vendredi , 26 avril 2024

Girls Don’t Cry  Film Festival : Rencontre avec Camille Mathon

Connu pour ses soirées et son festival de musique, Girls Don’t Cry by La Petite propose un festival de cinéma les 11 et 12 février à l’American Cosmograph Toulouse. Rencontre avec Camille Mathon, directrice artistique.

La Petite nous offre depuis des années des temps forts à Toulouse avec notamment son festival de musique au Metronum. Place au cinéma désormais avec un nouveau rendez-vous qui fera date ! Au programme de ces deux journées d’hiver bien au chaud dans les fauteuils de l’American Cosmograph : des films forts, des films féministes, des vieux films et des films tous neufs, du rire et des larmes, des films qui donnent envie de faire la fête et des films qui donnent envie de faire des câlins à ses copines. 

Derrière ce projet, on retrouve Camille Mathon directrice Artistique de La Petite et programmatrice du Girls Don’t Cry  Film Festival. Elle nous dévoile les coulisses, l’histoire derrière Girls Don’t Cry. Sans oublier de nous informer de la suite avec une date au Bikini en mars prochain et une soirée le 14 février au Muséum.

Avant de parler des prochains événements, revenons sur le projet «  Girls Don’t Cry ». Peuxtu expliquer comment est né ce projet ?

C’est un projet de la Petite qui existe depuis très longtemps, ça fait 19 ans qu’on organise des évènements. A la base, la Petite est une association d’évènements pas spécialement féministe, et Girls Don’t Cry est né en 2016 à un moment où on a pris un virage plus engagé sur l’égalité des genres avec la Petite. On a commencé à réfléchir à nos pratiques d’organisatrices d’évènements et d’actrices culturelles en relation avec le genre. On s’est rendu compte qu’on ne programmait que 4% de femmes, et que ce n’était pas vraiment ça qu’on avait envie de défendre politiquement.  On s’est donc mises à faire une programmation paritaire, et à en parler dans les réseaux, porter un peu cette question dans les réseaux pros et ouvrir la réflexion.


Mais ce n’était pas encore des soirées ?

 Au début c’était juste un compte Facebook qui partageait 3 fois par semaine des projets artistiques de femmes pour les mettre en avant. On voulait montrer que s’il y a plein de femmes qui ont des pratiques artistiques intéressantes, elles sont juste invisibilisées, et nous on veut les visibiliser. Il y a ensuite une communauté qui s’est créée autour de ça, une communauté en ligne, et on a eu envie de rencontrer les gens en vrai. De proposer des moments un peu plus vivants, un peu moins sur internet, et donc le premier évènement qu’on a organisé c’était un ciné-club. C’était notre premier projet d’activité dans la vraie vie avec Girls Don’t Cry, c’était le cinéma. On en fait encore plusieurs fois par an aujourd’hui.

Un premier film pour débuter l’aventure avec le public…

Pour la petite histoire, on avait parlé de ce film sur Facebook et il y avait pas mal de gens qui semblaient intéressés, mais le film était introuvable, il n’était jamais sorti et donc on a contacté la réalisatrice, on a fait les sous-titres et on a organisé l’évènement. C’était un documentaire sur les graffeuses, et donc on a invité des graffeuses à témoigner etc. Petit à petit on s’est mises à organiser de plus en plus d’évènements, et ensuite on a lancé les « Girls Don’t Cry party » en 2018 puis le « Girls Don’t Cry festival » en 2020 et la première édition était en 2021 et voilà. L’idée est toujours la même : visibiliser les femmes et les minorités de genres, et maintenant ce qu’il y a aussi comme dimension c’est de créer des espaces de fête les plus safes possibles pour la communauté féministe queer.

Là, pour le festival de cinéma, l’idée est arrivée à quel moment ?

Assez tard. On a monté ça hyper vite. Il me semble que c’est en septembre, c’est une personne qui est venue nous voir. Elle avait envie de monter un festival de cinéma, et elle n’avait pas de structure pour le porter. Du coup elle nous a proposé de s’associer. On l’a donc monté toutes les deux et c’est aller super vite, parce qu’on s’est dit qu’on voulait faire un festival en hiver, puisque c’est plus l’hiver qu’on a envie d’aller dans un cinéma donc le timing était hyper serré. On a monté la prog en 2 mois.

extrait du film Blue Jean

 Y avait-il une thématique qui ressortait pour ce premier festival de cinéma ?

Il n’y a pas vraiment une thématique. On voulait défendre une vision, une diversité de films, on voulait montrer à la fois des vieux films, qui sont rares, qu’on n’a pas vu au cinéma. On voulait aussi des avant-premières, on voulait qu’il y ait de la fiction, du documentaire. Aborder les thématiques différentes, on voulait montrer la richesse du cinéma fait par des femmes ou des minorités de genres. Et on voulait qu’il y ait à la fois des films qui font réfléchir et d’autres plus légers, plus festifs. Par exemple, la dernière séance du samedi soir c’est « Priscilla folle du désert » . L’histoire culte de drags Queens en tournée. On programme donc une performance de drag King en même temps. Ça va être une séance très festive. Le lendemain on a « blue jean » qui se passe dans l’Angleterre de Thatcher où il y a une loi hyper homophobe qui est promulguée. Un sujet plus lourd sur les violences et l’oppression vécues par les lesbiennes et les homosexuels au sens large. Voilà, donc il n’y a pas de thématique mais l’envie est de proposer un bel éventail, qu’on puisse aller voir tous les films et qu’il n’y ait pas deux films qui se ressemblent.

