samedi , 5 avril 2025

Toulouse : En interview avec le phénomène Rachid Badouri

L'humoriste canadien Rachid Badouri débarque de nouveau à Toulouse ce jeudi avec son spectacle. Rencontre avec un comédien au talent fou et aux mille visages !

Au Canada, Rachid Badouri est une véritable star. en France, et notamment grâce à Arthur, il le devient petit à petit. Sur scène, il compose des personnages qui surfent entre ses racines marocaines et son quotidien au Québec. De sa découverte de Mickael Jackson, jusqu'à ses années hip-hop, en passant par son premier voyage au Maroc et ses différents jobs, cette bête de scène nous plonge dans un véritable show à l'américaine.
 
En France, il a mis le feu au dernier Festival du rire de Marrakech avec Jamel diffusé il y a quelques jours sur M6 et est désormais le déjanté de "Vendredi tout est permis" sur TF1 aux côtés d'Arthur.
 
En avril dernier, Rachid Badouri a déjà fait rire le public toulousain. Le revoilà au Casino Théâtre Barrière avec les dernières représentations de son spectacle. Rencontre avec un homme sensible, énergique et passionné.

Tu reviens ce jeudi soir à Toulouse avec ton spectacle. Quel souvenir gardes-tu de ta première ici ?
Deuxième passage à Toulouse, oui. La première fois, il y avait plein de monde ici (NDLR:Fnac Toulouse). Je ne pouvais même pas prendre la voiture. Je me rappelle, c'était pour le festival du Printemps du Rire. Un moment incroyable. Le public toulousain est très chaleureux. On me disait : « Tu verras les gens dans le Sud, ben, ils sont plus chauds ». A Lille aussi d'ailleurs. J'adore le Sud et cette énergie qui en dégage. Par contre, je n'ai pas profité de la ville comme j'aimerais.

On va pas le cacher très longtemps, mais tu viens du Québec. Tu vois une différence entre ces deux publics ?
Oui, l'odeur. (rires) Non je plaisante. Je ne sens pas une grande différence même s'ils rient pas aux même places et c'est normal. On rit plus fort quand on a un sentiment d'appartenance. Si je vais en Haïti et je parle des haitiens, ils vont rire. Mais, si je parle d'un peuple qu'ils connaissent pas, ils vont rire mais pas autant que s'ils se reconnaissent. L'humour s'inscrit dans le contexte aussi du peuple à qui tu le fais !

J'ai pu lire que venir en France, pour toi, fut un Eldorado. C'est ton rêve américain ? C'est une consécration de faire rire les français ?
C'est beaucoup pour nous quand on y pense. J'ai le rêve américain, c'est vrai, car je suis bilingue, mais quand j'ai mon chapeau de francophone, c'est une bénédiction de venir ici. Tout à coup on t'appelle pour un Marrackech du Rire puis la Suisse, la Belgique.. Pour moi, c est extraordinaire !

Donc le rêve américain, le stand up en anglais, peut se concrétiser un jour ?
ça se concrétise puisque le 14 avril prochain, je serai à New York pour faire un spectacle dans un théâtre là bas en anglais. Donc je pratique, je m'entraîne ; il me tarde énormément. Mais il me reste la seconde partie du rêve : faire des films autant en France qu'aux Etats Unis. Je n'ai fait qu'un film pour le moment au Québec et quelques apparitions. Après, pendant , avant, je rêverai toujours de faire du cinéma.

Reprenons un peu la genèse. A quel moment as-tu su que tu possédais la fibre pour faire rire ?
Je pense que je l'ai depuis le début. Depuis que je me rappelle. Depuis ma jeunesse.  J'ai toujours diverti ma famille dans des fêtes et même des amis. Professionnellement, je l'ai découvert fin 2005. J'ai senti que je devais approcher des producteurs et me faire connaître au public québécois. Dès lors, j'ai fait une démo de moi-même avec de nombreuses conneries de façon très amateur. J'ai envoyé ça. Puis le festival Juste pour rire m'a demandé de passer une audition devant public. J'ai réussi. Et ils m'ont mis sur scène pour un gala l'été. J'ai été découvert comme ça. Quand on m'a proposé un spectacle, j'ai du faire ça tout le temps en lâchant tout. Là, enfin, je me suis dit : « Je suis un humoriste ».

Pour les toulousains qui ne connaissent pas encore ton spectacle, pourrais-tu me le décrire ?
Je le décrirais de façon simple. C'est un résumé de moi même. De qui je suis. Je veux que les gens sortent de là en ayant passé un bon moment, qu'ils aient trippé. Mais en même temps, je veux qu'ils apprennent qui je suis. C'est ce que j'ai fait pendant ce spectacle quand je l'ai écrit. Je l'ai peaufiné pour qu'il me ressemble. Je parle de mes passions : le cinéma, la musique, Mickael Jackson.. Mais aussi la folie quand j'étais un jeune rappeur dans un groupe qu'on appelait Les Freshs. Ma folie de dragueur italien, Gino, avec les cheveux plein de gel en arrière, et évidemment des personnages qu'on aime comme l'asiatique, mon papa et tout ça arrosé de la sauce Badouri. Tu ne viens pas là pour observer. Tu ne vas pas au musée. T'es en mode : « je m'éclate ».

