jeudi , 28 mars 2024

Interview – Karim Duval, un humoriste de son époque !

Karim Duval présentera son deuxième seul en scène « Y » où il évoque notamment la génération Y ce mercredi 15 mars au Casino Barrière Toulouse. Rencontre avec cet humoriste au parcours singulier.

Après une carrière comme ingénieur, où se déroule parfaitement bien, Karim Duval prend gout pour la scène et l’humour. Ecrire, jouer, faire rire…l’humoriste trouve sa voie et nous emporte avec un premier spectacle « Melting Pot » puis un second « Y ». Dans ce dernier, il évoque la génération Y mais pas seulement. Il est question du monde du travail et de l’entreprise. Karim Duval n’a pas peur de parler de lui et de son changement de carrière dans une époque où les français sont de plus en plus nombreux à évoluer professionnellement.

Avant son passage toulousain, Karim Duval a répondu aux questions de Toulouseblog pour évoquer la scène, son spectacle, son amour de la ville rose et son avenir. Rencontre.

Mercredi 15 mars, tu présenteras au Casino Barrière ton deuxième seul en scène « Y ». Comment te sens-tu dans cette période de tournée ?

J’ai hâte. Je tourne depuis septembre, je joue pas mal en ce moment et au mois de mars en particulier. Toulouse n’est pas une date en plus car j’aime beaucoup cette ville. J’y ai joué à l’automne dernier, et j’en garde un souvenir génial. Mercredi, au Casino Barrière, la salle va être belle et j’attends beaucoup du public. J’ai donc très hâte.

Il y a un peu d’appréhension quand on monte sur scène malgré le nombre de dates ?

Non non, il y a du plaisir à monter sur scène. Surtout dans les dates comme ça. Et puis, quand on arrive chargé de souvenirs de Toulouse, on dit se dit que ça va être cool. Ça va être un beau moment.

Quel est ton souvenir de Toulouse ?

Le souvenir de Toulouse… c’est un public … je pense que j’ai fait une de mes meilleures dates avec ce spectacle à la Comédie de Toulouse. C’était en mars dernier –  il y a un an à peu près. J’ai fait une date, il y avait une ambiance de dingue, une ambiance électrique, on était connecté. Je sens qu’il y’a un truc avec Toulouse, peut-être parce que j’y ai vécu six mois, mais il y a une ambiance. Pour ce beau souvenir de scène, j’étais venu dans l’entre-deux tours des élections présidentielles donc c’était fin mars.  Il y a un bien-être et une bonne humeur qui se dégagent de Toulouse. Et ça se sent tout de suite sur le public. Il y a un public de dingue à Lille par exemple, mais Toulouse a un côté dingue. Il y a une espèce de simplicité dans le contact, dans le sourire, donc on a envie de venir jouer à Toulouse oui. On n’en garde que des bons souvenirs.

Tu évoques tes souvenirs de Toulouse et de cette date particulière. Mais, en général,  que représente la scène pour toi ?

Pour moi, la scène c’est un espace d’expression, de liberté. Un espace qui est privilégié, où on vit un truc unique. Où on vit dans le moment présent. Quand on est sur scène, on ne peut pas être ailleurs, on ne peut pas toucher le téléphone, on peut pas être interpellé par quelqu’un d’autre que quelqu’un qui est dans la salle et encore. On est en connexion directe avec le public :  c’est la raison d’être du métier être sur scène. On fait tout ça pour être sur scène et avoir des rires.  Ma raison d’être, c’est d’aller faire des spectacles, d’être sur scène. Tout le spectacle que j’ai écrit se met en place, malgré quelques moments d’improvisation. Et puis même le spectacle que j’ai écrit, il y a un moment je l’écris plus, je pense plus à l’écriture. Je pense à le vivre, à le jouer, être là quoi et ça c’est fort. Je suis avec les gens et c’est à la fois de la survie et de la jouissance en même temps parce qu’on avance un pas après l’autre, un mot après l’autre et les gens rigolent.

Il y a une espèce de simplicité dans le contact, dans le sourire, donc on a envie de venir jouer à Toulouse

On ne peut pas tricher…

S’il y a bien un truc avec lequel on ne peut pas tricher, c’est bien le rire oui. Ça passe ou ça casse et c’est pour ça que j’aime ce métier. C’est le côté immédiat du retour, contrairement à d’autres métiers où en général, on n’a pas de retour ou on a un retour 10 jours après en disant « ouais je suis désolé je t’ai répondu trop tard. » Il n’y a personne qui ne va pas rire et qui va m’écrire un mail 15 jours après en disant « désolé j’ai oublié de rire quand j’étais là » ça n’arrive pas ça.

Quelle est la part d’impro dans le spectacle ?

