Le commissaire de police qui a conduit
l’enquête sur l’explosion de l’usine AZF, Robert Saby, a mis en cause au procès
de l’affaire les responsables de la commission d’enquête interne du groupe
Total.
L’explosion de cette usine toulousaine, filiale de Total, avait provoqué la mort
de 31 personnes le 21 septembre 2001. Sont prévenus au procès Serge Biechelin,
patron de la société Grande paroisse qui gérait le site, sa maison-mère Total et
l’ancien patron de cette dernière Thierry Desmarets.
"Je me suis fait avoir par les membres de cette commission (Total, ndlr) qui
auraient normalement dû collaborer avec moi. Je leur ai fait confiance. J’ai eu
tort", a dit Robert Saby.
"Nous n’avons pas joué dans la même équipe. Sans me prévenir, par exemple, ils
sont allés plusieurs fois sur la scène du crime dont j’avais la charge et qu’ils
ont piétinée. C’est contraire aux règles de base d’une enquête criminelle",
a-t-il ajouté.
Citant les comportements suspects qu’il impute à la commission Total, le
policier a expliqué avoir retrouvé des objets sur le site de l’accident qui
semblent y avoir été placés après coup.
"Si on m’avait laissé faire, je serais rapidement allé perquisitionner au siège
de Total pour essayer de récupérer des documents qui avaient été pris sur le
site", a ajouté le commissaire.
Il a nié avoir négligé la piste d’un attentat terroriste. "Nous n’avons jamais
négligé aucune piste et nous n’avons jamais reçu d’instructions pour le faire",
a-t-il dit.
Succédant au policier, l’ancien président de cette commission d’enquête interne,
Jérôme Berthes, a regretté la "volonté apparente des policiers d’établir (…)
un climat de suspicion".
"Il y avait de la véhémence dans l’attitude de certains enquêteurs de police sur
place. Je n’ai pas eu l’impression d’être en contact avec des gens qui
recherchaient une certaine collaboration. Mais nous n’avons pas interféré avec
le rôle de la police judiciaire", a dit ce témoin.
La prochaine audience de ce procès, mardi 24 Mars, devrait être consacrée à
l’audition d’experts judiciaires et de l’ancien procureur de Toulouse, Michel
Bréard.
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