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Interview – Skip The Use: Passé, Futur et surtout présents !

Le groupe Skip The Use est de retour au Bikini pour un live très attendu ce vendredi 06 mars 2020. Rencontre avec Mat Bastard !

Trois années d’absence. Autant dire une éternité. Pour les fans et les autres. Le temps (et ce que l’on en fait), élément important de ce nouvel album de Skip The Use, file aujourd’hui à toute allure et le groupe évoque notre rapport au monde de la meilleure des manières. Le fond toujours fort, la forme toujours jouissive, Skip the Use est en forme. Preuve en est notre rencontre avec Mat Bastard aussi prolixe que passionnant pour évoquer la scène, l’album, sa relation avec Yan Stefani et le futur…notre futur.

La tournée a repris à ce mois de mars après une petite pause. Dans quel état d’esprit es-tu ?

Écoute, on est super content parce que la tournée se passe super bien et ça nous a fait du bien de faire une petite pause parce que c’est assez intense, il y a beaucoup de dates. Là on est prêt à repartir, c’est cool, c’est franchement bien.

On est impatient de repartir sur la route?

Carrément. C’est quelque chose qu’on aime beaucoup. On se réalise vraiment à travers cet exercice là et c’est toujours avec plaisir qu’on se retrouve sur scène à rencontrer des nouvelles personnes ou à revoir des personnes qu’on a déjà vu. C’est vraiment un bon moment.

Vous revenez à Toulouse, au Bikini. Que représente cette salle et cette ville pour toi ?

Oui et en fait, on est content parce que dans la première partie de tournée il n’ y avait pas eu de dates à Toulouse. On avait fait une promo là-bas qui était super cool je crois avec la radio 100 % sur la place du Capitole, et les gens nous disaient : « Quand est-ce que vous revenez ? Quand est-ce que vous revenez ? » Et c’est vrai que sur le coup on avait pas forcément de date donc quand on a vu la date du Bikini arriver on était heureux parce qu’on se disait : « Voilà ça nous permettra de reprendre contact avec tout le monde et puis de passer une bonne soirée à Toulouse ». En plus, moi, j’avoue que c’est une ville que j’aime beaucoup, dans laquelle j’ai passé beaucoup de temps plus jeune.

D’ailleurs, quand vous composez, vous pensez les morceaux en fonction de la scène ou pas ?

Non pas du tout. Là on avait vraiment un concept album avec ces ponts qu’on fait entre le passé et ce qui se fait aujourd’hui en matière de musique. Après l’adaptation sur scène, mettre en live les titres, c’est vraiment quelque chose qu’on fait après et qu’on aime faire. On essaie de ne pas mélanger les deux parce que ce n’est pas du tout le même objectif. Il y a faire un album et puis il y a faire un concert.

Avant de parler de l’album de ce nouvel album, évoquons ensemble les retrouvailles avec Yann après une petite pause artistique.

Oh retrouvailles, on ne s’est pas vraiment perdu de vue… On est très content d’avoir fait ce qu’on a fait ça nous a permis de remobiliser notre aspect créatif, d’avoir de nouvelles idées et puis aussi de s’occuper de notre famille. Moi, j’avais vraiment envie de faire de la production. Je suis parti produire des groupes aux Etats-Unis et aussi travailler sur d’autres projets et je pense que c’est important en tant qu’artiste d’avoir des sortes d’échappatoires dans lesquels on peut faire vraiment autre chose. Ça nous permet pour après, de se remobiliser complètement sur un projet . Après, on a repris exactement la même recette. Mais en étant fort des expériences qu’on avait mené pendant 3 ans.

D’ailleurs, qu’est ce que les Etats-Unis t’ont apportés dans ta façon de concevoir la musique maintenant ?

Honnêtement, je vis aux Etats-Unis, j’ai des amis là-bas et je travaille là-bas. C’est juste une autre culture. C’est une culture qui me plait, c’est une façon de travailler qui me plait. Donc comme je suis dans un endroit qui me plait avec les gens que j’aime, forcément ça me met dans les meilleures conditions pour faire ma musique. Maintenant, plus spécifiquement, je dirais peut être le travail collaboratif. Parce qu’ils sont vraiment portés là-dessus là-bas . Puis surtout une ouverture d’esprit. Par exemple nous aux Victoires de la Musique il n’y a plus d’albums rock, il y a des catégories qui n’existent plus.. .

C’est un regret ?

Non mais c’est dans le délire du moment ! Enfin c’est notre façon de voir les choses et c’est pas toujours quelque chose qui me plait moi parce que j’aime la diversité, j’aime quand tout le monde peut avoir sa chance. Du coup ça m’a beaucoup touché d’être là-bas et de travailler dans ces conditions là.

Est-ce qu’il y a une façon différente de travailler la musique entre ici et là bas ?