La programmation a-t-elle été difficile à faire ?

C’est surtout qu’on avait peu de temps donc c’était un peu sport. On n’avait jamais fait de festival de cinéma donc c’était la découverte. Je ne sais pas si on peut dire que c’est difficile, étant donné qu’on a réussi à le faire en si peu de temps. On s’est frotté à « comment ça marche le cinéma » parce que, enfin moi j’ai l’habitude de négocier avec des bookeurs musiques et ce n’est pas du tout pareil de contacter des distributeurs, il y a des enjeux de dates de sorties etc. Je ne dirais pas que c’était hyper facile mais en même temps on y est arrivé sans que ça ne soit non plus l’enfer.

En programmant, on regarde des films, on se pose des questions. Quelles sont les problématiques qui sont sorties et les constats qui ont été fait lors de cette programmation ?

C’est sûr qu’il y a beaucoup moins de films faits par des femmes que par des hommes. C’est une évidence. Ça s’explique totalement, donc c’est sûr que si on veut programmer un festival de cinéma sans thématique, le fait qu’il y ait le critère d’être fait par des femmes ou des minorités de genres, ça réduit énormément le spectre. Et d’ailleurs on voit que dans les festivals de cinéma qui n’ont pas cet angle-là, les femmes sont complètement sous représentées et on sait combien de femmes ont eu la palme d’or. Plus les films ont un gros budget et moins les femmes sont représentées. Forcément on s’est confrontées à ça et on a cherché dans les festivals de cinéma queer où il y avait plus de femmes. On a épluché pas mal les programmations des festivals de cinéma pour voir ce qui allait sortir pour les avant-premières.

Il y a une autre date qui va arriver au mois de mars aussi. On quitte le cinéma pour la musique et le nouveau format des Curiosités du Bikini…

Même avant ça, le 14 février on a une Girls Don’t Cry party au Muséum.C’est un peu notre tradition de commencer l’année avec une Girls Don’t Cry party au Muséum, c’est incroyable, la soirée se passe dans le grand carré du hall avec l’éléphant au milieu. C’est très festif et c’est le 14 février. On n’a pas choisi au hasard, on avait aussi envie de célébrer d’autres formes d’amour que l’amour hétérosexuel, exclusif, d’aller diner au restaurant en couple comme de se retrouver avec ses amis pour faire la fête. La programmation est assez festive et dansante, ça va être une grande fête. Dans la programmation on a King Kami et Queen Paramount.

Et après au mois de mars on arrive donc sur les Curios. C’est une belle histoire depuis pas mal de temps les Curios avec le Bikini. Peux tu m’en dire plus ?

Carrément, on est en partenariat avec les Curios, enfin on organise une soirée en collaboration tous les ans depuis 2015 ou 2016 et ça matche hyper bien. Artistiquement on se retrouve, on a fait la programmation ensemble et ça nous correspond vraiment aux deux. Et avec Girls Don’t Cry ça sera notre première soirée avec le Bikini. On devait faire une soirée au Bikini le 11 avril 2020 mais qui avait dû être annulée à cause du COVID et on ne l’a pas reprogrammée. Du coup il y a toujours une petite excitation de faire notre première là-bas, même si ce n’est pas nous qui produisons la soirée, mais d’amener notre communauté au Bikini c’est quand même un petit symbole. C’est la salle emblématique à Toulouse, c’est beaucoup plus gros que ce dont on a l’habitude et c’est hyper chouette de faire une programmation club toute la nuit. On n’a pas fait de soirée toute la nuit et on aime bien notre format 19h-23h, mais les cultures électroniques c’est quand même autre chose et c’est plus dans la tradition du clubbing de faire du 23h-06h.

La suite ? il y a d’autres projets dans les prochains mois ?

Oui, carrément. On aura aussi une soirée qui n’est pas encore annoncée, le 1er avril donc une semaine après au Métronum avec un nouveau label. Le Métronum pour le coup c’est un peu la maison parce qu’on a notre festival là-bas. On va évidemment refaire un Girls Don’t Cry festival fin novembre mais ça c’est dans longtemps. Et puis après on aura des soirées en été mais elles ne sont pas encore programmées.

Et peut-être une édition 2 pour le festival de cinéma ?

Pour l’instant ce n’est pas programmé, on va voir comment se passe la première mais c’est un beau projet qu’on aimerait inscrire dans la durée.

Infos : https://www.lapetite.fr/film-festival/

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