vendredi , 4 avril 2025

Toulouse – Interview : Bertrand Belin, « j’essaie de m’améliorer » !

Ce vendredi 4 décembre, le chanteur Bertrand Belin sera en concert au Metronum Toulouse.  Rencontre avec l'artiste autour de son album « Cap Waller ».

Bertrand Belin est un maître-chanteur et maître-guitariste, qui a fait école et aurait pu déposer des brevets. Il a un style et des obsessions profondes, mais aussi la volonté de rester en mouvement, de ne jamais stagner dans une formule. Cap Waller (son cinquième album), c’est un nouvel horizon pour Bertrand Belin, où il réinvente sa musique en saillies de guitares acérées et sensuelles, brûlantes, lancées comme des éclairs hypnotiques. Cap Waller n’existe sur aucune carte. Mais on peut imaginer que le Breton Belin a longé la côte vers le Sud, jusqu’à une Afrique imaginaire, vers ces confins où le désert rencontre l’Atlantique. Un album doré, solaire, chaloupé, dont les chansons visent la danse et l’amour, la pulsation du pied qui bat le rythme, ou celle du coeur ému.  

Sa venue au Metronum de Toulouse est pour nous l'occasion de revenir sur ce nouvel album.

Un mois après la sortie de l'album, et en plein début de tournée, dans quel état d'esprit êtes vous ?
L'état d'esprit est celui de quelqu'un qui repart en tournée, qui sillonne les routes avec son groupe pour retrouver les gens. Retrouver la scène aussi. C'est une période très excitante que je dévore avec beaucoup d’appétit.

Vous revenez à Toulouse assez souvent. Que représente cette ville pour vous ?
C'est une ville qui à elle seule symbolise le Sud de la France pour nous. On joue très peu dans le Sud, c'est assez rare de franchir la ligne Lyon – La Rochelle. A chaque fois pourtant, on s'installe à Toulouse où il y a un certain rapport de fidélité avec le public.

D'ailleurs quelle est votre relation avec le public ?
Imaginez que je le connais peu. J'ai pas de lien direct, mais j'ai un profond respect pour lui. Le mot public je ne sais pas trop ce que c'est, si ce n'est une masse. Or, je ne vois pas ça comme une masse. Ce sont des sommes de gens plutôt qu'un public. Je m'adresse à eux individuellement et non à une foule.

Vous revenez avec un cinquième album « Cap Waller » que vous avez enregistré à Sheffield comme « Parcs », votre précédent opus. Pourquoi être retourné en Angleterre pour le faire ?
Parce que nous avons fait un excellent travail la première fois lors de l'enregistrement de Parcs. J'avais donc très envie de poursuivre dans la continuité. Puis, la première fois, ce fut assez court puisque j'y suis resté seulement 10 jours : les bandes tournaient encore quand on prenait le taxi pour partir. Donc là, je suis resté trois semaines. Puis j'ai revu des gens avec qui j'ai travaillé dans le plus grand confort. Des liens d'amitié et de respect s'y sont créés, donc forcement, il me paraissait évident de poursuivre. C'est avant tout une aventure humaine. Puis, Sheffield est une ville musicale très dense, qui depuis longtemps vit au rythme des influences. C'est un plus dans la créativité d'un album.

Pourquoi avoir choisi le nom imaginaire de Cap Waller pour cet album ?
C'est un cap imaginaire, quelque chose marquant le passage d'un lieu à un autre, c'est surtout l'idée de passage qui me plaisait. Puis, en regardant les Caps existants, comme le Cap Horn etc.. tous signifiaient déjà quelque chose. Il me fallait un Cap vierge, loin de toute signification. Et donc j'ai utilisé le nom d 'un musicien de Shefflield, Weller.

Est-ce un album marquant un cap pour vous ?
Il me semble plutôt que je suis dans une continuité. Je ne pense pas que ce soit un cap même si je dois reconnaître que j'ai de plus en plus de public.

Vous êtes un esthète des mots. Comment écrivez vous ? Qu'est ce qui nourris votre écriture ?
En vivant, tout simplement. Il n'y a pas grand chose à savoir à ce niveau là. Je suis seulement attentif aux manifestations qui traversent mon esprit. Quand on n'est pas auteur, écrivain ou chanteur, on laisse filer les idées. Moi, j'y prête autant attention, sauf que je peux les coucher sur le papier. J'essaie d'être le plus perméable possible.  Actuellement, ce n'est pas une période d'écriture pour moi. C'est le moment de faire des kilomètres en groupe pour jouer mes morceaux et je me concentre là dessus. Puis c'est la chanson qui impose ses volontés, pas l'auteur. Donc je ne cherche jamais le projet esthétique, il vient de lui même.

