vendredi , 26 avril 2024

Interview- Mandarine, un zest de rap et des arômes de talent !

Le groupe Mandarine affute sa musique dans l’excellent « tranquille, calme ». Un EP plus intime, plus touchant marquant une nouvelle étape. Martin Prince et Docteur Chill ont accepté une interview avant le Weekend des Curiosités. Rencontre.


Mandarine, un nom mystérieux pour un groupe qui l’est tout autant. Prods riches et originales, rap tranchant et poétique, la musique des toulousains ne vous lâche plus dès lors que vous avez jeté une oreille dedans. En 2023, Mandarine est de retour avec un nouvel EP « tranquille, calme ». Tout un programme. Un programme offrant une nouvelle étape à la bande de Docteur Chill, Martin Prince, Ximun et Arnaud Beyney.

Le groupe sera sur la scène du Weekend des Curiosités ce vendredi soir. Rencontre avec des toulousains qu’on a hâte de découvrir sur scène au Bikini !

Vendredi, vous êtes sur la scène du Weekend des Curiosités. On se prépare comment pour une date à la maison ?

Martin : En vrai, on est grave content de faire ce concert, ça fait un moment qu’on avait envie de passer aux Curiosités.  C’est le moment. C’est parfait et ça se prépare tranquillement. Là on est en répètes actuellement et on est assez serein.

Quel est votre rapport avec le Bikini ? Et le week-end des curiosités ?

Julien :  Je suis Toulousain donc j’y suis déjà allé, et franchement à l’époque, je ne m’imaginais même pas que j’allais y jouer. Avec le Bikini, le rapport est excellent puisqu’on y a joué plusieurs fois et à chaque fois on a été super bien accueilli, que ce soit pour les conditions techniques ou pour l’accueil, les loges, la bouffe, c’est incroyable. C’est une salle mythique pour un jeune Toulousain, c’est un truc de fou de jouer là-bas.

Martin : Encore plus aux Curiosités où c’est vraiment un rendez-vous hyper marquant de cette salle.

D’ailleurs la scène représente quoi pour vous ? C’est un moment précieux, très attendu ?

Julien :  Franchement c’est un des meilleurs moments. Après, il y a des concerts qui se passent mieux que d’autres, il y a des ressentis meilleurs que d’autres sur des concerts, mais en tout cas, là je parle personnellement, ce sont les meilleurs moments que je passe. Pour le projet Mandarine, la scène c’est important, parce que le public nous a connu surtout grâce à la scène. Dans l’univers dans lequel on évolue, c’est-à-dire le Rap, le fait d’avoir des shows live très travaillés comme on fait, c’est assez rare.  C’est une particularité, c’est un peu ce qui nous démarque…

« On a fait en sorte d’amener aussi ce nouvel univers dans le concert. »

Qu’est-ce qu’on va voir d’ailleurs sur scène vendredi ?

Martin : Olala, il va y avoir des trucs de fou. Vendredi ça va être une demi-heure assez compacte où il y aura un peu un aperçu assez large de ce qu’on peut faire, avec des surprises qu’on est en train de travailler dont des nouveaux morceaux .

Julien : On va jouer des morceaux de l’EP qu’on vient de sortir, et on va ajouter dans la formule des éléments qu’on n’avait jamais eu jusqu’à présent sur scène pour l’occasion. C’était important de renouveler au moins le show en sachant qu’on venait de sortir de projet là et on sait qu’on a du public qui a écouté ce projet, qui attend d’entendre ces chansons-là en concert.  On a fait en sorte d’amener aussi ce nouvel univers dans le concert.

Vous avez une musique très travaillée. Il est difficile d’adapter les morceaux pour la scène quand on les a composés pour le studio ou certains morceaux sont réfléchis pour la scène ?

