L'ex membre de Dolly, Manu, débarque à la Dynamo de Toulouse le 16 mai. A cette occasion, nous l'avons rencontrée.
Emmanuelle Monet, “Manu”, c’est avant tout l’ex-chanteuse du groupe culte Dolly, un groupe largement présent dans la petite galaxie du rock français des années 1990, un groupe ayant à son actif quatre albums vendus à plus de 370 000 exemplaires et qui après dix ans de succès (on se rappelle tous de leur plus gros tube sorti en 1997 « Je n' veux pas rester sage ») s’est tragiquement interrompu par la mort du bassiste Micka en Mai 2005. En 2008, Manu revient en solo cette fois avec un joli succès. La revoilà donc maintenant avec un deuxième opus, "La Dernière Etoile".
Avant son passage par Toulouse, nous l'avons rencontrée. Elle nous raconte son histoire en groupe et en solo ainsi que la construction de son deuxième album.
Comment se passe cette tournée ?
La tournée se passe très bien. Ça fait du bien de se retrouver sur les routes. On revoit des têtes, on en voit des nouvelles. Je suis dans une bonne période-là, c’est un bonheur total.
La scène a toujours eu une connotation particulière pour toi, non ?
Tout à fait ! C’est par là que j’ai commencé. Jusqu’alors, les albums studios étaient un prétexte pour prendre la route. Désormais, je prends aussi du plaisir en studio, mais prendre la route, être sur scène, c’est là où je suis la plus à l’aise. En même temps, la scène fait partie de ma vie. J’ai commencé par des café-concerts, des petits clubs : ce furent des étapes importantes. L’envie quand on fait de la musique, c’est de la partager. C’est vrai que composer chez soi, tout seul ou avec les autres, et rentrer en studio, c’est bien . Mais le partage reste la pierre angulaire de notre musique.
Et le fait de partir en solo, enfin avec un projet solo, c’est une mise à nu supplémentaire.
C’est différent ! Ce n’est plus la même approche du coup. Un peu moins confortable, car on a une pression sur les épaules qu’on n’a pas lorsqu'on est en groupe. Il y a des avantages et des inconvénients. C’est ce qu’apporte un projet solo aussi, on peut imposer des sujets et des propos, et une musique plus personnelle. Il n y a pas de concession à faire.
En 2008, tu sors ton premier album solo. Ce fut difficile de franchir le pas après la carrière de groupe ?
Ça s’est passé assez naturellement pour ma part. Je ne savais pas si j’allais repartir de suite. Dans mon idée, si je repartais c’était uniquement en groupe…Puis, comme j’ai écrit sans objectif pendant deux ans, comme une thérapie, et que les propos étaient tellement personnels, je ne pouvais partir que sur un projet solo. Après, tout s’enchaîne. On a bien tourné avec le premier album, et même si je n’avais pas l’intention d’en faire un second, il est venu naturellement. Je n’avais pas envie de m’arrêter là. Je me suis prise au jeu…
Quelle est la différence entre la Manu de Dolly et la Manu en solo ?
Il y a déjà des années en plus….Déjà, j’ai pu incorporer des données en plus, que je n’aurais pas pu proposer avec Dolly. Comme la folk, les textes perso…En groupe, il fallait que tout soit validé par tout le monde. Donc il y a parfois des thèmes qui ne plaisent pas, ou sont trop personnels. Je pense aussi que je m’améliore dans l’écriture. Puis, je continue de travailler avec Nikko, qui reste mon binôme musical. C’est assez rassurant de lui confier les arrangements. Ou encore de co-composer la musique avec lui. Je me sens moins seule au final.
D’ailleurs, sur cet album, tu as travaillé vraiment seule. Plus que sur le premier. Pourquoi ce choix ?
En fait, j’avais déjà travaillé seule pour le premier, mais ce n’était pas voulu car je ne voulais pas faire d’album. Là, je voulais travailler avec Nikko mais il n’était pas là puisqu’il était en tournée avec Eiffel. Il m’a encouragé : « Fais comme pour le premier album, sauf que là, tu vas aller plus loin dans la construction des morceaux ». Je trouvais ça très contraignant, car je ne voulais pas me mettre aux logiciels, que j’utilisais jusqu’alors de manière très simple. Ça m’a plu au final. Des morceaux comme « J’attends l’heure », « Ma dernière étoile », « Le paradis », sont sortis d’une période où je m’isolais pour composer et écrire. Une semaine par ci, une semaine par là. J’ai trouvé ça ludique. Après, j’avançais en me disant que j’avais l’oreille de Nikko. Une épaule rassurante. Je savais très bien qu’il était derrière pour arranger, sublimer mes sons…et qu’il trouverait un fil conducteur dans la création de cet album. Il a très bien travaillé.
Comment se passe le processus créatif d’ailleurs ?
Là, ce fut assez différent. Je ne savais pas si deuxième album il y aurait, c’est que je n’avais pas de déclic au niveau des textes. C’est-à-dire, autant je m’amusais avec la musique, autant l’écriture me fuyait. Il faut un déclic, on a peur de se répéter, on se pose pleins de questions…donc ce fut assez difficile. Enfin, je me suis tournée vers l’extérieur. Je prenais beaucoup de notes. J’observais des situations, des gens…je me mettais dans leur tête et dans leur vie. Et, ça a fait un déclic. Au niveau de l’écriture, ça m’a fait du bien d’arrêter de me regarder le nombril, et enfin pouvoir parler d’autre chose. Après j’ai pu mettre des textes sur des chansons et des notes que j’avais faits, ou encore j’ai écrit et composé en simultané. Il y a vraiment différentes formules. Il n’y a pas de vérité. En fonctionnement de groupe, c’était toujours la musique qui me donnait des images, des mots, puis j’écrivais les textes. Et, petit à petit, j’essaie d’écrire automatiquement ou même avant. Je trouve ça assez enrichissant !