La part d’impro, elle est faible par rapport au spectacle, mais elle est quand même importante dans mon spectacle. Alors je ne suis pas un Kheiron clairement, mais je prévois des sessions d’impro dans le spectacle. Ce sont des moments d’interactions, des moments où je ne sais pas où je vais et j’adore. C’est la petite friandise, le petit moment d’incertitude, même si on n’est jamais certain des parties écrites, mais c’est un moment où je me sens vraiment bien et moi si je pouvais, je la ferais durer vachement longtemps. Mais il y a un moment où on prend en otage potentiellement 999 personnes parce qu’on parle à une personne. Mais l’improvisation renforce le moment présent. C’est un spectacle très écrit mais avec des petites fenêtres, on en profite quoi. C’est l’écriture qui tient le spectacle. Et l’impro vient le sublimer, le rendre vraiment vivant et unique.

Avant d’arriver sur le spectacle « Y », il y a eu 1000 représentations du dernier spectacle « Melting Pot ». À quel moment quitte-t-on un spectacle ?

Melting Pot, spectacle que je n’ai jamais joué à Toulouse d’ailleurs. C’est un premier spectacle ; c’est pour ça qu’on a du mal à le quitter. C’est pour ça aussi que je l’ai joué 1000 fois c’est parce que c’est un spectacle qui marchait bien, qui faisait rire. J’aurais dû le quitter bien avant. Mais c’est un premier spectacle, donc on a peur de le quitter. On s’y attache, c’est un peu notre patrimoine de blagues. C’est une espèce de spectacle un peu difforme parce qu’on a cherché à faire rire avant de raconter des choses vraiment, et on a cherché à faire rire pour se rassurer, donc on a du mal à le quitter. Puis dès qu’on le quitte, en tout cas dès qu’on joue un nouveau spectacle, on déteste l’ancien. On a qu’une envie, c’est de s’en débarrasser. Et c’est ce qui m’arrive en tout cas avec Y. J’avoue que pour le coup j’ai hâte, parce que je connais la sensation d’avoir un nouveau spectacle et j’ai hâte de lancer le prochain même si là j’ai la chance de faire une tournée de fin de Y. Je savoure vraiment la tournée, les gens, les impros, voilà c’est un tout que j’apprécie, mais c’est plus vraiment l’écriture que me surprend au bout de 300/400 représentations. Ce sont les rencontres. Et donc j’ai envie de continuer à écrire, j’adore ça pour proposer encore une nouvelle étape.

D’ailleurs, comment se passe le processus créatif ? A quel moment écris-tu ? 

Je réfléchis tout le temps. Trop. J’écris quand je peux et quand ça ne vient vraiment pas, je ne me force pas à écrire pour écrire.  Et après je n’écris pas que mon spectacle. Sinon j’aurais déjà un nouveau spectacle. Mais j’écris tout le temps, des vidéos, des projets et des scénarios.

 Ce sont les idées qui viennent d’abord ou ce sont les vannes ?

Ce sont les idées qui viennent d’abord. Après, il y a des vannes qui viennent. Je laisse poser, je pense aux idées, j’essaie de développer des trucs à partir des idées, et après je vais chercher des petites vannes qu’on a trouvées comme ça dans un coin sans queue ni tête et on voit où elles rentrent, et si elles rentrent c’est génial parce qu’elles viennent apporter un truc improbable sur une base plus profonde. 

Est-ce qu’il y a des sujets qui sont plus difficiles à appréhender ?

Pour moi oui. On essaye de progresser toujours dans le fait de se livrer, de montrer sa nature profonde, ses inquiétudes, ses craintes… c’est super intime donc on y va doucement mais on essaye, du moins j’essaye de progresser là-dessus. « Y » a été un grand bond par rapport au premier qui était un spectacle drôle, mais je me cachais quand même beaucoup derrière des personnages, des accents, des lumières…  Dans « Y » , je me livre plus sur ce que je suis, ce que je veux être, j’assume ce que j’étais avant en tant qu’ingénieur, alors qu’avant je l’assumais pas. Donc oui, il y a toujours des sujets difficiles, mais ce ne sont pas les sujets de société. Je pense que c’est important de se livrer, sans être égocentrique non plus mais livrer une partie de soi que ce soit implicitement ou explicitement. Ce n’est jamais simple, mais j’espère qu’avec la maturité on ose le faire de plus en plus.

Je pense que c’est important de se livrer, sans être égocentrique non plus mais livrer une partie de soi que ce soit implicitement ou explicitement.

On parlait du passé d’ingénieur juste avant. Comment est né le déclic pour monter sur scène et écrire des spectacles ?