Oui, oui, ça change parce que, pour ma part, j’étais aussi avec des producteurs très talentueux, qui m’ont appris énormément de choses. Du coup j’étais pas seul. Ce qui était fort c’est l’esprit collectif et moi c’est quelque chose qui me plait beaucoup. Le fait d’avoir la possibilité de demander conseil à des gens tout simplement c’est quelque chose d’unique.

Cet album s’appelle « Past and Future ». Mais le présent dans tout ça ?

Le présent c’est nous. On fait des ponts entre hier et demain, et le présent c’est nous et c’est ça qui est cool. Enfin le présent c’est nous, le présent c’est nous et nous c’est toi, c’est tout monde, tout ceux qui sont autour de ce projet et c’est ça le présent. Le présent c’est ce qu’on fait de toutes ces expériences, de toutes ces aventures et qu’est-ce qu’on en fait ensemble, et du coup le présent on l’écrit de cette manière là. En sachant où on va et en sachant d’où on vient et c’est là où ça devient intéressant.

C’est un album aussi qui mélange tous les styles. C’est à dire que vous faites vraiment le lien entre le rock, le hip hop et d’autres styles. Ça a toujours été la marque de fabrique de Skip The use mais on a l’impression que c’est un peu plus présent dans cet album là . C’est ce que vous essayez de faire ?

C’est aussi un album qu’on a réalisé entièrement à deux avec Yann. On n’a pas eu de tierce personne qui est venue aussi mettre sa patte. Donc on a été au bout des choses. A l’époque, on n’avait pas réalisé entièrement les précédents seuls, parce qu’on en était pas capable et si on avait été capables de le faire, je pense que ça aurait été pareil. C’est juste que là, aujourd’hui, on était capable vraiment faire aboutir le projet Skip The Use. Dès qu’on avait une idée en tête on allait au bout de cette idée et on la laissait telle qu’elle était.

Au niveau de ta voix, elle est toujours aussi présente, c’est la vraie marque de fabrique du groupe, comment la travailles- tu ? As-tu toujours voulu chanter?

Non. A la base je voulais faire de la guitare, j’en ai fait longtemps. J’aime bien chanter, j’aime bien travailler, j’aime bien apprendre des choses . Avec Yann, on travaille énormément pour réussir à interpréter et à réaliser des choses qui sont pas forcément des choses qu’on connaît bien à la base. Moi la première fois que j’ai fait un morceau de funk avec Yann, j’y connaissais rien en funk. Moi je viens du punk et du métal et de la techno et j’y connaissais rien en funk et en groove. Puis j’ai appris et j’ai aimé. Avec Skip The Use, on n’a pas vraiment de bornes, on se retrouve des fois face à des défis : « Est-ce que je vais réussir à avoir un flow hip hop un peu cool alors que c’est pas forcément la musique que je connais le mieux ? » Et donc je le travaille, j’écoute des choses et c’est ça qui me plait !

Mais est-ce qu’on peut faire de la guitare sans chanter en fait ?

Ouai, enfin moi j’était très, très timide et je préférais être derrière ma guitare.

Là quand on vous voit sur scène y a plus de timidité. Elle a disparu ou elle est toujours présente ?
C’est pas pareil. Non, non je suis toujours dans la vraie vie.Après il y a la scène et la vraie vie, c’est pas la même chose.

Encore une fois dans Skip The Use, il y a ce côté : le fond est profond et la forme est légère. Ca aussi c’est quelque chose d’important à mettre en avant ?

Ouais, et encore sur scène, comme on fait des versions lives qui sont différentes de l’album, on se permet des fois d’être beaucoup plus durs. Je pense qu’à la base, nous, ce qu’on voulait c’était faire danser les gens. Je pense que c’était faire danser les gens tout en disant des choses. Et l’idée c’est d’avoir un discours mais de ne pas être chiant. Et peut être ne pas être non plus trop, je sais pas comment dire les choses, mais ne pas être trop cash ou frontal dans notre approche des choses. D’être un peu plus malin. L’idée c’est que tout le monde passe un bon moment.

Dans l’album il y a une chanson en Français : « Au bout des doigts ». Elle évoque les réseaux sociaux. Quel est ton rapport avec eux ?

Alors…j’ai un blog avec ma femme et je suis très actif. J’utilise beaucoup Instagram parce que je trouve que les réseaux sociaux, c’est une invention formidable. Mais on peut aussi en faire une invention horrible. C’est à dire que l’idée c’est qu’un réseau social, il est à l’image de ce que tu en fais. Et moi j’essaie de l’utiliser pour me connecter avec les gens, pour faire partager des idées. Avec ma femme, on essaye de partager nos passions, nos voyages etc… En même temps, on ne cherche pas à se dépersonnaliser à travers un réseau social pour correspondre à une image que les gens kiffent. On est nous même et puis qui m’aime me suive … L’idée n’est pas de faire semblant d’être quelqu’un d’autre. Moi le côté communauté, à la base, c’est toujours un truc qui m’a fait chier. J’aime la diversité, j’aime la différence. Je trouve que la différence c’est ce qui fait notre intérêt. Maintenant, mon rapport aux réseaux sociaux c’est celui là. Il n’y en a pas d autres.

