dimanche , 19 mai 2024

Cinéma : L’Ordre et la Morale, une oeuvre rageuse signée Mathieu Kassovitz

 

Ce mercredi, jour des sorties cinéma, on retrouvera le nouveau film de Mathieu Kassovitz "L'ordre et la morale", une oeuvre rageuse et engagée : Explication.
 
Quatre ans après le piètre Babylon A.D, Mathieu Kassovitz retrouve la rage de ses débuts avec l'Ordre et la Morale. Au cinéma dès mercredi, le film revient sur les événements de 1988 à Ouvéa. Une oeuvre dense, intense et engagée sur un fait de notre histoire contemporaine trop souvent zappé. Bref, Kassovitz retrouve le souffle de sa jeunesse créant passion et polémique autour de son film. 
 
L'odre et la Morale, une longue gestation
La génèse de l'Ordre et la Morale remonte à une décennie. Le temps de murir et de tenter de trouver les ressources pour le produire. L'audace du scénario gangrène le cerveau de Mathieu Kassovitz depuis la lecture d'un ouvrage retraçant les événements d'Ouvéa. "Il y a treize ans, mon père m’a donné à lire le livre « Enquête sur Ouvéa », qui racontait, minute par minute, les évènements d’Ouvéa. J’avais bien sûr quelques souvenirs –
j’avais 18 ans à l’époque", rapporte Mathieu Kassovitz." Je me souvenais de ce que l’on avait dit à la télé, que les Kanaks avaient massacré des gendarmes à la machette avant d’en prendre d’autres en otage, qu’il y avait eu des décapitations, des viols… Je me rappelais de ce qu’avait dit Chirac, premier ministre à l’époque, que c’étaient des êtres humains qui ne méritaient pas d’être traités comme tels…" se souvient alors le réalisateur de La Haine. Autre oeuvre engagée de 1995.
 
Le Capitaine Legorjus, clé de voûte du film
L'Ordre et la Moral s'incarne donc de façon épidermique chez le réalisateur. Pour autant, il lui faut un angle d'attaque. Mathieu Kassovitz l'explique parfaitement. "Dans ce livre, j’ai découvert une toute autre histoire. C’était le compte rendu d’une enquête qui affirmait qu’il y avait eu maltraitance, que des exactions avaient été commises qui avaient conduit à la mort de dix-neuf Kanaks. Ce livre qui racontait ces dix jours d’avril/mai 1988 était un véritable scénario." Il prend alors le parti d'un officier du GIGN. " Tout au long de cette incroyable histoire, un personnage revenait sans cesse, était présent à tous les niveaux : le capitaine Philippe Legorjus, officier du GIGN envoyé sur place pour négocier avec les preneurs d’otage et qui s’est retrouvé pris dans les filets des militaires et des politiques."
 
Le Capitaine Legorjus est d'ailleurs interprété par Mathieu Kassovitz. Un détail qui a fait son chemin au fil de la production." J’ai d’abord cherché des acteurs mais je me suis vite rendu compte que cela allait être long et compliqué de faire le film. On ne cessait de passer du « Oui on peut le faire» au «Non, on ne peut pas le faire ». Je ne pouvais donc pas bloquer un acteur sans être sûr de tourner au final et du coup remettre en jeu à chaque fois le financement du film. Mais surtout, très rapidement, j’ai réalisé que, vis-à-vis de mes interlocuteurs, c’était la meilleure preuve de mon implication totale dans le projet", soutient le réalisateur et acteur du métrage.
 
 
Un film sur les Kanaks à travers le regard d'un métropolitain semblait alors un risque. Un risque dont se défend Mathieu Kassovitz. " Parce qu’il est le fil rouge de toute cette affaire. Parce qu’il a vécu humainement quelque chose de difficile, de surprenant, d’intense."    En plus, cette vision était pour lui assez facile sinon à défendre en tout cas à expliquer : " je ne suis pas kanak, je ne suis pas là pour défendre la cause kanak mais pour exprimer cette vision compréhensible par un grand nombre de spectateurs".
 
L'ordre et la morale tourne autour d'un axe fort : la relation entre l'officier du GIGN et un leader indépendantiste. Mathieu Kassovitz l'explique comme " la rencontre de deux personnalités qui se comprennent tout de suite. Ils ont tous les deux les mêmes ambitions et les mêmes besoins de justice ".
 
Un film engagé
L'ordre et la morale est au final un film engagé après quelques années d'oeuvres plus ou moins fortes."Ce n’est pas que cela m’a manqué puisque ça fait dix ans que je travaille sur ce projet ! Si tout s’était passé comme je le voulais, j’aurais réalisé ce film en 2004 ! Mais quand le projet s’est arrêté, il a fallu que je trouve un film à faire. Je suis d’abord tombé sur GOTHIKA, puis sur BABYLON A.D. que j’ai mis cinq ans à monter… Et puis, on m’a proposé de beaux rôles en tant qu’acteur, dans AMEN ou dans MUNICH – qui sont d’ailleurs aussi des films engagés".
 
Bref, il y a dans l'Ordre et la Moral un souffle, une puissance dans la mise en scène, un sens du cinéma que l’on est content de voir retrouver. Il y a aussi des trouvailles purement cinématographiques dont Mathieu Kassovitz s'était passé depuis Les Rivières Pourpres. Il y a 10 ans tout de même.
 
L'Ordre et la Moral
Un film de et avec Mathieu Kassovitz
Avec Iabe Lapacas, Malik Zidi, Philippe Torreton, Sylvie Testyd, Daniel Martin…
Au cinéma le 16 novembre
 

Bande-annonce de L'Ordre et la Morale  :

Aller plus loin…
Cinéma Toulouse
 

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