Un peu plus haut, tu parles d’observation. Avais-tu ce besoin de ne plus écrire de façon nombriliste ?
Ah oui ! Une fois qu’on a réussi à sortir tout ces mots qui font du bien, et qu’on les a partagés, on va mieux, comme dans une thérapie. Tout n’est pas parfait, mais ça libère. Ma seule solution était de regarder les autres. Je pense que je me vois mieux sous le regard des autres. Et surtout, quand on arrête de se regarder.
L’album se nomme « La dernière étoile ». Pourquoi ce titre à l’album ? Et qu’elle est cette dernière étoile ?
D’abord, c’est une chanson que j’affectionne et dont je suis très fière. Ces deux mots évoquent la désillusion et l’espoir. C’est un peu l’état dans lequel j’étais à ce moment-là de l’écriture : est-ce que je continue ou j’arrête ? Et comme l’idée de continuer d’avancer a été la plus forte, je trouvais que ces deux mots allaient très bien ensemble. Pour l’idée de l’album, cela évoque une période de notre vie qu’on vit tous à un moment donné. On est tous un peu dans cet état là, ce qui est cohérent pour l’album.
Avec Dolly, tu as marqué le rock français pendant plusieurs années. Quel regard portes-tu sur la nouvelle scène rock française ?
Je trouve ça génial de voir tous ces jeunes prendre le rock. Même si ils ne chantent pas en français. Je suis plutôt partante pour les découvrir. C’est aussi une histoire de quota pour les radios. Effectivement, on a enfin des bons groupes français qui chantent en anglais parce que les maisons de disques ne voulaient pas produire à mon époque. Depuis quelques années, nous les anciens, on est un peu déconcerté par la façon de faire de la musique aujourd’hui, mais eux, ils doivent fonctionner dans ce nouvel univers. Ils sont plus organisés que nous à l’époque, et ils avancent vite. Grâce à internet, ils ont une culture musicale immédiate. Je rencontre des gamins de 18-20 ans qui ont une culture que je n’avais pas à leur âge. J’avais un grand frère mais eux, ils ont toutes les données grâce à internet. Ça apporte une richesse et des influences fortes dans la musique.
Des coups de cœurs ?
Je sais qu’à Nantes, qu’il y a de jolis groupes. Je sais que la scène rémoise est particulièrement douée. Mon dernier coup de cœur est the Bewitched Hands que je suis allée voir en concert. Il n’avait aucun complexe à avoir avec des groupes anglo-saxons. J’aime des groupes comme eux, où il y a de la mélodie, que ça envoie, mais où il y a de la chanson. Moi ce que j’aime, c’est les mélodies pop qui se mélangent au rock. Après, j’aime bien Granville aussi. C’est décomplexé, ça fait du bien : autant se faire plaisir, et faire fi des modes !
Tu as reçu sur scène Timothée, candidat de la Nouvelle Star 2013. Comment s’est faite la rencontre ?
J’ai reçu un texto m’expliquant qu’un candidat passait le concours avec la chanson « Je ne veux pas rester sage ». Je suis alors allée découvrir la chanson. En me renseignant sur le garçon, j’ai vu qu’il avait un groupe. Et j’ai entendu la version longue de notre chanson. Il n’a pas fait du tout cette chanson par opportunisme. Elle correspondait beaucoup à l’album en cours. Je l’ai contacté par le biais d’Olivier Bas, que je connais et qui faisait partie du jury, et je lui ai dit qu’il m’avait donné envie de refaire cette chanson. Je lui ai donc proposé de venir sur scène avec nous au Divan du Monde le 18 avril dernier. C’était un grand moment d’émotion : je ne pensais pas refaire un jour cette chanson. C’est un très beau souvenir car c’est un garçon charmant. En plus, il a du talent. Et, je pense qu’on sera amené à se revoir.
D’autres chansons de Dolly dans la série de concert dont Toulouse jeudi prochain ?
Pour l’instant, il y a celle-là. Après, selon l’humeur, on en reprendra peut être une autre. Sur la première tournée solo, je voulais faire connaitre la chanson la plus cachée de Dolly qui était un Ghost très bien caché car il était avant le premier morceau. Après le plus caché, je fais le plus connu. Là, j’ai déjà beaucoup de matière avec les deux albums et on n’arrive pas à tout faire malgré les 2h de concert. Donc je pense que la tournée de la rentrée sera différente.
Qu’est-ce qu’évoque Toulouse pour toi ?
D’abord, j’adore Toulouse car j’y ai beaucoup d’amis, et puis c’est très énervant car il fait très beau. Et quand on repart c’est dur. Après, il y a beaucoup de groupe que j’aime comme les Bubblies…et puis, j’ai des souvenirs du Bikini où on a tourné avec Dolly dans l’ancien. Et, j’avais fait l’inauguration du nouveau lieu. Ce fut un lieu assez magique pour moi.
Manu + Camera en concert à Toulouse
LA DYNAMO |TOULOUSE (31)
16 mai 2013 à 20h
16,80€
MANU Clip "Que fais tu ?" Tekini Records (2013) parManuOfficialTv