Où te sens-tu bien aujourd’hui?

J’avoue que j’ai tous mes amis aux Etats-Unis et que je suis très bien là-bas. J’aime beaucoup être là-bas, être au studio, faire de la musique, être avec ma femme , mes enfants, mes amis. J’aime ce pays et j’aime cette culture je suis mieux là-bas.

Dans une chanson, tu parles de ta fille. Dans « Your turn to love » où tu expliques les insultes sur la couleur de sa peau. Comment ta vie influence tes chansons ?

Je pense que quand on est artiste et qu’on est compositeur ou auteur, on s’inspire de la vie. Et les enfants c’est vraiment quelque chose de très important dans la vie de quelqu’un donc forcément ça transparait dans ton travail.

Et quand tu vois le contexte actuel à travers le monde, ça te fait peur pour tes enfants ?

Je pense qu’en tout cas ce qu’il faut c’est expliquer aux enfants ce qu’il se passe. Parce que nous on a tendance à regarder le journal télé , il y a le journaliste qui dit : « Dans 40 ans on va tous crever si on change pas » puis plusieurs trucs horribles s’enchainent. A la fin, le journal il se termine, et tu regardes le foot et puis voilà. Les enfants, eux, tout cela reste dans leur tête. Ils disent : « Non mais attendez, on va tous mourir dans 40 ans, attendez » Et je pense que nous, notre rôle, c’est de leur expliquer et les éduquer dans une vraie conscience des choses et qu’ils comprennent qu’il ont un rôle à jouer là-dedans. Ce n’est pas une fatalité. Moi ça me fait super chier quand je vois, honnêtement, une explosion de la musique urbaine où bien souvent c’est des paroles où tu as un peu l’impression que tout est pourrave et qu’il faut profiter de l’instant n’importe comment et on verra bien. Moi, c’est un truc qui ne me plaît pas du tout ,dans le sens où j’ai pas envie de regarder le monde tourner, les bras ballants en me disant « je ne peux rien faire ». Au contraire, je pense qu’on est tous acteur dans ce monde et que si on se laisse faire on finira tous par être des sortes de soldats de l’inhumanité et ça ne m’intéresse pas ! La France de Cyril Hanouna, ça me casse les couilles ! Quand t’as la possibilité de faire des choses, d’être intelligent, faut le faire. On est tous potentiellement quelqu’un de bien, faut juste qu’on se batte pour le mettre en avant.

Revenons à la musique, est-ce qu’il y a des groupes actuellement, des choses qui te plaisent dans ce que tu entends, ce que tu écoutes ?

J’ai vachement bien aimé le dernier album de Last Train . J’ai adoré l’album de Billie Eilish. Je trouve que c’est vraiment quelqu’un de très talentueux. Après la musique que j’écoute le plus c’est la techno : il y a plein de producteurs que je kiffe en même temps.

D’ailleurs, c’est quoi être rock aujourd’hui?

Je pense qu’être rock aujourd’hui c’est la même chose qu’être rock hier. C’est sortir hors de la ligne jaune. Tout simplement. Et qu’est-ce que ça veut dire être en dehors de la ligne jaune ? C’est être sur le côté, proposer l’alternative, savoir être différent et l’assumer.

En fait ce n’est plus une question de musique, c’est une question de comportement. Ca ne l’a jamais été d’ailleurs.

Je pense que ça n’a jamais été une question de musique. Je pense que quand NTM ils sortent « Paris sous les bombes » c’était un putain d’album de rock. C’est tout. C’est pas une question de musique c’est une question de philosophie de vie … Alors après, oui tu as les guitares, des riffs etc c’est important mais ça, limite, c’est de l’emballage. Le contenu reste ce qu’on en fait de tout ça et c’est avoir des choses à dire. C’est ça qui fait le plus défaut aujourd’hui. On est dans une époque où le but c’est d’avoir une image et pas forcément de dire des choses.

Pour finir, la suite pour Skip The Use, quelle est elle ?
Je pense qu’on a beaucoup de choses à dire. Là, avec Yann, on est dans un bon mood donc je pense qu’on va très vite continuer à produire du son et surtout, je pense qu’on va aussi beaucoup s’investir dans des choses, des causes , qu’on peut faire ensemble comme la lutte contre le réchauffement climatique c’est des choses dans lesquelles on aura nous aussi avec Skip envie de s’investir. On a des messages à faire passer, on a des combats à mener . Toujours de la même manière avec le sourire et en se marrant sans être résigné. Essayer de se battre pour que les jeunes aient envie d’être intelligent.

Skip The Use en concert
Vendredi 06 mars 2020
Le bikini
Réservations : www.lebikini.com

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