lundi , 21 juillet 2025

Interview : La rentrée du Connexion Live vue par son programmateur

Le Connexion Live fait cette semaine sa rentrée avec plusieurs rendez-vous marquants. A cette occasion, Toulouse Blog fait le point avec le programmateur de la salle toulousaine, Matthieu Narbonne.
 
Avec 25 dates par mois en moyenne, des expositions, des concerts et du clubbing, le Connexion Live a pris sa part du gâteau à Toulouse. A l’occasion de la rentrée de la salle toulousaine, avec les concerts de JC Satan ou encore de Connan Mockassin, on a rencontré son programmateur, Matthieu Narbonne.  Ce dernier fait le point sur la saison passée, et se projette déjà vers l’avenir.
 
A la veille de la rentrée du Connexion Live, c’est un peu l’heure du bilan de l’an dernier. Comment le juges-tu ?
Le challenge était de proposer une salle de spectacle en centre ville avec une bonne qualité sonore et d'accueil. L'an dernier on était en plein travaux avec deux loges artistes, on a fait le plein d’aménagements du lieu tout au long de l'année. On a pu mieux appréhender l'outil et le faire découvrir au public. On a été sur une grosse dynamique avec en moyenne 25 dates par mois. Avec des périodes plus importantes. Une véritable programmation de salle de concert, avec un attachement sur la diversité musicale. Et accessible en terme de prix. La partie clubbing a pris une nouvelle dimension avec des organisations, jouant d’habitude au Bikini ou dans les festivals, qui ont investit la salle avec l'aide des associations toulousaines.
 
Les associations toulousaines, d'ailleurs, se sont bien fait à ce nouvel outil de travail ?
Elles se sont bien approprié le lieu tout en proposant des artistes de qualité. C'est ce qui manquait aujourd'hui, une salle de 500 places pour proposer des artistes importants. Le lieu reste très hybride avec sa terrasse mais s'affirme en tant que salle de concert.
 
La terrasse reste un atout ?
Oui, on l'a vachement développée cet été en tournant le Connexion vers du mix. On a donné quelque part un peu de la salle au public avec les soirées « Viens passer tes vinyles ». Il y a eu une écoute entre eux assez sympa. Et, on a pu remarquer que les toulousains étaient vraiment attachés au lieu, au mobilier,… On a fait un véritable travail en interne pour offrir un véritable lieu.
 
Selon toi, le Connexion Live est désormais ancré dans la vie des toulousains ?
On peut dire ça comme ça ! Après pour moi, c'est un effort de tous les jours. On est de nombreux salariés, une véritable équipe, donc il faut que le lieu tourne. Mais la recette de l'an dernier, qui était basée sur l'éclectisme, entre les découvertes et des artistes plus confirmés, a fidélisé un public tout en l'ouvrant à un autre. C'est un peu la même recette qu'on met en place cette saison. On est assez fier du lieu en soi. Il y a très peu de clubs en France, du style londonien ou berlinois. On rentre directement dans des salles de concert ou café-concert. On est cet endroit hybride entre le club et la salle de concert.
 
Après le festival Groland ou encore la date de Crocodiles, la saison commence dès cette semaine. Quelles sont les nouveautés de la rentrée ?
On a voulu commencer par un mois de septembre assez punchy, avec une semaine labellisée « Connexion en mode festival » où on va proposer Connan Mockassin, de retour avec un nouvel album, accompagné de Moodoid, dans la lignée de François and Atlas Mountain. Après, jeudi, l'apéro de rentrée du Connexion avec un panel des DJ qui seront là toute l'année. Le vendredi, on accueille JC Satan, des bordelais un peu déjantés dans la lignée du rock psyché et du garage. Enfin, le samedi, on relance les Découvertes du Connexion où des artistes locaux, nationaux et internationaux se côtoient sur scène. Pour cette première de la saison, on aura Hypnolove, Action Beat et Mehari. On rentre véritablement dans la saison.
 
Une rentrée dans la diversité, à l’image du lieu en clair.
Oui tout à fait. Je pense qu'aujourd'hui la musique ne se concentre plus sur de petites niches mais émerge de la diversité. Il y a un accès à l'écoute illimité. On obtient un public différent avec des artistes qui ne se cantonnent pas à une même scène. Tout se croise! C'est un peu l'idée du lieu. 
 
