Rendez-vous ce soir à la Dynamo pour découvrir un nouvel artiste francophone en pleine ascension, Vianney. Au carrefour de la pop et d'une folk vivace, au gré parfois aussi de méandres électro, le résultat de ces sessions studio est organique et très rond. Rencontre.
Ses morceaux ont la couleur et la chaleur des feux de joie, le rayonnement des grands embrasements populaires. Chanteur à textes et à voix, Vianney s'impose avec son premier album. Sans effort ni cliché. Idées blanches, c'est l'histoire d'un mélomane qui s'ignorait, ou presque, jusqu'à l'éclosion de ces 12 chansons. A 24 ans à peine, leur auteur-compositeur-interprète se dévoile entre tempérance et flamboyance affaire de coeur autant que d'épiderme, de sensibilités changeantes, contraires parfois jusqu'au paradoxe mais sans jamais virer dans la caricature. Avec application et fougue, l'autodidacte qu'est Vianney, fraîchement diplômé d'un cursus Haute Couture, tisse la toile de ses rêves et lustre ses accords, qu'il double de bure ou de satin. Idées Blanches reste un album de convictions et de choix intimes : au-delà des arabesques vocales, fêlures, rebonds, rocaille ou envolées en très haute altitude, Vianney y dévoile l'homme d'échanges et de motivations qu'il est.
Rencontre avec notre coup de coeur musical français des dernières semaines avant son passage à Toulouse ce jeudi soir.
Comment te sens tu en ce début de tournée alors que de plus en plus de personnes parlent de toi ?
Je suis vachement heureux et pressé. J'ai passé quelques semaines à faire la promo de ces rendez-vous musicaux à venir. Je suis super excité, et je vais enfin découvrir le Sud, même si j'ai une première expérience toulousain en première partie de Dick Annegarn à la Halle aux Grains à l'automne dernier.
Il y a une forme de trac avant de monter sur une scène ?
J'appréhende jamais. Il n'y a donc pas de trac qui s'installe chez moi. Par contre, je suis hyper excité avant, il y a une décharge d'adrénaline assez forte. J'adore aussi l'après scène, l'avant scène sans oublier le moment présent… C'est un sentiment dingue et fantastique pour moi. Ça fait bizarre d'être dans cette aventure alors que j'ai écris ça dans ma chambre et qu'aujourd'hui je tourne devant tout le monde.
Il y a un mois, on t'a vu aux Victoires de la musique. Comment as tu vécu ce moment ? Quels ont été les retours ?
Pour être très concret, le moment même, c'est dingue. J'ai eu une chance folle. Je ne savais pas trop ce que je faisais là, et en même temps, je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir. Tout s’accélère à ce moment là! Concrètement, il y a eu un pic de tout : ventes, réservations, notoriété… Et c'est un honneur pour le label qui bosse depuis des mois et des mois sur mon projet. C'est un sacré accélérateur. Un nouveau booster pour toute l'équipe afin de continuer l'aventure.
C'était quand même un joli pari pour le label de mettre le paquet sur toi.
Un pari risqué, ça l'est toujours. On a commencé avec rien, tout était à construire. On a osé, tenté, et ils m'ont encouragé dans la bonne direction. Ce qui m'arrive, c 'est grâce à eux, et les bons retours motivent et sont des bons signaux pour continuer et ne pas baisser les coudes .
Revenons un peu sur ton parcours. Comment as tu découvert la musique ?
C'est mon père, qui nous a fait écouter – quand je dis nous c'est qu'on est quatre bonhommes dans la famille- de la musique. Surtout de la chanson française. Depuis petit, il jouait de la guitare et nous a fait découvrir cet instrument. J'ai essayé pour la première fois à 12 ans, et, depuis je n'ai jamais lâché. Qu'importe le parcours, la musique fut ma respiration quotidienne. Et encore plus aujourd'hui.
