vendredi , 26 avril 2024

Interview. Caravan Palace, la scène comme théâtre de jeu

Vendredi 19 novembre, le groupe Caravan Palace retrouve la scène du Bikini, près de Toulouse. La virtuosité musicale du groupe, alliée à son énergie et à sa joie de vivre, est évidente lors d’un concert. Rencontre pour évoquer ce retour !

On a attendu. Entre les reports successifs en raison du COVID 19, on patientait dans notre coin avant de découvrir le nouveau show du groupe autour de l’album « Chronologic » (2019) . On y reconnait la virtuosité du groupe et son énergie. Entre deux dates de concerts à l’étranger, le groupe nous accorde un moment pour évoquer ce retour sur scène et cet album. Rencontre avec un membre de Caravan Palace, Arnaud Vial.

De retour sur scène depuis quelques semaines, comment se passe votre rencontre avec le public après un si long temps sans live ?

Ça se passe bien, c’est cool. On a repris la tournée avec nos concerts à nous après quelques dates de festival cet été. On sent que les gens sont excités de retourner voir des concerts, de revivre ça et puis d’être dans la fosse serrés les uns avec les autres. Il y a une véritable communion entre eux et nous. Pour nous, ça fait extrêmement plaisir de transpirer sur scène de nouveau.

Avant de retrouver le public, avez-vous eu de l’appréhension après une période sans concerts?

Oui, toujours un peu. On se dit qu’on va être un peu rouillé, qu’on va moins bien jouer que lorsqu’on a un bon rythme avec une avalanche de concerts.  En fait ça se passe plutôt bien. C’est toujours un peu stressant, mais on a quand même fait beaucoup de concerts dans notre vie donc ça va, on gère (rires).

Depuis le premier en 2007, il y en a eu des concerts. Comment jugez-vous l’évolution ?

Il y a quand même moins de stress, mais après ça dépend. Ça dépend des nouveaux morceaux, des nouvelles mises en place, des nouveaux éléments dans le show. Dès qu’il y a un peu de risques, forcément il y a un peu de stress, mais sinon, c’est sûr qu’il y a les morceaux qu’on joue depuis très longtemps dont on sait que ça fonctionne plutôt bien.

Ce vendredi 19 novembre, vous serez enfin au Bikini, près de Toulouse pour y présenter un nouvel album. Que représente pour vous cette date ?

Le Bikini, c’est particulier parce que c’est vraiment une salle qui a une notoriété en France, tous les musiciens la connaissent. C’est une salle où on est vraiment très bien reçus, je crois que celui qui tient Le Bikini est restaurateur et donc à chaque fois, c’est un vrai festin. C’est toujours convivial et hyper cool. On est toujours hyper contents de jouer dans cette salle.

Ce sera un nouveau show pour cette partie de tournée ou ce sera le même ?

Il y a des nouveaux membres dans le groupe, un tromboniste qui s’appelle Martin et qui déchire, un excellent saxophoniste qui s’appelle Lucas qui nous avait rejoints dès début 2020 quand on commençait la tournée. A l’époque, on avait commencé́ par l’Angleterre et on avait arrêté au bout de 3 dates françaises.

La pandémie est arrivée juste au début de la tournée, l’album n’a pas eu la vie qu’il méritait selon vous ? 

 Je ne sais pas parce que Caravan, c’est un groupe un peu particulier où on a des streams assez irréguliers. Comme on n’est pas un groupe qui est très promu, on ne passe pas trop à la télé, etc. Les gens en général découvrent le groupe et se mettent à écouter tous les morceaux un peu en vrac donc nous, on n’a pas forcément souffert de ça. Après, c’est vrai que le dernier album, le fait de ne pas faire de promo ou sur scène, ça ne l’a pas aidé. Mais en même temps, on a eu deux trois trucs un peu étranges, du genre des morceaux qui font le buzz sur Tik Tok alors qu’on n’est pas très actifs voire pas du tout sur ce réseau. On ne sait pas d’où ça vient, mais ça a enclenché pas mal de trucs sur les plateformes de streaming, les réseaux, de nouvelles personnes qui viennent écouter et découvrent tous nos albums. C’est spécial comme groupe Caravan, mais c’est cool.

Tout le monde connaît Caravan mais c’est vrai qu’il n’y a pas ce côté médiatique. C’est un choix de votre part ou juste un concours de circonstances ?

Non, en fait, c’est un peu des deux. Évidemment, pour un groupe, être invités en télé, c’est cool, on ne l’est pas énormément, mais la dernière fois, on a fait Taratata ou des télés Anglaises et Allemandes. Par contre sur les réseaux, on aimerait se montrer, être plus actifs, plus funs, plus vivants même… mais ce n’est pas trop notre truc. On est assez discrets individuellement dans la vie, donc on a du mal à faire l’étalage de notre vie privée sur Instagram, etc. Et du coup, on a des trucs un peu bizarres genre on a beaucoup de followers sur YouTube, mais très peu sur Instagram.

Donc, Chronologic sort fin 2019. Comment décrire cet album?

