vendredi , 26 avril 2024

Interview – Irma : « Je n’ai pas la prétention d’être une artiste engagée »

Force. Fragilité. Sourire. Voilà quelques mots pouvant résumer à première vue la chanteuse Irma, en concert ce jeudi à Toulouse. Mais c'est bien plus que cela. Comme l'indique son dernier album "Faces", Irma possède plusieurs facettes. Aussi bien humainement que musicalement. Rencontre !
 
Si jeune, un deuxième album, c’est un départ extraordinaire dans le monde la musique pour toi ?
Même moi, je me pose et je me demande à quel moment ça s’est passé. Ça fait d’autant plus peur que plus c’est rapide plus faut faire attention.
 
Est-ce que tu aurais eu un départ aussi brillant sans l’aide du label My Major Company ?
Avec des « si » on refait le monde (rires). J’ai eu la chance d’avoir rencontré un label aussi libre pour donner la parole à des gens qui n’ont rien à voir avec la musique. Ils m’ont aidé et permis de faire un album. Je ne sais pas si avec un label classique il se serait passé quelque chose ! Il y a eu vraiment une étincelle avec My Major !
 
Vitesse supérieure. Tu es partie faire ce nouvel album « Faces » toute seule. Tu as tout lâché pour partir à New York, pourquoi ce choix ?
En fait, j’aurais pu partir ailleurs. Mais à la fin de la tournée précédente, j’ai ressenti un gros vide. J’ai eu peur de rester au même endroit pour cogiter. Je me suis dit qu’il fallait que je continue de bouger. Un peu en Europe, un peu par ci, par là. Puis j’avais besoin de trouver un endroit inconnu, où je ne savais rien du lieu. C était ça qui me permettrait de retrouver l’inspiration.
 
Qu’est-ce qui t’as inspiré au final ?
Le quotidien des gens et de la ville. Je voulais casser avec la création par transcendance. Là, l'inspiration c’est la pierre, c’est tout ce qui m’entoure ; ce qu’on a tendance à banaliser et qu’on oublie mais qui est si important. J’avais besoin d’aller filmer n’importe quoi, comme des rayons de lumière, des couchers de soleil…
 
L’inspiration vient donc de New York ?
Je crois oui, mais c’est aussi la tournée et ces six dernières années. Mais New York a été l’étincelle pour faire ressortir ça. Car dans l’album, je parle du fait de bouger et que le bonheur est ailleurs mais finalement si proche.
 
Les textes de cet album sont à la première personne. Est-ce un miroir de ta propre vie ajouté à ça de nombreuses rencontres ?
Oui c'est ça ! Mes expériences, mes rencontres, ont permis de répondre à certaines questions sans jamais les résoudre. Une sorte d’introspection grâce aux autres. Un véritable miroir.
 
Musicalement, « Faces » est plus travaillé au niveau des mélodies. Moins roots. Pourquoi ce choix ?
Je ne sais pas si c'est un choix. Mais il me paraissait essentiel d’up grader les choses. D'aller au bout des choses. Pour le premier album, j’avais été un peu frustrée car les chansons existaient en guitare voix et il fallait les arranger sans les dénaturer. Donc c'était difficile de faire de nombreux travaux de recherche. Là, pour Faces, je partais de rien. Je pouvais faire ce que je voulais. Quitte à faire ce que je veux, autant prendre le temps d'aller chercher le son qu’il faut, les influences… L'école américaine m’a aidé car il ne faut pas faire d’erreur car on n’a pas le temps mais ça apprend à être précis. D’où, l’intense travail autour de cet album.
 
Tu es originaire du Cameroun, est ce que cela t’as influencé ? 
Oui, dans les rythmiques notamment. Même dans les mélodies. C'est pas des influences évidentes mais elles y sont. Je suis allée chercher notamment dans l’ouest du Cameroun. Dont je suis originaire. J'aime bien les mélanges de genre. 
 
