçu par l'annulation de Rodriguez. Car cette année on a une belle programmation. Et, qu’il y ait toujours autant de toulousains au rendez-vous.