Je crois que c’est quand même toujours dans cette même mouvance de ce qu’on faisait au début, du swing, du jazz. Peut-être qu’il est un peu plus pop que les autres. On a fait des morceaux avec des invités, notamment Charles X, plutôt rnb dans le bon sens du terme soit plutôt néo-soul. Il y a une chanteuse qui a une voix assez pop sur un autre morceau. Ce sont des tentatives en fait, on essaye de faire évoluer le style. Parfois, ça plaît au public, parfois un petit peu moins. Globalement, ça plaît, mais on essaye de ne pas juste refaire ce qui a fait notre succès au début, des trucs très électro swing, on essaie d’aller sur d’autres terrains. Ce n’est pas calculé, on fait juste en fonction de nos goûts, de nos envies du moment et évidemment, il faut que ça reste dans le cadre du groupe. Il n’y a pas vraiment de calcul dans ce qu’on fait. Il faut avant tout que ça nous plaise. Les maisons de disques n’ont pas leur mot à dire et ils nous font confiance. Caravan Palace reste un truc sincère, avec des tentatives selon les envies du moment. Parfois, on peut perdre un peu de public, mais globalement ça se passe quand même plutôt bien.

La force du groupe transpire dans la recherche de talents pour vos créations visuelles. D’où vient cette envie de s’ouvrir à des créateurs ?

Oui, c’est un truc qu’on aime bien. Depuis le premier clip de Caravan, un mec nous avait fait un clip en stop motion avec du carton et ça allait bien avec le groupe qui était bricolé au début, et après, on a enchaîné. On avait essayé de faire des clips un peu plus traditionnels où on nous voyait etc. Mais c’était quand même moins séduisant. Au fur et à mesure, on bosse de plus en plus avec des animateurs, des dessinateurs. On a fait sur le titre Supersonic un mélange entre nous et des images en graffitti. On va carrément continuer à bosser comme ça, à faire des rencontres et surtout à laisser des cartes blanches. Alors parfois, ça part un peu en live, on avait fait un clip sur Miracle où on a été censuré de Youtube parce qu’ils l’ont jugé trop sexuel.

Revenons au cœur du groupe. Comment se passe le processus créatif ?

Au début, c’est un processus assez individuel où chacun compose des débuts de morceaux dans son studio, mais pas très longs, 30 sec, 1 minute. Et on se les envoie et ça amène déjà beaucoup d’éléments, le tempo, la couleur, le style. On se les envoie par mails très froidement. Et j’aime bien cette technique parce que du coup, l’autre en face n’est absolument pas influencé, il écoute froidement et il peut dire « oui/ non /peut-être ». Et une fois qu’on a fait une présélection, souvent plutôt 15 morceaux, on commence à bosser ensemble. On se retrouve dans les studios des uns et des autres, on discute, on improvise, on enregistre tout ce qu’on peut, etc. Mais à la base, c’est un processus individuel, et en fait, il y a pas mal de groupe d’électro qui procèdent comme ça, j’ai remarqué. Peut-être sur les premiers albums, les gens bossent ensemble, mais après, ils aiment bien avoir ce recul. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais c’est ce qu’on fait. Et puis parfois on a des amis qui nous aident pour les textes, ils nous envoient et nous, on doit les adapter ou alors parfois on écrit nous-même, c’est un joyeux foutoir.

Je trouve « April » très intéressante. Pour vous, qu’elle est la chanson que tu retiendrais de cet opus ?

Il y a des formats de chansons qui plaisent plus que d’autre. C’est vrai qu’April, c’était cool parce que la chanteuse d’April, c’est ma copine et donc forcément pour cette chanson, on a passé pas mal de temps tous les deux et c’était une belle expérience. Pour les gens, je pense que c’est Miracle qui sort le plus. C’est un morceau qui regroupe pas mal de chose, qui a un format, une structure qui permet d’être « assez facile d’accès ». Par exemple, on peut en faire d’autres pas forcément facile. Ce sont des prises de risques. A contrario un morceau comme Miracle ira très bien en radio même s’il est moins prise de risques et un peu moins excitant selon moi, mais il faut un peu de tout sur un album, donc le morceau central, je dirais Miracle !

Est ce qu’on pense au live quand on compose ou pas du tout ?

En fait, quand on passe trop de temps loin du live, on oublie d’y penser et c’est souvent une erreur, parce que quand on arrive sur scène en répétitions et qu’on doit jouer les morceaux, on est souvent emmerdés donc c’est bien d’y penser. C’est pour ça aussi que c’est assez sympa de composer quand on est sur la route. On a de suite la notion de ce que les saxophonistes pourraient faire sur scène, etc. Et quand on est tout seul dans son studio, on oublie un peu, après les choses s’adaptent, mais c’est vrai qu’y penser en amont, c’est pas mal.

La suite c’est donc la tournée, toujours en train de composer pour la suite ou pas encore ?

On est carrément en train de composer, on a déjà beaucoup de titres, après j’ai encore envie qu’on passe du temps dessus et qu’on fasse de nouvelles choses, quitte à ce qu’on prenne un peu plus de temps, mais oui il y a déjà beaucoup d’idées et c’est excitant. Après, il y a la tournée, les Etats-Unis, le Canada. On continue d’avancer !

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