dimanche , 5 mai 2024

Les Rois de la Suède à Toulouse : Interview d’Ivan Callot

 

Les Rois de la Suède seront ce soir en concert à Toulouse. Après le départ de Monsieur Poulpe, co-fondateur du projet, Ivan Callot prend les rênes du projet. Rencontre.
 
En mai 2010, Les Rois de la Suède débarquaient avec un titre visionnaire "My Space tu vas mourir". Deux ans plus tard, les revoilà avec un deuxième album, Néon Futur sorti cette semaine. Les Rois de la Suède se veulent "ambassadeurs musicaux du savoir-vivre suédois" et s'autosituent musicalement "à mi-chemin entre la formation actuelle des Beatles et une fanfare municipale sous LSD". 
 
En juillet dernier, Monsieur Poulpe quitte le groupe. Ivan Callot continue avec les autres membres l'aventure. Rien ne change. Le spectre de Poulpe est pourtant toujours présent. Ivan, ex-Fatal Picard, nous dit tout.

 


Peux-tu, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, faire un petit briefing sur les Rois de la Suède ?
Comment ça, tout le monde ne nous connaît pas ? (rire). C'est insupportable ! C'est un concept né autour de deux individus, Monsieur Poulpe et moi même, un ex-fatal Picard. Ensemble, on avait envie d'un concept un peu absurde, qui est devenu un groupe par la suite. Après deux albums, Poulpe est parti vers de nouvelles joyeuseries qui brillent et scintillent. On est donc quatre désormais sur scène , et je suis l'unique chanteur. Avant, Poulpe chantait avec moi, mais ça frottait, ça piquait avec ses fausses notes et ses oublis de paroles (rires). Il ne savait pas chanter, même si sur la fin il avait fait d'immenses progrès.
 
C'est plus compliqué d'être seul sur scène alors que les chansons ont été enregistrées à deux voix ?
C'est pareil. Sur les disques, je doublais toutes les chansons. Poulpe calait sa voix sur la mienne. On  n'entend que 30 à 40 % de sa voix sur les albums. Donc il n'y a pas de grands changements. Et puis, je fut la voix des premiers albums des Fatals. C'est pas gênant car Poulpe oubliait les paroles. On le vannait la dessus. On fait donc des sets un peu plus propres ( rire). Là, on a pris une nouvelle dynamique aussi, malgré son départ.
 
C'est à dire ?
Ben, on continue de composer et d'écrire. On prépare un EP pour fin novembre avec des petits bonus et 5 à 6 nouveaux titres. Ça s'articulera autour de l'Europe avec un titre européen très provocateur, « Remet en à la Grèce », qui devrait faire parler de lui. On aime bien bousculer les choses.
 
Au départ, le projet des Rois de la Suède semblait être surtout humoristique, mais il est plus sérieux que ce que l'on croit. 
C'est très sérieux en effet. Fort d'humour, on essaye d'être très sérieux, si ce n'est sur le sujet, sur le fond des choses. C'est plus qu'un délire, si tu préfères. Même si le mot « délire » ne se dit plus depuis les années 2000. Oui, on essaye d'être drôle, peut être pas tout le temps. Les Rois de la Suède, c'est un projet décalé, parfois un peu provocateur. On essaye d'être hyper ambigus afin de faire penser les auditeurs d'une autre façon que quelque chose de monobloc. On écrit même les vannes sur scène, Poulpe notamment. Du coup, il était assez charismatique  et on formait un vrai couple tout les deux. J'ai l'habitude d'écrire seul mais j'adore les collaborations, ce qui était le cas avec lui. Ça aboutissait à des trucs géniaux. J'aimais cette façon de fonctionner.
 
Et maintenant, le processus créatif est-il différent ? 
Sur les prochains titres, j'ai vraiment pris les rênes. C'est le même processus, mais pas avec les même personnes. Nos différences, par rapport de notre histoire avec Poulpe, sont vraiment très faibles. Ce n'est pas flagrant. Les fans des Rois de la Suède ne verront pas la différence. Pour revenir au processus créatif, car là est ta question, ça devient plus un projet global.J'aimais bien faire des trucs seul dans mon coin avant de les proposer. Genre, maquette puis musiciens. Là, on a composé vraiment ensemble pour se diriger vers un truc plus rock. Autant dans le rythme que dans l'énergie comme les Wampas ou Offsprings.

