lundi , 6 mai 2024

Interview – Tryo, un groupe solaire à Toulouse

 

Le groupe Tryo sera de passage à Toulouse vendredi soir où il présentera son nouvel album "Ladilafé". Rencontre avec Christophe Mali et Manu.

C’est dans une ambiance très décontractée que nous avons pu discuter avec Christophe Mali, une des voix de Tryo et Emmanuel Eveno, dit Manu, guitariste du groupe. En attendant de les voir sur la scène du Zénith de Toulouse,  nous revenons avec eux sur leur approche engagée, leurs collaborations récentes, mais aussi passées et leur succès grandissant. Une semaine seulement après sa mise en vente, Ladilafé est déjà numéro un du Top Albums en France.

Quand on pense à Tryo, on pense à vos chansons à la fois drôles et engagées, ce nouvel album est-il dans la veine ?
Manu – Ce n’est pas le concept de départ. La seule envie préconçue qu’on avait, c’était d’avoir un album rythmé, fait pour la scène. Après les chansons qui en sont sorties se sont avérées être engagées sur la politique ou l’écologie.

L’écologie est d’ailleurs un thème que l’on retrouve dans la plupart de vos albums.
Manu –  Oui c’est vrai, c’est un sujet qui nous tient à cœur. C’est un thème que l’on retrouve surtout dans la chanson « Greenwashing », écrite par Christophe. Mais pour ce morceau, on a choisi un angle différent, qui n’avait pas encore été traité. Celui du marketing autour de l’écologie, qui est finalement devenue un business.

Christophe – Ca fait aussi partie de l’histoire de Tryo, car on s’est rencontré autour de cette valeur-là, on est d’ailleurs tous adhérents à Greenpeace. Après ce qui est intéressant, c’est que la société évolue et il y a 15 ans, l’écologie n’était pas du tout sur le devant de la scène, comme elle l’est aujourd’hui. A l’époque, on passait pour des « hippies baba cools »(rires). Alors qu’aujourd’hui, l’écologie est devenue un argument de vente dont les publicitaires s’emparent.  Après, ça fait partie de nous et de ce qu’on a envie de défendre. Donc le thème est le même depuis nos débuts, seul l’axe a changé. Mais pour revenir à l’album, on aborde différentes choses, des sujets drôles, plus politiques, notamment avec la chanson sur Marine Le Pen ou  les Printemps Arabes. On parle aussi d’homophobie …. Cette diversité des sujets est aussi à l’image du groupe.

Il y a aussi des chansons plus personnelles, comme « Ladilafé », qui est également le nom de l’album. Vous pouvez nous en dire plus sur la signification de ce titre ?
Christophe – C’est un hommage à une femme qui s’appelle Patricia Bonnetaud, et c’est quelqu’un qui a beaucoup fait pour la musique car elle vient du milieu alternatif. C’est la première qui a signé Tryo, qui nous a portés et protégés pendant des années, comme d’autres groupes, La Rue Kétanou ou Mass Hysteria. Elle a aussi créé son propre label, Ladilafé Productions. « Ladilafé », c’est une expression réunionnaise qui signifie les ragots. Et ça voulait aussi dire « Elle l’a dit, Elle l’a fait ». Et comme c’est une petite fée qui nous a fait du bien, on a voulu lui rendre hommage, d’autant plus que pendant plusieurs années, elle s’est battu contre la maladie. Et même si aujourd’hui elle nous a quittés, ce morceau est un vrai hymne à la vie, très solaire et lumineux. Mais c’est vrai qu’avec cette chanson on entre dans l’intimité du groupe.