Tu parles de ton père, acteur majeur de ton spectacle. La famille est quelque chose de primordial pour toi. Tu as besoin de cet entourage dans ta vie pour continuer, non ?
Énormément ! Le passage le plus dur de toute ma vie fut le décès de ma mère. Tu sais, j'avais un lien très fort comme tous les hommes qui sont très attachés à leur mère. Pour les hommes berbères, la mère est un symbole très unique. Une phrase chez nous dit : « Ma Mère à moi » avec le « ma » qui est très très très possessif ! Tu n'y touches pas ! La famille, pour moi, est quelque chose d'extraordinaire.  Dès que j'ai commencé à être connu au Québec, ils ont mis des grandes affiches pour annoncer mon spectacle. La compagnie CBS fait ça partout à Montréal. Ma première affiche fut mise dans un quartier pas très bien situé de la ville entre un bar pourri et un autre. J'ai fait sortir mon père en babouche de la maison avec ma mère. Je les ai amenés là bas. Mon père voyait une population hyper bizarre sortir du bar. Il m'a dit : « Tu veux nous faire tuer, il y a pas d 'héritage ! ». Je lui ai dit de regarder en l'air vers l'affiche de mon spectacle. Là, il m' a fait « Salopard » ! Il était très fier.

Le lien est vraiment très très fort !
C'est ça ! C'est bien d'en parler. Je me rappelle aussi que lorsque j'ai reçu la plaque des 300 000 billets vendus, la compagnie en charge de ça a offert la même chose à mes parents avec les mots « Les meilleurs fans ». Ils étaient là chaque jour. Mon père faisait même son metteur en scène à la sortie du show. Et quand il est là, je le fais venir sur scène. C'est l'auteur de l'auteur.

Tu parles de toi dans ton spectacle mais aussi de nombreux sujets. Tu t'interdis des choses à l'écriture ou même dans ton humour ?
Je rentre beaucoup dans l'imitation mais je me refuse à la vulgarité ou à entrer dans le discours haineux. Je ne serais pas à l'aise là dedans. Je ne suis pas un humoriste engagé dans mes textes. Je le ferais sur des réseaux sociaux mais pas sur scène. C'est ma philosophie à moi, mon opinion. Pour moi, quand on s'offre un billet pour venir te voir, on veut se divertir. Si moi je mets un euro dans un jukebox, je veux une chanson et ne pas être déçu. Les gens viennent pour se faire du bien, donc tu dois être à fond en continu. Tu ne dois pas les décevoir. Tu dois les faire respirer. Ils doivent tout oublier pendant deux heures. C'est ma façon de voir l'humour.

A la création de ton spectacle, la durée avoisinait les 2h30. En arrivant en France, tu as coupé de nombreux passages. Pourquoi ce choix ?
J'ai coupé pas mal de trucs dont je savais que cela ne fonctionnerait pas en France. J'avais pas la vérité absolue, j'aurais pu essayer mais on n'avait pas le temps donc on a tapé 1h30 pour le spectacle. Après, j'ai beaucoup d'Impro, pas comme Keiron avec un tour de salle, moi c'est pré-conçu avec une part d'improvisation.

On te retrouve aussi, très souvent, dans l'émission d'Arthur « Vendredi tout est permis ». C'est un terrain de jeu préférentiel pour un humoriste aujourd'hui ?
Le vendredi tout est permis, personne ne voulait faire l'émission au départ. Il a demandé à Amel Chahbi, Ary Abittan, Moi, Anthony Kavanagh, Eli Semoun et Stephane Rousseau. On a tous dit oui. On ne savait pas ce que c'était. Et moi, je devais prendre tout ce qu'on me donne, à part le porno. Je voulais qu'on parle de moi . C'est dur de se faire connaître avec les 900 shows humoristiques en France. En plus je ne suis pas chez moi, donc il faut que ce soit bien mérité.

Enfin, que penses-tu de Rachid Badouri ?
Qu'est ce que je pense de Rachid Badouri ? C'est un connard ( rires). Je le connais pas si bien que ça. Il a autant de défauts que de qualités mais il fait le nécessaire pour devenir une bonne personne. Et a pour but de divertir n'importe qui sur cette planète.

Questions en rafale :
On te prend toujours pour Eric d'Eric et Ramzy ?

Oui. Et j'adore ça !
 
Combien de fois par jour on te demande le chinois ou Michael Jackson ?
A chaque fois qu'on me demande de faire une photo.

Avec qui aimerais tu travailler ?
Avec Fabrice Eboué. Avec également Romain Duris. Et aux Etats Unis, je bosserais bien avec plusieurs réalisateurs, David Fincher, Nolan, Scorsese….Et faire une sorte de Big Lebowsky 2.

Ton dernier geste avant de monter sur scène ?
Une parole : Merci mon Dieu !

 

Rachid Badouri
Le 26 février au Casino Théâtre Barrière de Toulouse
Réservations : www.box.fr

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