mercredi , 15 mai 2024

Weekend des Curiosités – Interview : Dans la mémoire vive de Grand Blanc

Le Weekend des Curiosités accueille ce samedi le groupe Grand Blanc pour la sortie de "Mémoires vives" leur premier album. Rencontre avec Benoit, l'une des deux voix du groupe événement du printemps.

Le jeune groupe crée la surprise en cette année 2016. Fort d'un premier album studio, Grand Blanc arpente les salles de France avec un son electro pop et des textes en français. Euphorisant, "Mémoires vives" est littéralement une belle réussite. Les instrus tapent, les voix de Camille et Benoit vibrent et les textes sont poétiques.

Grand Blanc sera donc au Bikini ce samedi pour le Weekend des Curiosités. L'occasion pour nous de s'entretenir avec Benoit, auteur et l'une des deux voix du groupe événement.
 
On est à quelques jours de votre passage à Toulouse pour le Weekend des curiosités. Ce n’est pas votre première fois dans la ville rose, mais comment prépare-t-on cette date ?
On est monté en notoriété depuis notre premier passage à Toulouse, à la Dynamo pour un petit festival assez sympathique. Là, c’est la grande salle. On a fait la grande partie de notre tournée depuis mars, puis une pause avant d’attaquer l’été par ce festival. On a pris le temps de peaufiner notre set après un recul à la suite des premières live. A l’heure actuelle, on sent une évolution dans notre jeu et dans ce qu’on peut offrir en concert. Déjà près de 25 dates ensembles, cela crée une harmonie dans le jeu. C’est beaucoup de kiff.


Quand tu dis qu’il a fallu 25 dates pour une harmonie, est-ce que ça a été difficile de trouver ses marques en live ?
Il y a des chansons dont on ne savait pas comment les mettre en live. C’était un peu dangereux, on avait peur de se brider d’une certaine manière. En cherchant, ça devient très enrichissant de trouver une deuxième vie, une deuxième personnalité à une chanson. Il y a un décalage porté par l’énergie de la scène. On s’est senti à l’aise sur le tas.
 
Revenons au départ pour une énième fois. Qui est Grand Blanc ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?
En gros, je vais te faire l’histoire courte. On est des amis de longue date, voir des frangins/frangines. Avant Grand Blanc, on faisait de la musique acoustique pas électronique. Puis Vincent et Luc ont fait des études d’ingénieur du son ensemble. Ils ont pu nous amener des cartes sons, des logiciels, des micros…du coup, on a remarqué qu’on pouvait faire mille fois plus de choses. On a tous pété un câble à ce moment-là et on a joué aux apprentis sorciers musicaux. On n’est pas des gens de l’électro, on fait tout au feeling. Voilà comment est né le Grand Blanc qu’on peut entendre sur l’album et les EPs précédents.

Vous ouvrez donc un champ des possibles incroyables en jouant les apprentis sorciers.
La découverte avec la musique c’est quasi infinie. Avec l’ordi, on a découvert ce qu’on ne pouvait pas faire avant. En acoustique, tu arranges les morceaux, maintenant on peut les produire. Une différence importante dans notre musique. En découvrant cet univers, on y a gagné. On a pu trouver un label, un tourneur, on a pu découvrir les studios etc… Je n’avais jamais touché un synthé de ma vie avant le studio. On passe d’une machine à une autre sans s’emmerder jamais. Le champ des possibles est donc hyper ouvert, sans oublier les textes ou encore ce qu’on peut faire avec le chant.
 
Vous revenez avec un premier album studio, "Mémoires vives". Un album avec de nombreux changements. Selon toi,  y a-t-il une évolution entre l’album « Mémoires vives » et les EPs ?
Il y a eu plein d’évolution. Le procédé n’est pas le même pour l’album. Pour les EPs, on partait d’une guitare voix pour arriver à ce que vous avez pu entendre. Là, on est arrivé avec des morceaux qu’on a réalisés ensemble. J’écris toujours les textes, mais la compo se fait à plusieurs et même le texte peut évoluer ensemble. On a pu travailler tous ensemble. C’était amusant car on avait l’impression de jouer aux Lego. Il y avait une construction très primaire, très désorganisée pour trouver le meilleur résultat possible. Avec un ordi, ce qui est marrant, c’est que tout le monde peut composer. On a fait ça plus à l’instinct que précédemment. On s’est moins posé la question de savoir ce que les gens allaient penser.


On sent que le son a repris une place centrale dans vos morceaux sur l’album. C’était le sens prioritaire à l’écriture ?
Clairement, ce fut une envie. On est très content des deux EPs, on est très touché par ce qui s’est passé pour nous et par l’enthousiasme que cela a suscité. Mais, on est vite passé pour un groupe de chansons alors qu’on est aussi un groupe instrumental. Frustrant ! Même si c’est vrai que l’Homme Serpent est un morceau long et assez instrumental allant vers la techno et la New Wave. Pour passer à ça, il fallait changer le texte, produire des textures et un agencement des voix différent. Camille et moi-même chantons ensemble sur les morceaux. En multipliant les voix, on  leur donne un côté instrumental qu’on ne faisait pas avant l’album. Se servir des deux voix comme des instruments, des sonorités, a donné quelque chose de plus égalitaire dans notre musique.

