jeudi , 9 mai 2024

Interview : Anakronic Electro Orkestra sort des sentiers battus

Ce soir, les toulousains d'Anakronic Electro Orkestra livreront un live digne de leur musique : dansant et cérébral avec une dose de vitamine sous le "soleil" de Toulouse. Rencontre avec Mika, leader et fondateur de ce projet magnifique et sincère.
 
Entre le dub et la drum and bass, Anakronic Electro Orkestra transporte la musique klezmer sur des territoires inconnus. Ces 5 musiciens offrent un hommage vibrant et avant-gardiste à cette musique traditionnelle d’Europe de l’est. Depuis 6 ans, AEO n'a eu de cesse de se créer un passé imaginaire, le distordre, distillant leur musique faite d'instruments acoustiques et de machines en France et en Europe, en festival comme dans les salles rock et autres clubs.
 
Les cinq toulousains seront donc ce soir sur la scène du Port au Weekend des Curiosités de Toulouse. A la maison, en fait. A cette occasion, Mika répond à nos questions sur le projet, le concert de ce soir et le futur d'Anakronic Electro Orkestra.
 
Comment se passe cette tournée qui s’arrêtera à Toulouse vendredi soir ?
Super bien ! Il y a un superbe élan autour de nous depuis le début de notre tournée, même si on commence seulement. C’est un truc qu’on adore, avec le studio aussi. La semaine dernière par exemple on a offert un show avec des artificiers, et donc des feux d’artifice, ça avait quelque chose de fantastique. C’est le troisième qu’on a fait et on remettra le couvert le 14 juillet prochain à Saint Malo. C’est un projet à défendre mais qui reste plus difficile à vendre.
 
Il faut trouver d’autres moyens pour faire venir les gens en concert.
Oui et non ! On essaye d’avoir une imagerie sur scène car on reste un groupe instrumental. Lors de la précédente tournée, on a tourné avec 3 kakémonos (panneaux japonais). Pour le nouvel album, on a choisi 5 visuels, des changements de lumières à base de LED, ce qui correspond à plusieurs changements de couleurs. On essaie de créer une atmosphère sur le plateau. C’est donc important pour nous que l’image colle à notre musique.
 
Comment décrirais-tu l’univers d’Anakronic Electro Orkestra ?
C’est un univers assez sombre mais avec quelques éclaircies, et parfois lumineux. Il est à la fois lourd et dense. Il est difficile pour moi de l’exprimer hors musique car je crée les morceaux dans leur globalité et je n’ai pas la vision extérieure nécessaire pour décrire réellement cet univers. Je pense que c’est avant tout l’envie de faire une musique efficace, qui bouge et très actuelle . Ce projet nait de l’envie de mélanger un certain type d’influences avec des samples et quelque chose de corporel et puissant. On aime allier l’intellectuel et le corporel. On fait une musique intelligente qui danse.
 
Quel a été le déclic pour ce projet ?
Le déclic est assez particulier. C’est avant tout une commande de notre label, qui nous a découvert après une masterclass. On y proposait des remix de la musique Klezmer. A la suite, le label nous a proposé deux albums d’electro Klezmer. Tous les autres membres du groupe avaient des projets  à côté…mais on s’est tous approprié le projet par la suite. Partir d’une commande et aboutir à une véritable musique, un véritable groupe et un réel projet, c’est une chance dont on a conscience aujourd’hui.
 
 
Un réel projet dont tu es vraiment à la base…
C’est l’envie de faire de la musique de façon très personnelle. C’est une musique qui est difficile à aborder. J’ai eu un peu peur malgré le fait qu’elle m’accompagne depuis ma préadolescence. Mais il y a une certaine logique, peu contraignante, dans ma démarche. J’ai été influencé par les thèmes de la musique Klezmer, je me suis d’ailleurs beaucoup renseigné dessus, et faire autre chose m’aurait ennuyé, je crois !
 
Quelles sont tes influences musicales et qui nourrissent ta musique ?
C’est super large. On passe de la pop à la musique classique, au métal…la scène métal me plait particulièrement. Et toute la scène New yorkaise expérimentale aussi. C’est comme ça que j’ai découvert le Klezmer. Je me suis mis à écouter les racines de cette musique, à les comprendre, à les défendre. J'ai passé deux ans à essayer de la comprendre avant de réellement me l’approprier.
 
Dans les sons du dernier album, on ressent de nombreuses influences musicales allant du rock à l'électro. Est-ce difficile d'absorber toutes ses parties pour faire sa musique ?
Non, c’est pas si dur que ça. Quand on défend un morceau, on ne réfléchis pas. J’aime bidouiller, tenter des mélodies qui m’inspirent par la suite une base batterie. L’Electro rock est une recherche de sonorités. J’aime par exemple l’idée de travail de Radiohead. Ils s’enferment en studio pour sortir des sons dans tous les sens. C’est un processus que je comprends et qui m’influence pas mal.
 
Comment se passe le processus créatif au sein du groupe ?
On arrive à avoir une cohésion participative. Avant toute chose, il y a une création assez primitive puis on se base sur le clarinettiste qui est la pierre angulaire de cette musique là. Par la suite, on travaille autour de ça, en tentant de proposer de nouvelles choses, en créant de nouveaux sons par plusieurs techniques. On écoute les propositions de chacun. On reste un groupe, même si j’amène les compositions car je suis à la base du projet, avec Ludo qui réalise, on est un groupe en tant que tel.
 
Actuellement, vous avez de bons retours médiatiques malgré une musique qui n’est pas forcément grand public. Ça doit vous faire quelque chose ?
Il se produit quelque chose d’énorme en effet. On a fait beaucoup aussi pour que ça se produise. C’est une musique assez confidentielle, qui ne passe pas forcement dans les quotas radios. Ben tant pis, on continue de faire ce qu’on sait faire et puis ça prend…Notre travail est enfin récompensé. On a vu que les médias et le public parisien commençaient à nous suivre, avec la date de Télérama notamment. On parle de nous, ça me touche profondément. On ne fait pas ça en vain. On se sent aujourd’hui légitime, même si on avait notre public dans tous les cas. On continue d’avancer…
 
Quelques mots sur le Weekend des curiosités ?
Déjà, faire cette première partie à Toulouse, on est hyper content. Surtout sur la grande scène, à domicile. Puis, le lendemain, il y a nos potes de Sidilarsen. La programmation est vraiment exceptionnelle. On est assez fier d’être dans ce line up. Et puis, Toulouse. A chaque fois, on réalise de supers concerts à Toulouse. La dernière fois, on était au Connexion pour la sortie de l’album où il y avait une vraie énergie malgré l’absence de notre clarinettiste. Mais ce fut magnifique avec beaucoup d’émotion. Comme dans chaque rendez-vous toulousain.
 
Pour la suite, on parle d’un travail avec Daniel Krakauer ?
Ce n’est pas une rumeur. Et c’est même assez proche. On commence en novembre à travailler sur l’enregistrement. On a déjà amorcé notre travail commun lors de concerts, comme en Pologne. Et la Cigale aussi. Il y aura quelques dates en France en novembre puis l’enregistrement. Ce n’est pas non plus un projet d’AEO avec Daniel mais bel et bien une entité différente. On va le dissocier du groupe. L’idée est d’assurer un projet aussi impressionnant et se mettre au niveau de ce grand monsieur.
 


Weekend des Curiosités : Emir Kuusturica + Féfé + Groundation + Anakronic Electro Orkestra
Vendredi 24 mai à 19h sur la Scène du Port à Ramonville 
> réservations : www.leweekenddescuriosites.com

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