On sent sur cet album comme un virage musical, plus marqué sur des chansons comme « Jugement sans appel ».
Christophe – Alors oui, à nos débuts on avait cette étiquette de groupe qui jouait du « reggae acoustique », à trois voix, et c’est toujours le cas.  Mais au fil des années, on essaie de surprendre. C’est pour ça que dans cet album, on trouve des sons orientaux, d’autres électro. Sur certains morceaux, on voulait un côté plus urbain, comme sur « Nos Générations », c’est d’ailleurs pour ça qu’on a travaillé avec DJ Catman, anciennement DJ Shalom, qui a notamment assuré pas mal de tournées de Matthieu Chédid (-M-). Au départ, il était venu juste pour poser des scratchs sur un titre, et puis, on fait la connaissance d’un super musicien ! Du coup, on a voulu qu’il reste et il a rajouté des platines sur « Greenwashing ». Il a également posé ses arrangements sur « Jugement sans appel ». Et puis ces différentes couleurs musicales nous permettent de nous renouveler, de ne pas s’ennuyer, même si les fondations, elles, ne bougent pas.

Vous avez à nouveau collaboré avec Ibrahim Maalouf pour cet album ?
Christophe – Oui, il est venu pour poser sa patte sur « Printemps Arabe », mais c’est vraiment quelqu’un qu’on adore humainement et musicalement. On a également travaillé avec Vincent Ségal, avec qui on bosse depuis plusieurs années déjà, notamment sur les arrangements des cordes et ça se passe toujours aussi bien.

Chaque membre du groupe apporte aussi ses influences et sa touche personnelle pour composer ?
Manu – Oui, mais on a aussi des passerelles communes, notamment sur la chanson française. On écoute beaucoup Higelin, Gainsbourg et Thiefaine. On est aussi d’accord sur des hommes de lettres ou des gens engagés. Je pense notamment à Coluche. Au niveau international, Bob Marley, évidemment. Il y a aussi la musique sud-américaine et du monde en général.  Après, c’est une chanson qui nous emmène dans un univers sonore. Dès qu’on pense à une thématique, on cherche ensuite un cadre.

Plus de 15 ans après la formation du groupe, quel regard portez-vous sur votre public et son évolution ?
Christophe – On se rend compte que toutes les générations viennent voir nos concerts et on trouve ça génial, on en tire même une certaine fierté. Après, c’est le public qui s’approprie nos chansons, qui réagit bien quand nos titres passent à la radio. On est super fiers de savoir que certains ont grandi avec notre musique,  que d’autres, qui avait raccroché, se sont mis à nous écouter à nouveau, ou encore les plus jeunes qui nous découvrent juste maintenant. C’est génial, mais on n’a pas d’emprise là-dessus.

Manu –  Il n’y a que sur nos lives qu’on pense peut-être maîtriser plus les choses.

Justement, vous allez bientôt partir en tournée, comment la préparez-vous ?
Christophe – On essaie de ne pas faire un concert où on enchaine juste les morceaux. Ce qui est important, c’est de planter un décor tout en se rapprochant des gens. L’idée c’est d’offrir 2h30 de spectacle où tu surprends par la scénographie, le nombre de personnes sur scène etc. D’ailleurs, DJ Shalom sera avec nous sur scène. Sans tout dévoiler, on peut vous dire que pour cette tournée on sera  « entre ciel et terre », il y aura            un côté urbain, un autre plus aérien. On travaille ça en ce moment et c’est un vrai plaisir. Parce qu’on sait aussi qu’on est attendu. Il y a eu la tournée avec les plantes, l’autre avec le cirque, pour la prochaine … vous verrez !

Pour finir, quelques mots peut-être sur Toulouse ? 
Christophe – On pense à Zebda forcément. C’est un groupe qu’on aime beaucoup et avec qui on partage les mêmes valeurs. Malheureusement, on n’a jamais eu la chance de travailler avec Nougaro, autre artiste emblématique d’ici. On a aussi de bons souvenirs  à Toulouse, je pense notamment au festival « Ca bouge … encore » organisé par TactiKollectif,en 2001. A cette occasion, on a partagé la scène avec Zebda, Noir Désir et Manu Chao, c’était en soutien aux victimes d’AZF, pour la bonne cause.

 

 

Tryo sera en tournée dans toute la France à partir du 17 octobre et au Zénith de Toulouse le 7 décembre, à 20h. Tarif : 34 – 37€.
Réservations : 05 62 73 44 77 – www.bleucitron.net

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