Après les nombreux travaux de l’an passé, il y aura des aménagements sur le lieu cette saison ?
Il y aura des aménagements dans l'année. Notamment au niveau du jeu de lumière. En terme de son également. On pouvait reprocher au lieu son aspect trop éclairé. On va arranger ça avec un système de rideaux pour mettre un noir complet pour les artistes. Il y a un vrai frisson, pour moi, quand la musique s'éteint et le groupe arrive. Là, on l'aura réellement. 
 
A titre personnel, quels sont tes coups de cœur de la saison ?
Mon gros coup de cœur de la saison, c'est Savages que j'ai suivi sur plusieurs festivals. C'est quatre nanas avec la chanteuse de John and Jen qui se prend un peu pour Ian Curtis. Ça a vraiment une rage à la Joy Division avec son côté post-punk. C'est le gros rendez-vous avec cette co-production de Shabaz. Je suis assez fier aussi d’accueillir des artistes comme Bio Hazard, Chockeborre avec des artistes de légende. Il y a Heymoonshaker aussi. Et je citerais aussi Juveniles qui est un gros coup de cœur sur la scène musicale française. 
 
Le Connexion Live est la deuxième salle de concert au coeur de Toulouse avec la Dynamo. Comment se passe la cohabitation ?
On ne s'est jamais gêné. Je pense, au contraire, qu'il y a une véritable émulation entre les deux salles. Il y a un bassin toulousain assez large pour qu'il y ait de la place pour tout le monde. On tente de faire attention de ne pas se créer une concurrence sur des mêmes soirs. On aimerait même créer des actions ensemble. Nous, avec une salle de 500 personnes, on a des artistes plus en voie de confirmation que des artistes en réel développement. Pour moi, c'est un atout. Quelque part, en regardant les agendas culturels de Toulouse, il y a toujours quelque chose pour des publics différents. 
 
Économiquement, vous avez toujours des efforts sur l’attractivité et le prix des places. Comment se passe le statut économique du Connexion ?
On n’est pas subventionné par la Mairie car on reste une salle privée avec des équilibres économiques  très précaires. Sans des investissements importants, notre activité – même si elle se développe- ne pourrait pas survivre. On souhaite une pérennisation cette année. L'an dernier, on a connu une augmentation de 30%, ce qui est énorme par rapport au contexte. On fait hyper gaffe en termes de prix. Et on tient à une offre gratuite pour le rendre accessible pour que les gens s'approprient le lieu. On est vraiment sur une tension. Mine de rien, c'est le nerf de la guerre, et pour une vingtaine de salariés, il faut se battre. Je préfère 300 personnes pour un concert que 50 personnes. Dès fois on ne maîtrise pas…Quand on le fait, on le fait bien car c'est une vitrine. On le fait par passion donc on a envie de bien le faire. Après, on a un bar qui nous aide vraiment. En jouant sur plusieurs temps, on crée plusieurs sources de revenu. 
 
Comment se passe la programmation ?
Je la choisis entièrement, en relation avec les tourneurs et les artistes. J'en refuse, j'en déniche d'autres. Après, avec certains groupes, j'essaye de les aiguiller. On a 500 places au Connexion donc au lieu de remplir d'un tiers le Bikini, et avant de vraiment s'y projeter, je préfère qu'ils fassent leurs gammes chez nous. Et au contraire, s’ils débutent, on leur propose de jouer sur d'autres salles. Il y a une forme de développement de l'artiste qui est important et on doit aussi s'aider. On fait des choix, c'est comme ça.  Il y a un soutien d'artiste à notre échelle en invitant des personnes en première partie ou en co-plateau. 
 
Qu'est ce qu'on peu vous souhaiter ?
Tout aussi bien que l'an dernier, mais avec mieux. Il faut souhaiter qu'on continue de parler de nous. Que les gens viennent aux concerts, et que les gens et les artistes aient envie de revenir. Il y a de plus en plus une dynamique auprès des promoteurs qui ont de nouvelles idées pour le lieu. Nous on a envie de ça : c'est un loft de 500m² avec une terrasse chauffée où tout le monde peut cohabiter. Un bouillonnement artistique pour Toulouse !
 

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