Avant leur passage à Toulouse ce vendredi, et à l'occasion de la sortie du sublime "L'Innocence", rencontre avec le groupe Kid Wise et sa tête pensante Augustin. Le chanteur revient sur la création de ce premier album, le succès, l'état de la musique indé et sur l'adolescence.
Le Metronum de Toulouse reçoit Kid Wise à l'occasion de leur nouvel album L'Innocence. Emotion, volonté de rêverie jusqu’à l’onirisme et morceaux ciselés, c'est ce que propose, les jeunes Toulousain de Kid Wise.
Porté par un nouveau clip épatant (plus de 500 000 vues en 9 mois) et soutenu par la presse française, le groupe passe le cap et s'impose définitivement sur la scène rock française. Enchaînant les grands rendez-vous (Bars en Trans, Festival Chorus, Inouïs du Printemps de Bourges, Garorock, Vieilles Charrues, Festival Fnac Live, etc.), Kid Wise démarre alors l'enregistrement de son premier album. Si la genèse du groupe s’est inscrite sous les meilleurs hospices, on ne peut que leur prédire un avenir radieux !
Une année après notre première rencontre avec le groupe, pour évoquer la génése du progrès ( à lire ici ), nous nous sommes de nouveau posé un petit moment avec Augustin à l'occasion de la sortie de l'album et de cette date toulousaine.
Déjà, comment vas-tu depuis notre dernière rencontre lors du Weekend des Curiosités 2014 ? Que s'est-il passé en une année ?
Il s'est passé un paquet de trucs. Il y a un an, on était dans le flou, ne sachant pas trop ce que cela allait donner. Là, les retours du public sont excellents et on a hâte de repartir sur scène pour faire découvrir notre premier album. Les premières dates sont toujours des échéances importantes. On a fait quelques jours de résidence au Metronum puis un live en Avignon où on a pu roder le truc. Là, on est fin prêt.
D'ailleurs, hormis le public, la critique est excellente pour la sortie de l'album (dans les médias traditionnels, spécialisés et même au Grand Journal). Quelle sensation cela procure ?
Oui, on est très content bien sûr. Du coup, on a fait pas mal de promo à Paris les dernières semaines. Les médias s’intéressent au projet, et c'est assez sincère dans leurs chroniques. Puis, les ventes fonctionnent particulièrement bien. Tout est au beau fixe.
Parlons de ce premier album. Comment décrirais-tu « L'innocence » ?
Pour l'album, je ne suis plus seul aux manettes comme auparavant. Là, on est six. Au delà de la volonté de faire un album, c'est un choix de vie pour nous tous. Se concentrer sur la musique est un ambition folle dont on doit assumer le moindre geste. C'est aussi le projet pour nous lancer dans la vie. Pour l'album, on s'est autoproduit avec le père de Léo au Studio de l'Imprimerie à Toulouse dans un cadre familial. Le temps a été important puisqu'on l'a fait en 50 jours en étant très perfectionniste, sans concession et sans prêter attention au format. On peut aller entre 5 à 10 minutes pour un morceau. L'album est très éclectique, avec plein de couleurs et allant puiser un peu dans tout ce qu'on aime et qu'on voulait faire. Il devait être à notre image avec de l'émotion dans les morceaux et, si possible, pouvoir transmettre ça. C'est un album 100% honnête. C'est la vraie volonté de faire du groupe. Quand on dit pop progressive, on est sincère sur l'aspect populaire de notre musique dans le sens où l'émotion doit et peut toucher le plus grand nombre. On y colle aussi tout ce qu'on veut, du rock aux influence orientales en passant par l'electro etc..Mais on reste sur un noyau très pop, post punk… C'est difficile d'expliquer le son de notre projet.
L'objet disque est magnifique avec cette pochette. Peux-tu me parler de l'histoire de cette aquarelle ?
On voulait soigner les aspects autour du visuel. Pour ça, on travaille avec des gens qu'on connait et qu'on apprécie. C'est plus facile. On a fait appel à Eléonore Verger de Versailles en lui donnant l'album et lui laissant carte blanche. Elle a réalisé une aquarelle abstraite en harmonie avec notre musique. Puis, elle a mis le visage de l'acteur du clip Hope qui représente pour nous le mieux l'innocence. C'est un sublime travail.
Lors de notre précédente rencontre, tu expliquais vouloir montrer à la sortie de l'album tout le panel artistique de Kid Wise. Qu'en est-il ?
Pour nous, on met tout au même niveau, c'est important d'avoir un visuel très fort autour du groupe. On a mis beaucoup d'envie et d'importance dans ces démarches. Autant que dans la musique. Pour le dernier clip, par exemple, on a soigné l'esthétique, pour en faire un vrai court métrage assez dingue au niveau des couleurs. Il est important de connoter notre univers de façon visuelle. Et, le retour des gens est plutôt excellent.
