dimanche , 19 mai 2024

Toulouse. Sporto Kantès : « L’électro enrichit le rock »

 

De retour avec le sublime "4", Sporto Kantes envahira la scène de la Dynamo de Toulouse. Rencontre avec Benjamin Sportès.
 
Ils ont tout connu. Le succès rapide. Les doutes de la création. Dans leurs histoires, il y a eu des querelles mais surtout une amitié forte. En quatre album, dont le dernier "4" est présent dans les bacs depuis le mois de février, Sporto Kantes a démontré son savoir faire dans une musique mêlant le rock, l'électro, le jazz et tant d'autres couleurs musicales. Un dernier album qui prouve encore la vivacité du duo composé  de Nicolas Kantorowicz et de Benjamin Sportès, deux acolytes qui ont fait leurs armes sur la scène alternative française, l’un dans les Wampas, l’autre dans les Torpedo. Rencontre avec Benjamin à la veille de leur passage à Toulouse.
 
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui est Sporto Kantes ?
Sporto Kantes, ça vient de Benjamin et Nicolas, ancien membre des Wampas. C'est un mélange de plusieurs courants musicaux jusqu’à l'underground. Le projet Sporto Kantes a pris de l'envergure sur la scène post-alternative à la fin des années 1990. Depuis, on est toujours là malgré des phases difficiles.
 
Vous avez connu un succès rapide pourtant rien n’a été facile dans votre histoire.
Oui dès le premier album, le buzz a été incroyable avec une grande chaleur médiatique. On a même eu droit à un papier dans le Figaro. Pour moi, ça me passait à côté :  j'avais un projet musical prioritaire. Sporto était une récréation. Tout à coup, il y a eu le succès que j'ai eu du mal à suivre. Comment le vivre ? Nico l'a mieux appréhendé que moi. Il a mieux compris le rôle du DJ. 

C’est le style de musique qui te dérangeait ?
On a une vieille fondation rock, c'était difficile de voir autre chose dans cette révolution lunaire. On nous proposait plein de choses, mais on avait très peu de choses à dire. Maintenant, j'aime cette musique là. Mais en 96-97, les fondations n'étaient pas posées. Beaucoup de gens font de la musique pour les mauvaises raisons. Je ne voulais pas de ça, pas rentrer dans le disco. Surtout quand toi tu viens du live : la pirouette est difficile. Je voulais réintégrer des voix sur scène, et non pas pousser un bouton.
 
Il y a eu une véritable période de flou autour de Sporto Kantes.
Nico voulait qu'on sorte des albums tel quels. On ne peut pas. Ce n’était pas construit. Je suis revenu sur plusieurs titres. Je revenais sur le côté musical, pas seulement la rythmique. Quand on nous interviewais, on pensait qu'on était plusieurs. Le fait de « sampler » était alors un OVNI et n'était pas intégré dans la tête des gens. C'était une escroquerie. Puis, ils ont compris. On se  réapproprie des sons, une façon de régénérer l'inspiration. Mais ça a été long, et on n’était pas sur la même longueur d'onde.
 
Pionnier dans les années 90, l’électro s’est démocratisé dans les années 2000. Comment juges-tu l'évolution de cette musique, comme Justice et d'autres ?
Justice, au départ, j'en pensais du mal. Il y a quelque chose de plus que de simples pousses boutons. On a besoins d'acteurs sur scène. Les gens veulent du live, avec des vrais moments. Pas une compil d'une heure trente. Le début de Massive Attack était tout autant catastrophique. Après, ils ont trouvé une vraie âme sur scène. Notre musique doit s'émanciper de ces codes, et avancer vers de nouveaux horizons.
 
Vous revenez avec un quatrième album, tout simplement baptisé « 4 ». Comment peux –tu le décrire ?
C'est un album plus abouti. Plus sérieux dans tous les sens. Il est aussi plus cohérent mais plus mineur en terme musical. Il y a peut être une nostalgie rock qui s'en dégage, d'où un côté plus formaté, avec plus de voix. Je ne sais pas si c'est notre meilleur, mais on en est fier.
 
Vous avez quand même mis trois ans entre chaque album.
C’est le temps qu'il faut pour raconter une histoire. Il faut trouver le casting, l'amener au scénario. Au départ on avait 70 morceaux, pour 13 au final. C'est beaucoup de boulot. C'est un peu inconscient. La tournée d'un an et demi du dernier album a été pleine pour nous et nous a inspiré pour celui là. 
 
Comment se passe le travail sur un album ?
Il y a un gros boulot de compo en amont. On travaille les arrangements, on essaye ça, puis ça, avant de trouver une forme solide. Ça c'est pour la composition. Pour l'enregistrement, on fait appel à beaucoup de monde. Sur « 4 », on a fait appel à 14 personnes. Nico fait le lien entre les styles improbables de chacun.
 
Dans une des chansons de l’album, tu "samples" un morceau de Dorothé. Comment est venue l’idée ?
On voulait évoquer le système. Faire un morceau avec une nana qui répondait au téléphone. On cherchait une correspondante un peu robotique. C’est venu comme ça. On peut faire ce qu'on veut dans notre musique. Ce n'est pas plus bizarre que sur le deuxième où on intégrait  des trucs entiers dans un morceau.
 
Les gens vous connaissent par la pub et le teasing de Kaboul Kitchen maintenant. Un honneur ?
On a eu la chance d'avoir une publicité pas trop mal il y a deux ans. Maintenant, c'est ça qui nous permet de vivre, et la publicité nous installe en tant que musiciens. Après, Kaboul Kitchen, c'est un titre qui a presque 8 ans, c'est plutôt tout bénef. On ne fait pas de la musique à but lucratif. On a besoin d'en vivre, c'est gratifiant.

Pour finir, comment se compose le groupe sur scène ?
Pour celle là, quatuor, basse, batterie. Très rock. Tant qu’à être sur l'avant de la scène, autant se l'approprier. L'électro enrichit le rock, on le sait et ça nous pousse. On y découvre une nouvelle énergie. C’est pourquoi, on a besoin de se sentir ensemble face au public.
 
 

 

SPORTO KANTES
JEUDI 12 AVRIL 2012 – 20H30
LA DYNAMO – TOULOUSE

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