dimanche , 27 juillet 2025

Interview : Odezenne, un OVNI à Toulouse

Odezenne est un véritable ovni sur la scène musicale actuelle. Leur musique, tantôt hip hop, tantôt jazzy, fait aussi parfois le grand écart entre l'électro et la chanson française. Rencontre avec Merlin avec leur passage mercredi au Connexion Live de Toulouse.

O2ZEN se rebaptise et s'affranchit de son vrai nom pour ne plus s'écorcher dans la bouche des gens. Ce sera ODEZENNE pour tous maintenant. L'an dernier, on avait rencontré le groupe avant son passage à Garorock. Un an après, les revoilà en concert à Toulouse au connexion Live. Retour sur notre rencontre avec Merlin.

Peux-tu présenter le groupe à nos lecteurs ?

On s'est rencontré avec Al, l'un des MC au collège où nous avions une proviseure terrible dont le nom était Mme Odezenne. Et qui a donc inspiré le nom du groupe. On a commencé ensuite à faire de la musique de minots. Al m’a demandé de lui faire quelques prods : on a commencé par faire 2-3 morceaux. Jacko, l'autre MC, connaissait Pris-K, danseuse chanteuse qui a intégré le groupe. Loodez, le DJ, s'est greffé ensuite. C’est une aventure collective à cinq depuis 5-6 ans.

On a souvent du mal à classer votre musique dans un style précis. Vous considérez vous comme un groupe de Rap ?
C'est une question qu'on nous pose souvent. On y a beaucoup réfléchi en studio, surtout lors de la production du deuxième album. Sur le premier, ça sonnait bien rap jazzy. Pour le deuxième, c'est moins évident car sur certains morceaux, on entre plus dans le registre de la chanson française, notamment avec les textes sociétaux des MC. On nous dit souvent qu'on est le renouveau du rap français. Je préfère dire qu'on essaie plutôt de se sauver du rap français.

Vous ne vous reconnaissez pas dans le rap français aujourd'hui ?
Dans la scène actuelle, on est assez proche des 1995 qui font un petit retour en arrière dans un style un peu old school. A part ça, on a des prods un peu plus électro donc on ne se reconnaît pas vraiment dans la scène rap actuelle. On est plus un groupe de musique sans étiquette. On est aussi souvent en plateaux avec d'autres groupes hip hop. On est entre plusieurs univers.

Vos instrumentations sont un peu inhabituelles dans le milieu du hip hop. C'est compliqué pour les MC de composer dessus ?
Ils sont contents quand ils font du freestyle parce que ce ne sont pas mes prods (rires). Je suis un peu torturé aussi donc c'est pas facile de poser sur mes prods. Mais j'essaie de suivre leurs propos et de faire en sorte que ça évolue. Ça fait du coup un album chargé qu'on a eu du mal à rendre comestible. Quand les MC ont posé leurs textes, j'ai ajouté quelques trucs et continué à faire évoluer les prods. C'est jamais figé.

Tu es guitariste de formation. Pas courant dans un groupe de rap …
Le rap ça me plaisait pas trop à la base. Et comme il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, j'ai donc commencé à faire des prods, plutôt mauvaises. Mais au bout de 5 ans de boulot je commence à être à peu près content de ce que je fais.

C'était compliqué pour vous de commercialiser votre disque en étant auto produit ?
Ça a été dur mais au final on est content puisque l'album se vend plutôt bien. Quand on s'est présenté à la Fnac de Paris pour proposer notre disque, ils nous ont dit « non c'est pas vraiment pour nous ». Du coup notre distributeur a toqué à toutes les Fnac et Virgin de France, ça n'a pas été évident. Heureusement ça a souvent été le coup de cœur des vendeurs donc on a fini par arriver dans le paysage des Fnacs.

Votre dernier album est encensé par la critique. On vous considère souvent comme un des meilleurs groupes de rap français actuel. Cela vous inspire quoi ?
Ouais des gens comme France Inter ou France Culture s'intéressent à nous. On a un des plus gros dossiers de presse de groupes indépendants. On espérait ça quelque part mais on a été vachement étonné de cet accueil positif. Au bout d'un an de studio tu n'en peux plus de ton album donc on se disait « mais qui a envie d'écouter ça, les gens n'en ont rien à foutre ». Au final on s'est bien trompé puisqu'on a eu un super accueil.

Vous aviez des doutes lors de la sortie de l'album ?
Oui on a eu des doutes, on a refait 3 fois le mastering. On s'est mis à douter. Même si on savait quand même qu'on avait fait un truc pas trop naze.

Vous avez changé de nom (O2zen puis Odezenne aujourd'hui). Ça correspond à une évolution de votre musique ?
On a eu envie de revenir sur l'écriture littéraire du mot. Quand on a commencé on était jeune et con, on s'est dit que c'était bien de mettre un 2 pour faire la vanne. Mais ça nous a soulés un peu et ça portait à confusion ce 2. Dans le deuxième album on est un peu moins ados donc c'était le moment de changer. Surtout que j'aime pas les groupes à jeux de mots.

Un slameur, un musicien, une danseuse, des MC. C'est cette diversité qui fait votre force ?
C'est assez atypique c'est vrai. On a surtout l'impression de s'amuser même si on travaille énormément. On essaie surtout de se faire plaisir. On essaye d'aimer ce qu'on fait et il se trouve que des gens se retrouvent dedans donc on est content. Le but c'est de faire un truc qui nous plait et qui sonne forcément un peu différent. On ne tient pas compte de la mouvance.

Un petit mot sur votre avenir ?
On enchaine pas mal de dates jusqu'au mois d'août. On a déjà commencé à préparer le prochain album. On repartira fin septembre pour une tournée. L'objectif sera de jouer les nouveaux morceaux sur scène avant de les retrouver sur CD. Ensuite on va essayer de sortir le 3eme album en septembre 2013.

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