jeudi , 3 avril 2025

Interview : L’envol de Las Aves

Fini The Dodoz. Place à Las Aves. Nouvelles sonorités. Plus mature. Le groupe d'origine toulousaine nous bluffe avec son premier EP. Rencontre avec Adrien avant leur passage au Weekend des Curiosités.

Derrière ce nom exotique, prompt à tous les voyages, immobiles ou pas, un groupe d’origine Toulousaine. Percussions sauvages, guitares trafiquées, claviers cabossés et refrains fédérateurs fondent les bases d’une musique bricolée de toutes pièces et pourtant révolutionnaire… Las Aves sort ces jours-ci son premier EP, avant un album prévu pour janvier 2016. Las Aves ont tout composé en groupe, ensemble, avec un esprit proche du Do It Yourself. Ils ont appris à laisser cavaler leurs envies, à refuser les dogmes, les raccourcis et les facilités.

Avant leur passage très attendu au Weekend des Curiosités, rencontre avec Adrien pour parler de cette métamorphose.

Retour à Toulouse pour le Weekend des Curiosités. Comment vous sentez-vous ?
Hyper content. Cela faisait un moment qu'on voulait revenir jouer à Toulouse. Puis ce sera la première fois qu'on présentera dans notre ville la nouvelle formule . C'est aussi un grand moment pour nous de retrouver le Bikini et de jouer pour la première fois au Weekend des Curiosités. Il y a une sensation spéciale qui anime notre venue ce jeudi soir.

D'ailleurs quelques mots sur le Weekend des Curiosités ?
Je dois t'avouer que je ne suis jamais venu au Festival. Ceci étant dit, j'en ai beaucoup entendu parler autour de moi. La programmation est souvent super bien avec des trucs assez pointus. On est loin des gros blockbusters estivaux avec les grands noms. Ici, on sent la musique. Ça tient la route, et c'est super bien ficelé.

Tu reviens avec Las Aves, l'évolution de The Dodoz. Y a-t-il une différence scénique entre les deux ?
Il y a des choses qui changent pas mal. Plus de choses sur scène, plus de machines aussi. Nos concerts sont moins linéaires, moins punk, tout en conservant notre côté rock. Mais ce côté là, on a su le canaliser. On alterne plus facilement certains passages. Nos lives sont donc plus nuancés qu'à l'époque de The Dodoz.

On vous a mieux connu sous le nom de The Dodoz, pourquoi cette transformation ?
On fait de la musique depuis 10 ans, c'est quelque chose pour nous de naturel. On était à deux doigts de continuer à enchaîner. Mais on voulait quelque chose de différent. On ne voulait aussi pas perdre l’énergie qu'on possédait. On voulait essayer quelque chose d'autre au lieu d’appliquer une recette. La création est faite de métamorphoses.

Comment est née l'idée de cette transformation ? Et pourquoi changer de nom ?
Ça s'est fait assez naturellement. Pour le deuxième album, on a tourné en Europe de l'Est dans des pays très punks. On était un peu épuisé, on avait besoin de faire autre chose. On est revenu à la création progressivement dans notre Home Studio à Toulouse. On tâtonnait, on composait directement en studio sans avoir aucune arrière pensée. On a procédé par étape, puis après quelques morceaux enregistrés, on a trouvé que notre son était très différent de The Dodoz. Avec ce changement de direction, on ne voulait pas flouer les fans ; il était plus honnête de faire un nouveau projet avec comme objectif de prendre plus de risques. On n'a pas pensé au changement en amont, il s'est fait naturellement.

Il y a eu des doutes pendant cette métamorphose ?
Des doutes ? Pendant qu'on composait, non ! On n'était pas bridé, c'était libre et jouissif. Après coup, tu te dis que tu risques de perdre la moitié des fans par le style. Or, on fait de la musique pour se faire plaisir avant tout. On ne réfléchit pas au public. Ce qu'on est sur, c'est que cela plaira aux gens car c'est un projet honnête. On fait un truc spontané et non réchauffé. Ce n'est jamais agréable le doute, mais on est rassuré par les premiers retours.

D’où vient le nom Las Aves ?
C'est le nom d'une archipel à l'Ouest du Venezuela, et cela veut dire les oiseaux dans un espagnol soutenu. On voulait rester dans le même domaine que The Dodoz. Garder cet esprit là. La sonorité espagnole était très intéressante et rare dans les groupes actuels. Le nom évoque aussi l'exotisme de nos nouvelles sonorités.