 

Tu parles des textes, on vous cite beaucoup Bashung, mais il y a de ça dans la structure, dans la poésie, dans le sens des phrases et même dans le découpage.
Oui, c’est vrai. Il y a du Bashung, enfin plutôt de ses paroliers pour les mots, et lui pour sa façon de structurer les textes. On voit les mots non plus comme un concept mais comme une matière sonore. Une sorte de formalisme de tous les sens possible. On trouve des sens tout le temps, on s’y amuse. Une sorte de mantra pour nous. Au début, on s’amusait des textes sonores, on trouvait ça spectaculaire, puis on a trouvé la manière d’y mettre du sens. Dans la vie quotidienne, tu penses, tu cogites et tu laisses de côté la poésie et le ressenti.  On avait besoin d’une énergie indéfinissable, plus réelle, plus précise.
 
Est-ce qu’on peut dire que vos textes sont poétiques ?
J’ai réalisé un mémoire sur la poésie, ce n’est pas une thèse ni une quête. Sur une telle question on pourrait passer 70 ans dessus. On ne se pose pas la question. Le côté primaire est au-dessus de la réflexion pour nous. On fait autre chose que penser à la poésie : du son et du mot. On a essayé quand même d’amener  du sens. Notre sens. Même si on peut en trouver pleins d’autres. On ne sait pas si c’est poétique, car c’est une valeur très grande selon moi. Je suis trop fair play pour en juger.
 
En fait, Grand Blanc, ce qui en ressort de cette interview, c’est que c’est un groupe d’instinct ?
Je crois que oui. On fait à l’instinct, on prend des décisions sur tellement d’autres choses dans la vie. Pour la musique et les chansons, c’est l’instinct qui dicte l’évolution de notre musique. On n’a plus rien à dire si ce n’est qu’écouter ou chanter. Ça nous enlève pas mal de poids.

Pour toi quelle serait la chanson centrale de l’album et pourquoi ?
Je dirais Surprise Party, elle n’est pas en premier sur l’album pour rien. Elle a une place centrale pour nous car c’est un grand moment de réussite. On avait l’idée avant, mais ce fut un gros hasard pour le reste de sa construction. Le résultat est hallucinant. On est aussi d’accord, nous les mecs, pour dire que Camille la tue dans sa façon de chanter. Elle a passé un niveau pour ça. Grand Blanc est vu comme un groupe sombre et premier degré, on ne l’est pas complètement, il y a de l’énergie chez nous, de l’humour. On se glisse entre les premiers et seconds degrés. Cette chanson est notre manifeste dans ce sens-là.

 


 
Tu dis que Camille a évolué au niveau du chant, et c’est ce que je voulais savoir justement, comment a-t-elle fait ce travail d’évolution ?
Camille va chercher les sonorités elle-même. Avant nous, elle n’avait jamais chanté en français. Phonétiquement, ce n’est pas la même chose. Elle a cherché puis trouvé ce qui lui correspondait le mieux. Aussi bien dans les influences, que dans ses envies. On est très content, très fier de cette évolution et surtout sur le fait qu’elle ait trouvé sa manière propre de chanter les textes. Ce n’est pas uniquement dans l’émotion qu’elle a évolué mais aussi dans sa manière de dire les mots et dans le style. On l’a soutenu à fond dans sa démarche surtout que l’album est plus parlé. En live, les deux voix sont un truc en plus.

Et de ton coté puisque tu chantes aussi sur l’album?
Pour moi, cela m’a donné envie d’essayer des choses. C’est comme dans une équipe de foot, quand un mec joue bien, les autres veulent jouer mieux. On verra pour une éventuelle grosse évolution… même si elle est déjà présente, elle est moins que celle de Camille.
 
Vous êtes samedi au Bikini pour le festival. Mais selon toi, qu’est-ce qu’une curiosité ?
Je ne sais pas. Ce que je peux dire c’est qu’on aime bien la curiosité. Est-ce que Curieux et étrange c’est pareil ? On aime écouter des choses étranges qui nous interpellent. Ça nous plait la curiosité. J’espère qu’on peut en être une aussi par différents aspects.

Au final Grand Blanc se sent bien actuellement ?
Je pense que ça nous fait beaucoup de bien, j’en suis très fier. Ça va de mieux en mieux entre nous. On est de plus en plus en phase. On est un groupe de petits veinards car on faisait des études, on laissait les choses se faire, et elles se sont faites. On se construit avec le temps. On respire, tout le monde trouve sa place. Il me hâte de faire un second album !
 

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