En plus de l'écriture, il y a un grand travail sur la musicalité.
Les textes sont toujours très travaillés, et j'apporte toujours le même soin à la musicalité de mes albums. Mais d'un album à l'autre, j'essaie de m'améliorer, de pousser le curseur un peu plus haut. Je remet les choses sur l'établi et je recommence à chaque fois, pour aller plus loin que dans le passé. Là, la musicalité semble prendre le dessus car je pense aussi que c'est l'album le plus accessible. Enfin, qui rapporte le plus grand suffrage. J'y ai mis le plus grand soin, dans les rythmiques d'ailleurs, pour faire le mieux possible. Après, on a toujours tendance à préférer le dernier album. Même si je reconnais que Hypernuit est un disque de grande qualité. La preuve, on continue de jouer de nombreuses chansons en concert de cet album.

Avez vous réécouté ces albums ?.
Je ne réécoute pas les albums précédents. Je l'ai fait une fois, après la sortie de Parcs où j'ai tout réécouté à la suite. Peut être à l'avenir je le referai, mais je ne suis pas du genre à écouter de vieux albums.

Le premier titre présenté est « Folle Folle Folle ». Il semble être le centre de l'album, et pourtant cette chanson a été composée avant l'album « Parcs ». Pourquoi l'avoir intégré que maintenant ?
Elle ne trouvait pas sa place dans le précédent. Elle ne convenait pas dans l'humeur. ça aurait défavorisé la chanson, la désaccorder en quelque sorte. Donc je l'ai prise pour Cap Weller mais pas mon premier choix. En effet, c'est qu'après avoir fait des maquettes, quand j'ai ajouté des rythmiques exotiques, que je trouvais qu'elle avait sa place. Donc je suis allé la chercher pour l'y ajouter. Ça aurait été dommage de passer à côté de cette chanson.

 


Par ses rythmes exotiques, l'album est aussi un album dansant ?
Oui, c'est assurément un album dansant. Sans aucun doute. J'avais envie d'une variété rythmique que je n'avais pas encore cherché précédemment. C'est en rapport à mon appétit du moment que de faire quelque chose de plus dansant.

Vous avez sorti un roman, « Requin », on vous a vu au théâtre. C'est le besoin de s’émanciper de la chanson ?
J'écris des chansons, je ne suis pas un virtuose du saxophone donc les disciplines ne sont pas si étrangère l'une à l'autre. Ça reste une continuité. Là, il s'est trouvé que j'ai pu être publié pour Requin mais ça reste une partie assez naturelle de moi même. Ecrire, aussi bien sur la longueur que pour une chanson est un appétit jamais rassasié. Pour le théâtre, c'est le texte théâtral qui me donne envie de le jouer car je n'ai pas de formation dans ce sens. J'aime la mise en bouche, la sonorité, l'élocution, la diction, la force que peuvent procurer certains textes.

Et, en tant que passionné de cinéma, est ce que le 7e art serait aussi une piste envisageable dans votre carrière ?
C'est un peu paradoxal, mais même si j'ai fait quelques collaborations, eu quelques propositions, je ne cours pas après. Je laisse venir à moi. Je crois aux rencontres opérantes, car c'est le réalisateur qui va vers les acteurs. Qui sait ce qui est bon ou pas pour son long métrage. Je suis prêt à écouter tous les projets sans problème. Mais je reste un passionné de cinéma, la salle de cinéma.

Cela fait dix ans depuis le premier album. Quel regard portez vous sur votre parcours ?
Je ne regarde pas en arrière, mais j'ai conscience du parcours. Pour le coup, je me dis que tout cela est passé très vite, trop vite. Je suis plus connu mais j'ai toujours l'ambition de ne pas devenir une vedette, rester fidèle à ce que je suis et à ce que je propose. Malgré les années, je reste fidèle aussi aux gens avec qui je travaille comme les musiciens, les collaborations passées. Puis, je voyage dans de bonnes conditions en faisant ce qui me plaît. Je l'ai souhaité. J'ai persévéré. Aujourd'hui je me rend compte de la chance et j'ai énormément de gratitude … je pense à tout ça !

Que vous souhaiter ?
Que ça dure !

Bertrand Belin en concert
Vendredi 4 décembre au Metronum Toulouse
> Réservations : www.bleucitron.net

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