Pour Las Aves vous avez fait appel à la moitié de The Do, Dan Lévy. Comment s'est faite la rencontre ? Qu'a-t-il apporté à votre musique ?
On a croisé Dan lors d'un concert à Albi avec The Dodoz. On s'aimait bien et vice versa. Un an plus tard, sur Facebook, on discutait souvent de musique. Quand l'album de Las Aves fut terminé, on ne savait pas quoi en faire. De qui nous sentons nous proche musicalement ? J'ai pensé à The Do ou à Phenix. Les deux groupes les plus exportables. J'ai envoyé des chansons à Dan. Il a aimé et est venu à Toulouse nous voir. On est devenu amis pendant ce jour où on a bu plus de bière que fait de la musique. Vu notre situation, il nous a convaincu de venir à Paris car il a eu pour nous un véritable coup de cœur. Au final, il nous aide à aller au bout. On avait besoin de la patte de Dan. Cette rencontre fut assez décisive.

Puis, il y a eu le changement de label ?
A Toulouse, on ne réfléchissait pas au changement de label. On s'était séparé de Columbia, on finissait l'album de Las Aves. Dan a fait écouter l'album à son label assez naturellement. Et voilà, on s'est engagé avec eux. Rien de particulier de ce côté là en fait !

En attendant l'album, quelques mots sur l'EP. Comment décrirais-tu ce premier opus ?
C'est difficile de parler de l'EP car on est en plein dans l'album là ! Mais c'est une grande étape dans notre musique. Il est aussi très différent de ce que sera l'album au final. Vu nos nouveaux morceaux, c'est un entre deux. Il y a quelques sons qui rappellent un peu les Dodoz dans leur énergie rock. Mais il est aussi très exotique avec une basse et une batterie assez différentes. Je pense aussi que Gasoline est le morceau de cet EP. Le déclic, plutôt. Il y a un avant et un après Gasoline. Avec ce morceau, on a fait quelque chose de plus Hip Hop. On a pu faire des variations dans le tempo et ce fut un déclencheur pour la suite. L'album sera donc plus dans cette veine là.

D'ailleurs l'album est prévu pour quand ?
Il est prévu pour Janvier 2016. On n'est pas prêt pour la rentrée comme initialement prévu. On est trop court. Mais on va quand même tourner entre septembre et janvier pour faire monter la pression autour de la sortie de cet album.

Est-ce que le processus créatif a changé avec le temps ?
En général, on réalise les morceaux à quatre. Ça peut être n'importe qui à la démarche initiale. Chacun amène ce qu'il veut. Celui qui a écrit dirige le reste de la formation. Puis on retravaille à quatre sans aucune règle définie. C'est assez démocratique !

En plus de ce nouveau nom, il y a un visuel fort qui semble se dégager de Las Aves. Une première. Un véritable besoin d'avoir une identité visuelle forte ?
C'était hyper important. On l'avait trop délaissé avec The Dodoz. On voulait rester rock et spontané à l'époque. Là, il nous fallait quelque chose de plus visuel pour coller mieux à notre univers musical. On a réfléchi en terme de logo ; il fallait quelque chose de fort. Un signe de reconnaissance. Créer ainsi une identité au groupe grâce au logo. On a fait donc appel au même mec que pour Major Lazer. Il en est de même pour le clip. On a demandé à un anglais, réalisateur de Metronomy ou Django Django, il a accepté directement. Grâce à la musique, on peut toucher plus de monde et collaborer avec des personnes qu'on ne pensait pas à notre portée.

La scène toulousaine fonctionne bien en citant notamment Kid Wise avec qui vous avez joué à Strasbourg. Il y a une fierté de faire partie de cette famille ?
Oui, plutôt. Kid Wise évolue super bien et c’est assez drôle car on les connaît bien. Quand on était au lycée, le chanteur était notre premier fan. Augustin venait nous voir, regardait notre évolution. Et voilà qu'aujourd'hui c'est lui qui est sur le devant de la scène. Le chemin est dingue. C'est quelque chose d'émouvant et de fou. Mais je citerai aussi Big Flo & Oli qui fonctionnent bien. Il y a un flow, un truc de malade chez eux. Voir ces groupes à Toulouse, cela relève le niveau un peu maussade des dernières années. En plus il y en a pour tout le monde, rock, rap ou electro.

Que penses tu de Las Aves ?
Las Aves, j'adore. On veut faire de la musique idéale pour nous. Faire la musique qu'on veux écouter. On ne pensait pas arriver aussi vite à un tel niveau après The Dodoz.


Las Aves + Husbands + DBFC
Jeudi 28 mai au Bikini
Réservations : www.leweekenddescuriosites.com

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