A l'occasion de la sortie de son nouvel album, Ariane Moffatt sera sur la scène de la Dynamo de Toulouse. Rencontre avec la québécoise à la veille de son passage.
Ariane Moffatt est une aventurière. La carrière exceptionnelle de l'auteur-compositeur-interprète est marquée par une curiosité contagieuse, sonore, musicale et émotionnelle. En l'espace de 10 ans, elle a sorti 4 albums dont le dernier MA est une réussite totale. Entre mélodie pop, électro et ballade. Le tout en anglais et français. Ariane s'est donnée le temps tout en gardant le fil de sa musique. A l'image de son album, très personnel et ambitieux, la chanteuse évoque sa génèse. Rencontre.
Comment te sens-tu à la veille de ta dernière date française à Toulouse ?
C’est une tournée particulière puisqu’elle fait suite à la sortie de l’album MA. Elle me permet de faire pas mal de presse. C’est surtout mes retrouvailles avec le public français. J’ai pas mal tourné dans les temps passés, les retrouvailles m’apportent énormément. Puis, un nouvel album marque une nouvelle histoire. Actuellement, je suis dans une belle phase.
Comment se passe d’ailleurs l’accueil de ce nouvel album ?
Très bien. En même temps, c’est un album où je me laisse aller. Où je me risque aux deux langues. Il y avait de l’appréhension avant de le présenter. Il est sorti en février au Canada, et il y a quelques semaines en France. Mes fans se l’ont déjà procuré : un bon signe. Il représente tellement mon état d’esprit de travail. J'apprends, je m'amuse, je me libère. C'est très important dans celui là. MA marque surtout une liberté que j’aime dans la musique. Les retours du public vont dans ce sens.
Tu parles des deux langues, l’anglais et le français, que tu utilises dans l’album. C’était un choix logique de varier les deux dans MA ?
Avant cet album, je sortais d’un projet de reprises où je reprenais des grands classiques. C’était comme une carte de visite pour moi. J’ai rebondi sur l’idée pour chanter en anglais. Au Québec, le français est très protégé : on fait tout pour le conserver dans sa forme la plus soutenue. Je ne veux pas faire de politique, j’assume le fait de chanter en anglais. Le côté bilingue, par ailleurs, me permet d’être une ambassadrice de cette langue dans les autres pays.
En France, on s’est habitué aux groupes qui chantent dans la langue des Rolling Stones !
Oui, ça m’a étonné lorsque j’ai été nominée aux Victoires de la Musique. J’étais la seule artiste à chanter en français. En France, plus personne n’est choqué : c’est une bonne chose. Même si certains devraient améliorer leur accent (rire).
Revenons sur l’album : Pourquoi avoir choisi de le nommer MA ? Et qu’est-ce que ça signifie ?
MA est une inspiration d’un concept japonais que j’ai découvert en lisant un article dans Courrier International. Ce terme évoque l’espace-temps, entre deux silences, un espace inoccupé. Il revient souvent pour évoquer quelque chose de contemplatif. J’ai beaucoup voyagé pendant la création de cet album, j’ai été un peu au ralentit : entre deux temps. Puis, c’est une syllabe anglaise comme française pour marquer la tonalité de l’album, sans oublier que ce sont aussi mes initiales. Quelque chose de court qu’on peut greffer à un album. Et, graphiquement il y a un truc… Le tout se goupille parfaitement.
Ton dernier album date de 2009. Que s’est-il passé entre temps ? Quel regard portes-tu sur ce laps de temps ?
Ce qui a changé est ma façon de voir mon métier. J’ai pu me recentrer sur le côté artisanal de mon travail : revenir à la base. J’ai tout fait dans un esprit de liberté totale en partant dans tous les sens aussi. J’avais un besoin d’être très libre, de tout maitriser pour offrir quelque chose de très personnel. Je n’aurais pas osé avant.
On retient surtout de toi le succès de « Je veux tout »…Avais-tu besoin d’autre chose ?
C’est vrai. Mais ce n’est pas un succès. On associe toujours un succès avec son auteur. « Je veux tout » a énormément tourné en radio mais elle m’a dépassé. On ne m’associe pas à elle. Elle m’a permis aussi de rester en cohésion avec la musique. Je ne suis pas la femme d’un succès, je suis autre. C’est en ça que j’ai changé aussi.
Comment as-tu procédé pour l’écriture de MA ?
Voilà un autre point de mon évolution des dernières années. Pour la première fois, j’écris les textes sur la musique. Trouver le ton puis j’apporte les textes. Il y a quelque chose dans le processus d’un peu plus automatique aussi. Dans le sens où la première phrase ne voulait pas dire quelque chose, je brodais autour par la suite. Avant, je me questionnais autour de quelques mots, quelques phrases. Je suis devenue plus spontané.
C’est une écriture très pop. Très anglo-saxonne.
C’est vrai, très Beatles. Je me disais, pourquoi ne pas faire ça avec cette mélodie. Un nouveau challenge s’impose à moi. L’instinct a été une force salvatrice pour MA. Ce qui est intéressant avec les interviews, c’est qu’on comprend un peu mieux sa démarche en l’évoquant. Il n’y a pas forcément de méthode, mais en y réfléchissant tout semble un peu plus logique.
Si j’ai bien compris aussi, tu as beaucoup voyagé avant d’écrire MA. L’inspiration est venue de là ?
Un peu, oui. De chaque voyage j’ai ramené quelques choses : des mélodies, des influences…Des contrastes assez marquants ont construit cet album. En un an et demi, beaucoup d’inspiration s’est invité à moi. Pour autant, il reste très simple avec du corps, des réflexions primaires et très ancré dans la réalité. Un album physique.
Musicalement, MA est extrêmement travaillé aussi.
Je voulais mettre en avant le son. Penser ma musique avec une instrumentalisation forte. Je pense souvent à LCD Soundsytem. Ils font des chansons avec un ou deux mots sur plusieurs temps. Ça reste des chansons pour autant. Il y a une cohabitation entre le son et les paroles. Il ne faut pas être bavard pour faire une belle chanson. L’émotion reste la clé.
D’ailleurs, quels sont tes derniers coups de cœurs musicaux ?
Le dernier Santigold. Sinon, j’aime bien la pop super bobo de Foster the People ou encore Miike Snow.
Des références très anglo-saxonnes…
Il y a beaucoup de bonnes musiques en France aussi. Surtout sur la nouvelle scène. Je pense à Mathieu Bogaerts, Camille ou Keren Ann. J’admire sa liberté, sa démarche de s’auto produire comme dans les méthodes qu’elle se donne pour y arriver.
Enfin, mardi tu seras à Toulouse. Quelques mots sur la ville et sur la scène en général ?
J’aime la scène. Le travail est plus intense, plus physique. Le partage me provoque beaucoup de jouissance. Plus c’est collectif, plus il y a de l’énergie. Et puis, je crois que c’est ma première fois à Toulouse, ou peut-être la deuxième après la première partie de M au Zénith. Même si je crois que c’était à Marseille. Il me tarde de découvrir la Dynamo, une belle petite salle à ce que l’on m’a dit.
Tarif Spécial Etudiant : 15 euros au lieu de 20 euros
Réservations au 05 62 73 44 72
Ariane Moffatt à Toulouse
Mardi 5 juin à 20h30 à la Dynamo
Tarif : 20 euros