Envie d’y aller le défendre ?
Ils suivent mon parcours là -bas. Mais j’aimerais y mettre les pieds pour y défendre cet album. D'ailleurs une date est prévue pour 2015. Au-delà du Cameroun, j’ai envie d’aller dans les pays voisins. Je sens que cela va être un moment assez fort.
 
Quel message aimerais-tu qu’on constate avec cet album ?
Pas de prétention avec cet album. Je dis des choses qui me touchent avant tout. Je n'ai pas la prétention d’être une artiste engagée. Comme « Hear me out », c‘est une chanson forte qui me parle beaucoup et qui retranscris l’injustice que je vois. J’aime en parler comme pour « I Know ». Le message serait de dire ce qu’on a dire quand on doit le dire. Et s'ouvrir !
 
« Trouble maker » est un vrai soleil dans l’album. Elle n’était pas prévue au départ non ?
L'album était prêt. Puis, j’ai réécouté des maquettes que j’avais faites à New York. Je suis retombée sur « Trouble maker ». Je me suis alors posée la question de savoir pourquoi je ne l’avais pas mise. Puis en réécoutant l’album, je trouvais qu’elle n’avait pas sa place dans « Faces ». Finalement, pourquoi pas !
 
As-tu déjà envisagé de chanter en français ?
Moi je suis très très exigeante avec le français. Je le sentirais quand je serais prête ou fière d’un texte dans cette langue. J'écris beaucoup en français mais pas assez fière de ce que j’écris pour chanter. En attendant, je reste dans ce que je sais faire.
 
Tu seras donc sur scène. Que verra-t-on à Toulouse ?
Il y aura une bonne partie de cet album. Il y aura des reprises car je me suis fait connaître avec des reprises. On est quand même six sur scène. Ça tourne avec des choses très produite et parfois très épurées où je suis seule avec ma guitare. Ça m’aide d’avoir les musiciens. J’ai beaucoup tourné seule avec la guitare. Elle était une protection pour moi. Et là, lâcher la guitare et être entourée de musiciens, c’est une véritable liberté.
 
Tu as eu deux bons maîtres pour la scène : Diam’s et M. D’ailleurs, ce dernier pose sa guitare sur l’album. Comment est née cette collaboration ? 
J’ai appelé M pour lui proposer de participer en me disant qu’il n’aurait peut-être pas le temps. Au final, il a accepté. Je me trouvais à côté ; c’était incroyable. Tous ce que je sais de la scène c’est eux qui me l’ont apporté. Qu’il fallait être totalement décomplexée et que la scène est l’endroit où tu présentes tes chansons dans leur fragilité et leur force. C'est juste une interaction forte entre le public et l’artiste. Diam's et M ont cette force. Deux bêtes de scène.
 
Tu reviens ce jeudi à Toulouse. Que t’inspire cette ville ?
Je connais parfaitement Toulouse, j'y ai joué plusieurs fois, notamment au Bikini. Ma dernière date était au Connexion Live où j’ai présenté de façon intimiste ce nouvel album « Faces » en octobre 2013. Je l'avais annoncé uniquement sur ma page Facebook. C'était une tournée acoustique toute seule sur scène. L'album était encore en chantier. Mes rapports avec Toulouse sont chaleureux. C'est un public, je trouve, incroyable. La date au Connexion Live me laisse un souvenir assez fou.
 
Enfin, quels sont tes projets pour la suite ?
La tournée à fond. Pourquoi pas un album rapidement ! Je suis assez inspirée actuellement. Je compose dans tous les sens sans jamais savoir où cela mènera. Beaucoup de collaborations aussi avec des artistes découverts sur Youtube. Des artistes de tout genre. D’abord la tournée, avec une vraie tournée qui en mettra plein la vue. J’ai du mal à voir sur le long terme.
 
 Question un peu mesquine mais que penses-tu d'Irma ?
C'est compliqué. Ça fait un peu mégalo. Je retourne la question… (rires) Je ne comprends pas ce qui lui arrive, et j’espère rester à la hauteur pour la suite.
 

Irma,
au Bikini de Toulouse le 6 novembre 2014

Réservations sur www.box.fr ou au 0534311000

 
 
 

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