Ce vendredi soir, pour les 4 ans du Metronum de Toulouse, Theo Lawrence & The Hearts présenteront un nouveau live en attendant la sortie de l’album « Homemade Lemonade » le 9 mars prochain. Conversation créatrice avec Theo Lawrence.
En quelques années, puisant ses influences dans la musique américaine comme chez Willie Nelson, Neil Young, le jazz, le blues, la soul ou le rock et en faisant une musique que ne renierait pas Alex Turner et sa bande, Theo Lawrence construit un parcours fait de sincérité loin des modèles classiques de la musique actuelle. Pas si loin n’ont plus tant sa musique est contemporaine, et nous glisse des mots dans les oreilles pour nous toucher directement sans préambule.
Le 9 mars, Theo Lawrence & The Hearts nous livreront leur premier album « Homemade Lemonade ». En attendant de le découvrir, discussion autour de sa création, du live et d’un futur qui s’annonce chantant pour la bande !
Tu seras en live vendredi soir au Metronum de Toulouse, à quelques semaines de la sortie du premier album de Theo Lawrence & the Hearts. Dans quel état d’esprit es-tu ?
On présente un tout nouveau concert, un concert d’un format plus long. Avant, on ouvrait pour des groupes, et donc, on possédait un set plus court. Là, il y aura beaucoup de nouvelles chansons issues de notre premier album. Ce sera un live assez frais pour le public et pour nous. Et puis c’est la première date qu’on fait à Toulouse dans notre carrière. Le Metronum a une bonne réputation. L’excitation est donc le sentiment du moment quand je pense à cette date.
Et concernant l’album qui sortira le 9 mars prochain, « Homemade Lemonade », tu ressens de l’inquiétude, du stress, de l’excitation ?
Ça fait déjà un bon moment qu’on est prêt, qu’on patiente. L’enregistrement est terminé depuis juin 2017. Depuis, on a avancé pas mal sur d’autres choses, comme le live. C’est très important pour nous qu’il sorte enfin. En concert, quand les gens connaissent les chansons, il y a une autre énergie. Ils sont plus réceptifs. Jusque-là, les spectateurs ne nous connaissaient que très peu, notre public n’était pas acquis, l’énergie était différente. Mais on ressent aujourd’hui quelque chose de nouveau, on vient un peu plus pour nous qu’au début. C’est que les prémisses de la suite.
D’ailleurs, que représente la scène représente pour vous ?
Pendant longtemps, on ne passait pas de bons moments sur scène. On était dans une approche très traditionnelle du live. Puis, au bout d’un moment, on y a pris du plaisir, on a su s’amuser sur scène. Et aujourd’hui, on adore ça. Il y a eu de gros changements en un an dans notre façon de jouer ou d’appréhender le live. On est plus dans l’énergie, dans l’électrique ou dans l’échange. On a appris à échanger ensemble et à augmenter notre niveau de jeu au fur et à mesure d’un concert. C’est mieux à regarder et à écouter.
Est-ce qu’à l’écriture d’un morceau vous pensez à ce que cela va rendre en live ?
On ne pense pas du tout au live. D’où le temps d’adaptation. On se focalise uniquement sur le studio. Lors de l’enregistrement ou de la création, on s’implique plus et on se concentre uniquement là-dessus. On cherche la chanson parfaite, celle qui nous semble parfaite à nous, et on travaille les arrangements, les textes, les compos. A ce jour, on a rarement pensé à la scène lors de ce travail en studio. Plus tard, on repense les morceaux. On relance les dés sur scène pour ne pas fournir quelque chose de réchauffé. Il faut qu’on se surprenne, qu’il y est un dialogue entre les musiciens de la formation.
Comment se passe le processus créatif ? Qui amène quoi ?
Moi, j’écris à la guitare ou au piano. J’arrive avec quelque chose de plus ou moins fini parfois dans le désordre. En gros, j’ai le squelette de la chanson. Après, on se retrouve pour les arrangements, pour l’habillage du titre avec les influences de chacun. Au départ, les chansons sont écrites de façon très folk, et c’ est l’arrangement qui leur permet de prendre une plus grande force. Du brut, on passe à quelque chose de soul ou blues. Il est possible aussi qu’un titre arrive lors d’une session de groupe, mais c’est 5% des morceaux. Je crois que Shangai Lady est parti d’un riff de guitare autour duquel on a improvisé. Elle est née en 10 min et finie en 10 min. On l’a gardé pendant deux ans et demi avant d’apparaitre sur l’album.
Parlons de l’album prévu pour le 9 mars prochain. On y retrouve de vieilles chansons du groupe mais aussi des titres très récents. Quel est la proportion entre les différentes périodes du groupe ?
C’est assez simple. Dans l’album, il y a 4/5 chansons qui datent de la première période du groupe. « Count me in Tomorrow » était là avant le groupe aussi. « Chew me up » est un morceau qu’on joue dans nos concerts mais qu’on avait jamais enregistré jusque-là. Les six autres morceaux ont été construits avant d’entrée en studio.
