Dès jeudi, la 10e édition du Marathon des Mots prendra place à Toulouse avec son lot de rendez-vous, et malgré le mécontentement des auteurs et comédiens toulousains.
Du 26 au 29 juin, auteurs, artistes et musiciens embarqueront le public pour un grand voyage vers le Sud : dix auteurs turcs ont accepté de témoigner de leur pays aujourd’hui et d’échanger avec d’autres écrivains du Sud de l’Europe et de Méditerranée pour cette 10e édition du Marathon des Mots.
Une performance littéraire de Michel Houellebecq et Jean-Louis Aubert, des hommages à Duras, Foucault et Mistral, la venue du jeune prodige Edouard Louis ou des thématiques consacrées aux Lettres d’Amérique et aux chansons françaises seront également au cœur de cette édition qui propose pas moins de 160 rendez-vous.
Fréquenté par pas moins de 100 000 spectateurs, le Marathon des Mots est le dernier grand rendez-vous dans la ville rose avant l'été. Pour cette édition, les organisateurs recevront par ailleurs, dix écrivains turcs durant le week-end. Histoire de mettre en avant un pays où la liberté d'expression est de plus en plus menacée. Les actrices Marie-Christine Barrault, Dominique Reymond, Irène Jacob et Rachida Brakni liront ainsi des textes des écrivains turcs Oran Pamuk, Yasar Kemal, Ahmet Hamdi Tanpinar, Sema Kaygusuz ou Asli Erdogan.
Lectures par des comédiens, rencontres, forums et spectacles littéraires vont se succéder dans une cinquantaine de lieux de la métropole toulousaine, grâce à la collaboration des acteurs culturels. Une librairie du Marathon organisée par trois librairies sera installée place du Capitole pour présenter tous les auteurs présents.
La fronde des auteurs toulousains
Malheureusement, cette 10e édition a déjà commencé en coulisse avec le mécontentement des auteurs toulousains. Sous la houelette du romancier Pascal Dessaint et du dramaturge Didier Goupil, une centaine d'écrivains et acteurs de Toulouse, fustige le manque d'intérêt du festival pour les auteurs de la ville rose. Dans un manifeste, ils expliquent que le festival a "oublié en chemin les créateurs grâce auxquels il s’est implanté dans la ville et qu’il ignore la plupart de ceux qui dans la même période se sont révélés de fort belle manière au public". Avant de demander aux institutions " "d’agir afin que Le Marathon des Mots ne se comporte plus avec les acteurs culturels d’ici comme Dom Juan avec les paysannes qu’il rencontre sur sa route. Si l’on désire sincèrement le rayonnement de Toulouse, y vivre ne doit pas être un handicap, mais au contraire un atout"
Vers la recherche du calme
Dans un communiqué, Serge Roué et Dalia Hassan, de la direction du festival, tentent de calmer le jeu. "En réponse à l’appel lancé par Pascal Dessaint et Didier Goupil, nous voudrions rappeler que les écrivains Marie Didier (Marathon d’automne), Jean-Baptiste Del Amo, Jean-Pierre Denis, Alain Monnier (café littéraire), Arnaud Rykner, ayant tous un lien avec Toulouse ; les artistes Patrick Abéjean, Francis Azéma, Valérie Bernatet, Louise Cassagne, Alain Daffos, François Fehner (café littéraire), Lise Laffont, Pierre Marty, Régis Maynard, Sylvie Maury, André Minvielle, Bruno Ruiz, Alem Surre-Garcia, Catherine Vaniscotte, Nathalie Vinot ; les compagnies d’Elles – en partenariat avec la Grainerie lors du Marathon d’avril, Cave Poésie René Gouzenne, Oui Bizarre, Paradis-Éprouvette (Colomiers), Jean Séraphin, Les Semeurs de mots, Ze Regalia ; les musiciens du groupe Göçebe ; les éditions Anacharsis et Tristram ; sans oublier Francis Ricard (Marathon d’avril), Francis Loubatières (Marathon des mots) et Jean-Jacques Cubaynes pour un hommage « occitan » à Frédéric Mistral ont été ou sont programmés dans le cadre de notre saison littéraire 2013 – 2014, incluant le Marathon d’automne, le Marathon d’avril, les cafés littéraires au Centre culturel Alban Minville et le Marathon des mots". Pour poursuivre par " Preuve que la direction du Marathon des mots n’écarte pas les auteurs et artistes toulousains de la manifestation qui ambitionne chaque année davantage un rayonnement national et international".
En tout cas, les organisateurs ne veulent point de polémique et proposent le dialogue. " Nous sommes naturellement ouverts au dialogue. C’est pourquoi nous avons proposé à Didier Goupil, suite à son rendez-vous avec Francis Grass, adjoint au maire de Toulouse, vice-président à la culture de Toulouse Métropole, une rencontre dès juillet avec les représentants des signataires, de Toulouse Métropole, du Centre régional des lettres (Région Midi-Pyrénées) et de la DRAC (Ministère de la Culture et de la Communication) pour discuter de propositions concrètes et de programmes qui renforceront à l’avenir la présence des écrivains et artistes toulousains au cœur de la programmation", conclut le communiqué de Serge Roué et Dalia Hassan.
Bref, le grand rendez-vous littéraire de cette fin de saison culturelle sera beau, dense, enrichissant mais aussi sous tension.
Le Marathon des Mots 2014 à Toulouse
du 26 au 29 juin – www.lemarathondesmots.com