Ce qui s’est passé c’est que j’ai découvert la scène et le fait d’écrire des blagues, de faire rire les gens. ça été un kiff de dingue et un gros coup de cœur qui est venu concurrencer une vie vraiment agréable.  Je n’étais pas dans le vrai, je sentais pas ce travail au fond. J’arrivais à progresser, à être bien vu mais au fond, sans me sentir vraiment bon. Je ne dis pas que c’est un travail bidon, je n’en ressentais juste pas la difficulté. Dans l’humour clairement un bide c’est une difficulté. J’avais envie de me frotter un peu à une forme de vide. Dans mon job d’avant, j’étais dans le digital et forcément quelquefois on brasse du vent, comme dans tous les boulots.  Donc je me disais : « qu’est-ce que tu fous là ? » Beaucoup de gens ont ce sentiment – et ça s’est accru encore aujourd’hui avec ce qu’on appelle les bullshit jobs que j’adore moquer dans mes spectacles, mes vidéos etc…

Le monde de l’entreprise c’est sans fin ? On peut s’en amuser tout le temps ?

Oui clairement. C’est sans fin mais après il faut toujours se renouveler dans la manière d’en parler. Je me rends compte que même plus de 10 ans après l’avoir quitté, il n’a pas vraiment changé. Il n’y a que le langage qui a changé. Et donc on peut se dire que les mentalités évoluent et tout ça, mais elles n’évoluent pas si vite que ça, et ça ce sont les travers humains. Et puis ce qui est drôle, c’est de rire de ces absurdités. De ce vernis qu’on rajoute à des choses qui n’évoluent pas si vite.

Tu réalises des vidéos sur Internet.C’est une écriture différente : Qu’est-ce que ça te procure ?

 Oui complètement. J’aime beaucoup la partie écriture et le tournage. J’aime bien ce format puisqu’on n’a pas le rire tout de suite. On voit les gens qui réagissent dans les commentaires. Le plaisir de faire une vidéo c’est de trouver un angle. Un angle qui n’a jamais été abordé pour tel sujet, qui soit original et qui me corresponde. Et puis maintenant que j’ai un peu trouvé mon créneau en tant que vidéaste, c’est plus facile de trouver des trucs qui nous correspondent donc c’est cool, on se dit qu’on est soi-même, on se forge une petite identité sur Internet et les gens sont contents de retrouver ça. Il y en a qui disent ça : « C’est ma Karim Duval de la semaine » et ça me fait plaisir. Ça fait plaisir à entendre. Après voilà c’est l’occasion d’écrire parce qu’on ne peut pas toujours écrire pour la scène. Mais mine de rien, ça nous oblige à écrire des blagues, aller chercher des choses, à nous surprendre en fait. Écrire des trucs marrants, c’est surprendre les gens et c’est se surprendre soi-même.

Comment analyserais-tu ton évolution dans l’écriture ?

Oui clairement. On sent une évolution parce que l’époque, la société évoluent. On évolue. On n’a pas le même âge. Je n’écris pas de la même manière à 40 ans qu’à 30. J’ai du vécu, et puis avec les exigences on écrit de plus en plus, on a des retours, on a l’expérience de la scène, donc oui l’écriture change mais au fond elle me ressemble de plus en plus.

J’aime bien parler des autres en parlant de moi.

Tu vas de plus en plus vers une mise à nu ?

Après ça ne veut pas dire que je vais me mettre à poil, mais j’aime bien parler des autres en parlant de moi. Parler de la société en parlant de moi. Après, moi je ne suis pas diseur de vérité, je ne suis pas un expert, je ne suis pas conférencier ou coach. Je vais exposer mon point de vue et naturellement je parle de moi. Après je vais parler de ce qui m’agace, ce qui me fait peur, ce qui me plaît et ce que je trouve absurde, ça c’est un point de vue singulier. Mais c’est vrai qu’on a tendance à oublier de dire, « je pense que ou ça n’engage que moi de penser que, tout ça ça m’énerve que, … »  . Je ne cherche pas à etre tendance sur les sujets qui marchent. Je veux juste être le plus vrai possible.

 Quelle est la suite dans les prochains mois ?

La dernière ce sera le 7 juin à l’Olympia. Et après ben après je vais commencer à lancer le nouveau spectacle à partir de l’automne. Donc je commence à l’écrire déjà et je teste des blagues en fin de spectacle. Je vais sûrement en tester demain à Toulouse.  D’ailleurs, pour la première fois, Je vais lire un texte en fin de spectacle. C’est important de se mettre en danger pour la suite et je veux le faire à Toulouse. Parce que j’aime bien le faire dans les lieux où je me sens à l’aise, et Toulouse est une ville où je me sens à l’aise. Donc c’est souvent une ville où je teste des trucs.

Et pour les derniers toulousains qui n’ont pas encore pris leur place, qu’est-ce qu’on pourrait dire sur ce spectacle pour donner envie de venir ?

Soyez à l’image de Toulouse : généreux, chaleureux, partants pour des événements cools. Non vraiment Toulouse c’est une ville où j’ai passé six mois, mais six mois qui m’ont marqué. Dites-leur : « on m’a dit que c’était drôle. »

Infos et réservations : www.bleucitron.net

Crédit photo : ©Caroline Bazin 

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