Julien : Très bonne question franchement, le truc c’est que nous on travaille quand même pas mal avec le numérique, et du coup ça n’a jamais été simple de réarranger nos morceaux pour la scène. Souvent, avec une interface numérique on peut se permettre de superposer plein de pistes, on peut faire comme si on était 30 dans le groupe, et ça c’est quelque chose qu’on ne peut pas du tout faire lorsqu’on est sur scène, donc il y a eu beaucoup de morceaux qu’on a été obligé de réarranger. Cela dit, on a composé certains morceaux en pensant beaucoup plus à la scène et donc ça a été plus évident pour certains morceaux de les réarranger. Notamment les morceaux qui nous ont permis de nous faire connaître sur scène, des morceaux très dynamiques etc.. Là, l’EP qu’on vient de sortir, justement, il s’éloigne complètement de ça, on s’est mis aucune contrainte au niveau du traitement numérique, la superposition des instruments etc… ce qui fait que c’est des morceaux qui sont beaucoup plus difficiles à retranscrire sur scène.

Petite fiche d’identité. Comment est né le groupe et pourquoi ce nom « Mandarine » ?

Martin : Le groupe est né en 2018, en gros c’est Julien «  Docteur Chill » et moi. On s’est rencontré dans nos études, on a commencé à faire du son ensemble et on a capté un feeling. Julien m’a bien poussé à développer ma musique. Du coup à la fin des études, on s’est dit que ce serait cool quand même de faire un projet ensemble, de continuer. De là est né Mandarine. On a sorti notre premier morceau en juin 2018, et  notre premier concert en septembre de la même année, où Arnaud, le guitariste, a rejoint la formation. Deux, trois concerts plus tard, Simon, saxophoniste a rejoint également la formation .

Et le nom « Mandarine » ?

Martin : Est-ce qu’il tue ce nom, on est d’accord ? Voilà c’est pour ça.

La création dans le groupe, ça se passe comment ? Qui apporte les idées ? Est-ce que c’est démocratique comme exercice ou pas du tout ?

Martin : Bonne question… Enfin ce sont des questionnements qu’on s’est pas mal posés là-dessus aussi. En gros c’est Dr Chill qui est à la direction artistique du projet, et  c’est surtout lui qui donne la direction, qui a les idées etc… Dans ce contexte-là, on va apporter nos expertises, nos éléments : Simon au saxophone, Arnaud à la guitare basse, moi au rap et aux textes et aux vidéos aussi. Mais du coup on discute beaucoup, c’est quand même démocratique dans le sens où, s’il y a vraiment quelque chose qui ne plait pas à quelqu’un, ça ne restera pas.  C’est quand même Julien qui a beaucoup ce rôle de lead et de visionnaire.

Et pour les thématiques, elles naissent au fur et à mesure ?

Julien : On fait des morceaux et après on les rassemble un peu par thématique. Sur le dernier EP on savait qu’il y avait une ambiance comme ça qu’on avait envie de travailler, on avait déjà fait quelques morceaux qui s’y apparentaient. Du coup, on en a fait d’autres en sachant qu’on voulait aller dans cette ambiance. On crée des trucs et après on se rend compte qu’il y a des atmosphères qui ressortent, et quand on repère ça, on les travaille dans un même projet, enfin là c’est ce qu’on a fait pour nos deux derniers EP.

Évoquons ensemble ce dernier EP. On sent une évolution dans la continuité, comme si vous aviez trouvé une direction, passé une étape. Est-ce l’idée de l’EP de s’imposer un peu plus ?

Julien : Une étape oui. Je pense que c’est un EP où on a réussi à synthétiser des influences musicales, ce qu’on fait depuis le début mais je crois que c’est la première fois qu’on synthétise ces influences musicales et ces procédés de façon aussi fluide. C’est clairement notre projet le plus abouti, et je pense que c’est parce que justement on a réussi. Dans la production je m’inspire beaucoup de musiques urbaines contemporaines, là je pense que c’est la première fois que, vraiment, je me permets de complètement traiter tous les instruments, toutes les voix comme à la mode de maintenant et du coup aussi la première fois où on ne se met pas la contrainte de créer des morceaux qui seront faciles à réadapter en live.