La session d’enregistrement a été assez courte, et j’ai pu lire que vous vous êtes isolés pour celle-ci.
En effet, on a passé deux semaines dans les studios Blackbox d’Angers.On a dormi sur place, et il n’y avait rien à faire autour si ce n’est de faire de la musique : On est resté Focus sur notre travail. On a mangé, respiré et dormi musique pendant les deux semaines de travail avec Peter Deimel, directeur de ce beau studio à la campagne.
https://youtu.be/ddrimM8PL3w
L’album s’intitule « Homemade Lemonade ». Un nom que tu aurais en tête depuis tes 14 ans. Est-ce vrai ?
Je pense que je devais avoir 14 ou 15 ans. Le nom tournait dans ma tête quand je rêvais de réaliser un premier album. Le nom me semblait cool. Au moment de faire un album, on a beaucoup réfléchis et je me disais : qu’est ce qui ferait plaisir au moi d’il y a 10 ans. Et puisque je suis fidèle à mes premiers gouts, et à mes premières idées, sans compter qu’on n’a jamais trouvé mieux, on est resté sur Homemade Lemonade.
Tu dis être fidèle à celui d’il y a 10 ans. En quoi la musique a évolué malgré tout ?
Cela a beaucoup évolué. Je suis moins immature. J’ai eu accès à plusieurs sons grâce à internet. On fait partie d’une génération qui a pu écouter de nombreuses musiques dans différents styles. On ne fait pas de la musique pour plaire aux gens. Il faut qu’on soit fier de ce que nous faisons, nous sommes notre premier public. Etre fidèle à soi, à ses gouts. Nous n’essayons pas de contenter le public, mais on espère que notre démarche notre façon de faire de la musique, et donc notre musique, plaira. On ne s’inscrit pas dans un registre à la mode, et cela nous va parfaitement.
Et côtés influences, on retrouve quoi ?
Forcément dans nos goûts, et je parle d’abord en mon nom, il y a de la musique commercial qu’elle soit pop ou pas. Mais, on a tous des goûts différents. Perso, je suis quelqu’un d’assez ouvert musicalement, même si je suis branché par la musique du Sud-Est des Etats-Unis. Il y a dans cette région énormément de styles différents comme le Blugrass, le blues, le jazz, le blues acoustique du Mississipi, la soul de Memphis et tant d’autres.
La question récurrente quand un groupe français chante en anglais, est de savoir pourquoi le choix de cette langue ?
Il n’y a eu aucune réflexion à ce sujet ou si c’était à la mode. J’écris depuis l’âge de 11 ans et ce fut toujours le cas : j’ai toujours voulu écrire dans cette langue. Il y a une progression dans les chansons en anglais que je ne trouve pas, personnellement, dans le français. Il y a beaucoup moins de distance aussi quand c’est ta langue maternelle. Il y a une inconscience dans l’écriture en anglais que je n’aurais pas en français. Je peux me permettre de faire du storytelling, je peux faire que tout le monde s’approprie la chanson alors qu’en français cela semblerait plus autobiographique. Certes, il y a une part de vécu, mais je travaille autour pour écrire des textes touchants et qui parlent au public !
Pour revenir à l’album, comment le décrirais-tu ?
Je dirais qu’il n’est pas dans la tendance actuelle. Beaucoup de groupes essayent de plaire au plus grand nombre. Nous, on est heureux de faire ce qu’on sait faire avec notre cœur avant tout. Et cela influe sur le résultat car il ne ressemble à rien d’autre actuellement. On ne fait pas parti d’une scène musicale, on ne partage pas les mêmes gènes avec d’autres groupes. On a amené à une musique notre style, le style d’une époque. Comme par exemple les samples Hip Hop dans « Sucker for love ». Et dans le même album, on peut retrouver une ballade comme « Count me in tomorrow ». Bref, on fait ce qu’on aime, en puisant dans notre époque et sans se soucier de la mode.
Enfin quel est le programme des prochains mois ?
Déjà, la sortie de l’album. Puis on prépare les dates des festivals même si je ne suis pas trop au courant pour l’instant. On débute une vraie grande tournée en mars pour continuer en avril et mai. Et Toulouse est notre seul date, donc c’est le moment de venir nous voir. Puis notre album va sortir un peu partout, c’est-à-dire dans d’autres pays comme la Belgique, l’Allemagne , les Pays Bas, les Etats Unis et le Canada. Et on compte y tourner un peu comme ce qu’on a fait avant.
Et le deuxième album ?
Le deuxième est quasi fini ! J’écris le plus souvent possible même si ce n’est que dix minutes. Là, on a déjà 10 titres prêts à être enregistrés. Pour le prochain, on le fera d’une autre façon dans notre Home Studio qu’on commence à créer petit à petit. On est toujours focalisé sur la suite. Notre passion première, et pourquoi le groupe est né, c’est d’enregistrer énormément de musiques. On n’a pas besoin de la tournée comme prétexte à un album. On pense d’abord à produire de la musique.