Encore une fois avec « L'Innocence » vous touchez à l'enfance après les EP. Quel rapport entretiens-tu avec cette période de l'existence ?
Nostalgique forcement. On a un désir de parler des choses qu'on connaît. On n'est pas encore Feu Chatertone, capable d'autre chose. On parle d'émotions abstraites, on parle de ce qu'on connaît. C'est un choix logique. Il y a forcement l'envie de rester un gosse pour faire de la musique. L'innocence est l'esprit qui nous anime.
Sur Ceremony, tu collabores avec l'artiste iranien Moussavi. Parle moi de cette rencontre.
On s'est rencontré via internet. C'est un pianiste allemand qui nous avait parlé de lui. Il a 19 ans et habite sous une dictature culturelle. Pour faire de la musique en Iran, il faut qu'elle soit religieuse pour exister. C'est quelque chose d'assez dingue. C'est quelqu'un qui fuit ces choses grâce à sa musique et ses chansons. Il y a une rage intérieure qui fait face à un bouillonnement cru avec le côté enfantin de sa personne. Il n'a que 19 ans. Avant Ceremony, j'écoutais ce qu'il faisait. On l'a contacté et on lui a laissé carte blanche sur une partie du morceau. D'ailleurs, on y entend la voix de son père qui chante dessus. Je suis assez fier de cette collaboration, qui en plus d'être sincère, lui donne une tribune pour que d'autres personnes écoutent sa musique.
Dans l'album, vous prenez le temps de construire vos morceaux, allant jusqu'à 9min pour certains. Tu conçois la musique dans le temps ?
Ce n'est pas quelque chose qu'on réfléchit. C'est assez spontané. On a besoin de prendre le temps pour développer le contenu. On est six et on veut mettre en place progressivement pour développer le message. Rapidement, le message peut être dépassé. Notre but est de faire en sorte que ça passe sans s'ennuyer. On installe une atmosphère propre avec le temps qu'il faut. On a un peu changé notre façon de faire.
D'ailleurs le projet au départ tournait autour de toi uniquement. Le fait de tout faire à six a-t-il changé votre démarche de création ?
C'est propre à chaque morceau. Tous les morceaux possèdent une anecdote propre. Là, c'est une expérience collective pour la toute première fois. Quelqu'un amène un riff, le bassiste amène un refrain, on enregistre un bœuf en soirée, on se réveille pendant la nuit avec une idée, etc.. il n y a pas de méthode. Tout est fait spontanément. Faire des choses honnêtes, qu'elles viennent uniquement de nous sans leur courir après. Quelque chose de l'ordre de l'involontaire.
A l'écoute de l'album, on sent des influences comme Archive pour le titre d'ouverture mais aussi Foals ou encore Anthony and the Johnsons pour la voix. Ça te parle ? Y a-t-il eu des influences propres à la création de l'album ?
Oui, il y a les trois groupes que t'as cité forcement. On est peu influencé par les autres pour cet album. Forcement, il y a une sensibilité artistique qui correspond à ces groupes puisqu'on les adore mais on ne cherche pas des exemples. Mais on pourrait citer tant d'autres comme Black Emperor ou Sigur Ros.
Pour autant il y a un son typiquement Kid Wise. Comment le décrirais-tu ?
Je serais incapable de le décrire. Je n'ai pas assez de recul dessus. Il évolue au fur et à mesure de nos envies. On se base sur le principe d'une idée forte. On part d'un noyau, puis on construit les cellules autour. Après, on n'a pas composé plus que ça car on n'avait pas d'autres idées fortes. Mais on peut dire que notre musique se construit autour d'un élément fort : le piano pour Ocean, le riff pour l’Innocence etc…
Comment juges tu l'univers de la musique indé en France ?
Il y a de supers beaux artistes. On a la chance de pouvoir fouiller à la découverte de nouvelles perles. Il faut profiter de ce système pour créer et se faire connaître. C'est une belle période pour être mélomane et curieux de nombreuses choses. Bon, après certains utilisent la recette de l'indé pour faire quelque chose de commercial. Mais bon, il y aura toujours des gens pour profiter du système.
Pour finir, quels sont les projets dans les prochains mois ?
Pour nous les objectifs à court terme, c'est de faire des concerts. Rencontrer des gens. On veut se faire connaître comme ça. Espérons aussi quelques dates à l'étranger pour creuser un peu notre trou hors des frontières. Et bien entendu le Metronum en espérant qu'il soit rempli. C'est une bonne période pour les groupes toulousains, avec BigFlo et Oli dont on attend l'album avec impatience. On était à l'école avec eux, et ils sont doués, c'est affolant !
> L'interview 2014 avec Kid Wise !
Kid Wise en concert
Vendredi 27 mars à 20h au Metronum Toulouse
> réservations : www.bleucitron.net