C'est vrai que ton parcours est assez dingue : Ecole de Haute Couture, école de commerce, tour de France en scooter électrique…et tu n'as que 24 ans. Mais comment on arrête tout ça pour se consacrer à la musique uniquement ?
J'ai fait des études, oui. Plein de trucs. Mais il y a toujours eu de la place pour la musique au quotidien. Je ne pouvais pas m'empêcher d'écrire, de composer : c'était vital ! Pour moi, chanter c'est comme respirer. Ça ne m'a pas empêché de faire autre chose. C'était une chose acquise et pendant les études, j'ai su m'octroyer des périodes sans soucis pour rester heureux.
Et le déclic de te produire ? De faire de la musique à grande échelle ?
Ça, c'est des rencontres. Déjà, il y a eu ma manageuse rencontrée il y a trois ans. Personne ne m'avait entendu avant elle. Elle voulait faire quelque chose de ce qu'elle avait entendu et aimé. Il a fallu trois ans pour trouver un réalisateur avec qui j'ai pu partager. Puis, ces rencontres ont amené la réalisation de l'album sans avoir signé nulle part. Juste par plaisir et passion. Tout simplement, une fois produit, on démarche et on rencontre une équipe au top comme celle de mon label qui me suit les yeux fermés.
Pour ton premier album « Idées Blanches », comment s'est passé le processus créatif ?
Je joue de la guitare et tente de trouver des petites mélodies pour y mettre mes paroles. J'ai une image précise de ce que je veux raconter. Un moment. Un sentiment. Ce moment que je veux raconter, que j'ai vécu, je fais tout pour le mettre en musique pour le partager. C'est ce que j'essaie de faire. Si rien ne me touchait, je n'écrirais pas. Je veux raconter des histoires comme moi j'ai été touché. Voilà mon leitmotiv !
Quels sont les artistes qui t'inspirent ?
Dans la façon de raconter des histoires, je citerais Dick Annegarn ou Leforestier. Ils sont des influences importantes de mon travail. Pour les compositions, je cherche quelque chose d'accessible comme du Joe Dassin, du Delepech ou des sonorités anglaises. Je cherche une variété hors temps, accessible pour raconter de belles histoires.
Tu parles de variété. Pour beaucoup de gens, c'est un terme assez péjoratif. Tu comprends cela ?
Disons qu'il y a encore un certain clivage qui traîne entre variété et chanson. La bonne variété se trouve entre les deux. Il y a de sublimes choses dans la variété. Comme de très mauvaise. Notre génération a connu une variété qui est incarnée par Garou, Fiori etc.. ce n'est pas exceptionnel. Par contre, il y a eu des choses fortes et populaires comme Nino Ferrer, Joe Dassin…le niveau était dingue à cette période. Moi, je ne serais rien non plus sans Delerm, Fersen et toute la chanson française que j'admire énormément.
Dans une de tes chansons les plus populaires, « Je te déteste », tu dis que tu n'es pas musicien ni même chanteur. Où te situes-tu alors ?
J'en sais rien. Je fais de la musique, je chante, je n'avais pas de rêve en particulier dans ce milieu là. Je suis avant tout un amoureux de certains chanteurs. J'aime vraiment tous ces gens. Donc je ne peux pas et je ne me suis jamais dis que j'étais un chanteur. J'ai encore un peu de mal à accepter ce statut : je ne suis pas encore un artiste, comme je l'entend, selon moi! Je mérite peut être ce qui m'arrive mais je ne suis pas l'un de, pour l'instant.
Dernière question, incontournable chez nous, que penses-tu de Vianney ?
C'est très étrange de se dévoiler. Vianney, c'est totalement moi. Je ne fais jamais semblant. Je ne me cache pas, je ne triche pas. Je ne joue pas. Vianney, c'est moi. Un chanteur ? C'est un peu difficile. Mais disons que Vianney c'est avant tout un bon copain.