Je vous trouve aussi optimiste, il y a quelque chose d’assez lumineux par moment. Comme une ascension vers la lumière, ce vers quoi vous tendez ?

Martin : Oui il y a cette thématique-là qui s’est dégagée notamment dans les textes de l’EP. Dans les autres EPs, il y avait quelque chose de beaucoup plus de l’ordre du délire ou de l’histoire, de la fiction. Ici, les textes vont dans l’introspection, évoquer l’élévation ou des choses assez philosophiques, assez spirituelles. Il y a aussi un step  de ce côté-là.

Et quelle est cette « lueur au fond qui brille », en référence au premier titre de l’EP ?

Martin : Ça c’est la foi, tu peux appeler ça la foi… En fait les gens religieux, ils appellent ça la foi, même moi qui ne suis pas religieux j’appelle ça la foi. C’est un peu l’amour, l’intuition… Après chacun le voit comme il le veut mais pour moi qui l’ai écrit c’est vraiment ça, c’est genre l’énergie que j’ai en moi qui m’aide à faire les bons choix, à sentir où je dois aller. Ce truc indescriptible qui fait que tu restes dans le droit chemin même dans les trucs les plus durs.

L’envie de réussir aussi ?

Martin : Oui, après nous  sommes pas dans cet état d’esprit. Alors bien sûr on a envie de réussir dans la musique et tout, mais c’est pas vraiment de ça que je parle dans ce morceau, c’est vraiment quelque chose de plus profond qui touche plus au sensible. C’est ça qui est cool, c’est que dans cet EP on s’est complètement détaché d’un truc qui est très présent dans le Rap qui est : on a la niak, l’envie de réussir, on baise tout. ça ne veut pas dire qu’on n’est pas des gens déterminés, mais dans cet EP là on n’a pas du tout exprimé ces choses-là, je pense que c’est pas ça qu’on avait envie d’exprimer.

Quelle partie du Rap vous intéresse ? Le côté politique, les mots, le flow… 

Julien : On aime le Rap jusqu’au bout. Moi je suis beat maker, donc la musique Rap, les instrus Rap c’est quelque chose qui me fascine et qui continue de me fasciner sur toutes les époques du Rap, jusqu’à des trucs qui ont été fait très très récemment, c’est absolument fascinant. Jouer avec les mots…

Martin : Dans différentes langues, on est vraiment tous des kiffeurs de Rap dans le groupe. On va tpouvoir prendre des morceaux très égo trip, des trucs très dans les codes du Rap qu’on peut connaître, comme cette nouvelle génération du Rap qui arrive aussi et qui a un propos qui est beaucoup plus actuel et beaucoup moins masculiniste. Cette nouvelle scène qui est beaucoup plus dans du sensible et dans de l’expression personnelle. Ça ne va pas nous empêcher de prendre un gros morceau de Booba classique. On kiffe le Rap dans son ensemble. Mais en tout cas, je suis assez inspiré par cette mouvance un peu globale qui est dans le Rap en ce moment qui du coup voilà n’est plus des textes Egotrip, de qui baise qui, de qui est le meilleur, voilà des fois c’est trop bien, j’aime trop faire ça mais là pour le coup c’est quelque chose de beaucoup plus… d’introspectif, de personnel et en ce moment voilà c’est quelque chose qui se développe pas mal dans le Rap et forcément ça m’inspire aussi.

 La suite : Une tournée, quelques dates cet été ?

On prépare la tournée oui. Pour un autre EP ou album, ça on verra, parce que déjà là on a sorti cet EP « tranquille, calme » et on aimerait bien aussi quand même pouvoir le promouvoir encore quelques temps. On va continuer à faire du son entre nous, peut-être pas refaire un projet tout de suite. On prépare un nouveau show aussi qu’on aimerait pouvoir exploiter, voilà l’année prochaine, et donc voilà c’est un peu ça les nouvelles dynamiques dans lesquelles on se met.

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