Lors de leur passage en concert à Toulouse, Olivier du groupe AaRON est revenu sur la tournée Unplugged and Waves et sur leur premier album live " Waves from the road" sorti début décembre : Rencontre.
La semaine dernière, à quelques heures de monter sur la scène du Bikini, lors de leur dernier concert à Toulouse, on a rencontré AaRON. Dans la continuité de leur tournée, Olivier revient sur leur premier album live et la fin du tour Unplugged and Waves. Sans oublier de parler d'eux. Rencontre constructive avec un type entier.
A quelques heures du spectacle, as-tu une appréhension avant de monter sur scène au Bikini, ou pas du tout ?
Non, pas encore, pour tout te dire, je viens de me réveiller. Une appréhension, c'est juste 5 minutes avant de monter sur scène, et après, les 2 premieres minutes. Mais c'est un stress moteur. Quand je vois que tout se passe bien, notamment au niveau technique, ça va. Et puis on a de la chance, depuis le début, on a un public qui nous accueille plutôt bien, on fait partie des chanceux.
Dans les premiers temps de votre carrière, monter sur scène était une évidence ou pas ?
Par exemple, au tout début, après le succès du premier morceau, quand il a fallu préparer les premiers lives, heureusement qu'on était deux. Simon n'avait jamais fait de live, moi un peu, et être deux nous a vraiment rassuré. C'est important d'être deux, tu peux communiquer, parler des choses. Parce que même si, en tournée, on est entouré des musiciens, c'est pas eux qui ont créé, qui sont au coeur des morceaux. Ils sont au coeur de l'équipe, mais ils n'ont pas vécu la création du morceau, donc c'est pas la même chose. C'est bien de pouvoir partager ça a deux.
Vous avez entamé une nouvelle tournée, quelles sont les différences avec les concerts précédents ?
On a commencé nos premiers concerts l'année dernière, au mois d'octobre, ensuite on a fait des festivals, dans une formule, pour nous, assez rock, avec un son assez brut. Lors des festivals, on a trouvé qu'on était allé au bout de ce cycle. On avait envie de faire d'autres concerts, mais dans une formule un peu différente. On avait envie de retrouver une certaine finesse dans certains morceaux, envie de les épurer, de faire parfois un piano-voix. D'ailleurs, on commence nos concerts comme ça. C'est aussi une façon pour nous de se remettre un peu en danger et de revenir à la base d'une chanson. C'était important pour nous. Dans cette nouvelle tournée, on mélange certains morceaux très épurés, avec d'autres, qui peuvent être parfois encore plus chargés en son qu'auparavant. C'est un mélange des deux, d'où le nom de la tournée, "Unplugged and Waves". On s'est surtout amusé à réinterpréter nos morceaux différemment.
Un album live sort en le 5 décembre. Pourquoi avoir franchit le pas ?
Parce qu'on avait cette envie, après presque 200 dates, de garder des souvenirs, notamment certains titres en français qu'on n'a fait que sur scène, qu'on n'a jamais enregistré. Ce live a été enregistré sur plusieurs concerts, mais il reprend vraiment la set-list telle qu'on la fait encore aujourd'hui.
Parlons un peu d'Aaron, quelles sont les influences du groupe ?
Les vraies influences, c'est ce qu'on vit tous les jours, c'est ça qui nous influence, qui fait notre musique. Que ce soit une expo, une histoire banale d'amour… Dès le début, on n'était pas fan d'un artiste ou quoi que ce soit, on ne s'est jamais posé une question de style. Le but pour nous, c'est que la musique et les paroles soient fusionnelles, que ça raconte la même histoire.
Pour la création, étant donné que vous êtes deux, comment ça se passe, c'est pas trop compliqué ?
Pas du tout. Depuis le début, ça a été une rencontre évidente, autant sur le point de l'amitié, que de la création musicale. On sait qu'on va dans le même sens. Le peu de discussions où on est peut être pas d'accord, ça dure 2 minutes, parce qu'on trouve les arguments pour, et ça se fait simplement. Mais je crois que de toute façon, tu n'as pas trop le choix quand t'es à deux, t'avances ensemble, ou ça sert à rien. Donc c'est assez simple, on va dans la même direction. Après, au niveau de la création, Simon écrit tous les textes, il le fait très bien, il n'y a pas de raison que je m'immisce là dedans, même si je donne mon avis. Et au niveau de la musique, ça peut autant être Simon qui vient avec un refrain, je lui trouve un couplet et je fais les arrangements. Ou on va tous les deux partir d'une rythmique, ou juste d'un bout de texte qui va nous inspirer quelque chose. Il n'y a pas de règle, on fait tout de A jusqu'à Z vraiment tous les deux chez nous, et depuis le premier album.
Justement, par rapport à ce premier album, ça a été un énorme succès. Ce n'est pas trop dur à vivre?
Il y a des moments merveilleux, et puis il y a des moments où c'est un peu plus compliqué. Pour ce qui est du succès, on s'en rend compte avec du recul et on est très conscient de la chance qu'on a. C'est important. On a la chance de pouvoir faire les choses librement, même par rapport à notre label, à qui on n'a fait écouter notre album qu'à la fin, ce qui est extrèmement rare aujourd'hui.
Pour finir, quelques questions en rafale :
Quel(s) album(s) conseillerais-tu ( à part le votre) ?
Les deux albums de Bon Iver, et Other Lives , c'est ce qu'on écoute en ce moment.
Dernier coup de coeur musical ?
J'écoute pas mal James Blake, c'est un peu spécial mais j'aime bien ce qu'il fait.
Ton premier souvenir de scène ?
Tu me ramènes loin là… Au Gibus, c'était mon premier concert, ya pas mal de temps maintenant !
Quelle chanson t'agace le plus ?
Je ne t'en citerai pas, je trouve que ça sert à rien, mais les chansons qui sont complètement désincarnées, ou qui sont plus que débiles, j'ai un peu de mal. J'écoute de tout, mais ya des choses, vraiment c'est pas possible. Par exemple, les trucs avec les personnages en 3D. Et encore, je serais prêt à accepter s'il y avait plus de place pour la musique. Ya tellement d'artistes qui font des trucs géniaux et qui n'ont pas du tout accès aux médias.
Avec qui aimerais-tu travailler ?
Plein de personnes. Feist, on aimerait bien faire un morceau avec elle.
Si tu étais un autre artiste, tu serais ?
Ca dépend de nos humeurs. Moi ça serait Tom Yorke.
Et un film ?
Metropolis. Il faut que je le vois, j'étais à l'expo.
Dernière question. Quel est l'avenir d'Aaron? Un troisième album? Un projet ciné?
On vient de faire une BO, c'était notre première, d'un film qu'une amie a réalisé, dans lequel Simon joue. C'était une nouvelle expérience, on vient de terminer. Et pour la suite, il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas de troisième album, mais, comme pour le second, on va prendre tout notre temps. Il faut avoir des choses à dire, il faut être inspiré. Il faut qu'on vive un peu de choses après les concerts. Il nous reste quelques dates jusqu'à fin janvier, puis on risque d'aller faire quelques dates à l'étranger, puis on termine par quelques festivals cet été. Même si on n'arrête jamais vraiment.
AaRON, album live " Waves from the road" dans les bacs depuis le 5 décembre