Parlons un peu du nouvel album. Il a été fait un peu comme un live quand on l'écoute. C'était l'une de ses fonctions premières : le présenter sur scène avant tout ?
Il y a eu une vraie évolution. Le premier, on l'a travaillé dans ma chambre, avec des enregistrement sur des boites à rythme, sans vrai batteur. Le deuxième, comme on a beaucoup tourné, on a pris une base plus live en effet. Il est encore plus live, plus proche de ce qu'on fait devant un public. 

On est loin de la comédie musicale sur Top Gun (NDRL : sur le premier album, un deuxième cd offrait la possibilité de découvrir la comédie musicale sur le film culte de Tony Scott)…
Oh oui ! Le projet de départ était d'ailleurs de faire une comédie musicale. Poulpe n'était pas un grand chanteur. On voulait donc monter Top Gun sur des scènes de Café Théâtre. Tout était prêt, comme les déguisements, etc…Un vrai spectacle naissait. Puis, l'idée est tombée à l'eau et on a enregistré notre premier album, d'ailleurs nommé Best Of volume 1, et on a décidé de la mettre sur un disque additionnel. On voulait oser quelque chose avec ce premier album, même si cela aurait pu être le dernier.

Tu sens une évolution dans ta musique, entre les Fatals Picards et les Rois de la Suède ?
C'est un peu pareil pour moi. Fondamentalement, je ne pense pas avoir tellement changé. Certains disent que ça n'a rien à voir dans la direction musicale. L'apport de Poulpe a été primordial. Mon écriture s'est aussi adaptée à la musique. Il y a de gros points communs, surtout sur le second opus.

A l'époque des Fatals Picards, tu avais expliqué ta lassitude par rapport aux tournées. Pourtant aujourd'hui, tu enchaînes les concerts avec les Rois. Tu as retrouvé un certain plaisir ?
C'est toujours comme ça chez moi. Je ne veux plus tourner. Je préfère mourir qu’enchaîner les dates. Et puis finalement, on recommence, et là je trouve qu'on tourne pas assez. J'ai trouvé chez les Rois de la Suède une complicité, alors qu'avant c'était plus difficile. Étant le créateur des Fatals, j'étais trop directif, trop chiant. J’étais un peu couillon, c’est comme ça. J'ai donc corrigé le tir pour prendre vraiment du plaisir sur scène et en dehors. 

Avec les Rois, tu abordes tous les sujets. Te poses-tu des limites thématiques ?
Il n'y a pas de limite du tout. Là, on va faire un truc spécifique sur l'Europe. J'écris au hasard de  la vie, sur les petites choses qui me font réagir. Il n'y aura, je crois, jamais de limite.
 

En juin dernier, vous avez fait le buzz autour du premier extrait de l'album «  Ta liberté de voler ». C'était un sujet important à aborder ?
On voulait toucher quelque chose d'assez fort. Le sujet est assez virulent mais c'est pas notre clip le plus vu, surtout quand tu parles de buzz. Socialisme ou My Space tu vas Mourir ont été vus plus de fois. En tout cas, c'était un sujet qui nous tenait à cœur. On voulait évoquer l'hypocrisie autour du téléchargement et de la complexité des artistes de vivre aujourd'hui. L'hypocrisie est tel que ça en devient énervant. Je télécharge moi même mais j'ai acheté des disques avant, et je continuerai toujours. La mauvaise fois qui entoure le téléchargement est rageante. On avait envi d'en parler. Ça ne rend pas service aux artistes le téléchargement. Un disque, à faire, coûte cher. Surtout pour des indépendants. Et il faut arrêter de dire que dans notre époque, on peut tout prendre gratuitement car c'est une liberté. Il y a des clichés autour des majors avec beaucoup de trucs pourris mais il y a aussi des petits artisans. On a besoin de ça pour continuer de jouer. Bref, c'est très difficile, dans les deux camps, de se défendre. Et puis, le mot partage est un mot fort et un peu pédagogique. Comment veux-tu lutter contre ça ? On a pris une position pour défendre les petits groupes comme nous qui galèrent à vivre de la musique.  

 
Quel est l'avenir des Rois de la Suède ?
Donc, il y aura un EP en novembre puis un nouveau au mois de mai prochain. On essayera de réunir les deux sur un support physique en septembre 2013. On doit continuer malgré le départ de Poulpe. Et puis, il y aura un clip très provocateur en novembre. J'espère que les gens comprendront et prendront autant de plaisir que nous.
 
Les rois de la Suède à la Dynamo
Samedi 3 novembre à 20h30
Tarif : 15 euros
 

Vidéo. Les Rois de la Suède – Ta liberté de voler


Les Rois de la Suede – Ta liberte de voler par LesRoisdelaSuede

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