jeudi , 18 avril 2024

Interview : Féfé & Leeroy, gloire à l’éphémère

Dix ans après l’aventure Saïan Supa Crew, Féfé et Leeroy se retrouvent sur ce qui sera leur seul et unique album en duo et pour une seule et unique tournée de …365 jours. Le duo sera à Toulouse ce jeudi 27 février au Metronum. Rencontre avec Leeroy pour évoquer la scène, le projet et sa reconnexion avec Féfé pour un projet jouissif !

Jeudi soir, vous êtes en concert à Toulouse pour poursuivre cette tournée autour du projet « 365 jours ». Dans quel état d’esprit est-tu pendant cette tournée ?

On adore, on adore. On est super content. Ça se passe super bien, on s’éclate sur scène. Pour nous c’était un challenge d’être deux sur scène. C’est vraiment fou ; on s’éclate, on s’amuse et c’est très participatif. Du coup, chaque soir, c’est nouveau. On va pousser le délire jusqu’au mois d’Août avec de nombreux festivals. Donc on est très chaud !

Pourquoi dis-tu que c’est un challenge à deux ?
Cet album est déjà un challenge car on voulait retrouver le kiffe d’être à deux. Se challenger en terme de prod, de flow, d’écriture, de thématiques, de morceaux …en clair, se challenger chacun l’un l’autre. Et puis après on s’est dit « : Bon qu’est ce qu’on fait sur scène ? On met un dj ? On met des musiciens ? On met un peu des deux ? Qu’est ce qu’on fait  ? » J’ai proposé, Féfé était d’accord , de partir sur nous deux. C’est nous qui déclenchons la musique. C’est nous qui faisons le show. C’est nous qui orchestrons le tout. On ne l’a jamais fait vraiment avant donc c’est un challenge.

Donc c’est le projet Féfé / Leeroy jusqu’au bout  ?

Jusqu’au bout voilà t’as tout compris. Jusqu’au bout c’est nous deux : Ça transpire, ça pue Féfé / Leeroy !

D’ailleurs, que représente la scène pour toi? Une préférence entre le studio et le live  ?

Non j’adore les deux. C’est toujours difficile de répondre à ça. J’adore ce moment de création, où on part de rien et où on trouve des choses. Puis après, quand on a terminé tout ça, il faut aller vers les gens. Car le projet ne nous appartient plus. Il est temps d’échanger, trouver des jeux… c’est exceptionnel et fort. Comme je te disais, c’est très participatif comme concert. Notre grand jeu est de trouver le côté ludique sur tel ou tel morceau. Qu’est ce qu’on va faire faire aux gens ? Qu’est ce qu’on va chanter ? Qu’est ce qu’on va faire comme gestes . C’est un amusement. Après, les deux sont différents. Mais notre musique est un moment de partage parce que c’est vrai que faire de la musique dans sa chambre, dans son studio, c’est super mais nous, depuis toujours, c’est le partager ensuite avec le maximum de gens qui nous intéresse.

Et comme d’habitude ça doit transpirer dans la salle comme sur scène ?

Exactement ! C’est 50/50. C’est à dire qu’on a déjà fait des concerts avec pas beaucoup de public mais il y avait une telle vibe. Il y avait vraiment quelque chose d’extraordinaire. On a passé parfois des meilleurs concerts ou des concerts aussi forts dans des plus petites salles. Que le public soit nombreux ou pas, ce sera toujours des grands shows.

On va parler de ce projet. Avec Féfé, vous vous réunissez autour de l’album « 365 jours ». Comment est- il né ? Et pourquoi avoir choisi un projet à durée déterminée ?

Il nous fallait un concept. On a trouvé celui là et c’est vrai qu’il nous colle bien. C’est dans l’air du temps . La musique se consomme vite même si on a des albums fétiches et classiques. En tout cas pour ma part, et je sais que les jeunes et autres aiment consommer très, très vite et sont vraiment curieux d’aller chercher plein de choses nouvelles . Moi je sais que je suis comme ça et donc ça nous correspondait. Un an c’est parfait, c’est juste ce qu’il faut. A la fois sur scène et sur les prochains trucs qu’on va sortir (clips, des inédits etc..) c’était une manière aussi de pas saouler.

De la légèreté avant tout..

Tout bêtement, de ne pas se prendre la tête. On connaît déjà la fin donc on trouve ça cool. On a trouvé ça cool de suite. On adore le concept. Le côté urgent qu’on a dans le hip hop depuis toujours : garder la fraîcheur, la spontanéité… Pareil pour l’écriture, on a pas mis 2 ,3 ans à écrire ça. On a mis entre 6, 7 mois, 8 mois, presque 1 an si on compte tout les mix et mastering avec le studio mais il reste une certaine fraîcheur liée au projet.

Il y a pas la peur de se dire  que si l’album cartonne on pourrait continuer un peu plus ?

Je t’avoue qu’on calcule pas trop ça. Parce qu’aujourd’hui, comme je te dis, la musique se consomme vite. C’est bête à dire mais avec l’expérience, peut être que je peux me tromper mais c’est ce qu’on pense. Nous, si dans les 2, 3 mois voire 4 mois il ne s’est pas passé vraiment un truc de fou, c’est qu’on va rester sur un flux plutôt cool et qu’on passera justement un an après à un autre album, un autre projet. On est là pour s’éclater et on a notre carrière à côté aussi. A la fin, on passera à autre chose. Voilà je pense que c’est pas le concept de prolonger le truc plus longtemps.

En tout cas, à l’écoute de l’album, on sent qu’il y a une reconnexion entre vous deux. Comment avez vous fait pour vous reconnecter ?

Ce n’était pas dur mais il fallait se donner le temps de se poser, d’écouter les trucs, se dire les choses après tout ce temps. Alors, on ne s’est jamais vraiment perdu de vue je t’avouerais, mais le truc c’est qu’il fallait se reconnecter. Qu’est ce que t’écoute ? Qu’est ce qu’on aime ? Pour aller dans la même direction, il faut s’écouter et parler. Et ça a matché assez vite. On a travaillé très très vite sur des morceaux, sur des prods, sur des concepts, sur des couplets, des refrains… mais ça c’est un peu technique ! Des fois, on passait des journées à se faire écouter des trucs, à regarder des choses et ça faisait partie du travail quelque part de reconnexion entre nous. C’était le moment parce que c’est vrai qu’on l’avait en tête depuis un moment tout simplement et puis là c’était LE bon moment . Mais c’est vrai que ça germait dans nos têtes, « On a jamais fait d’album à deux toi et moi. Ok, ouais on va en faire un un jour » et puis c’est venu. On s’est livré dedans , on a trouvé les concepts qui fallait pour faire quelque chose qu’on voulait, dont on voulait parler, aller vite, rester sur la fraîcheur comme je t’ai dit, la spontanéité et puis c’est nous franchement, c’est vrai c’est nous.

Comment ça se passe le processus d’écriture entre vous deux ? Chacun travaille sur sa part ? Quelqu’un amène les thématiques, les sons ?

C’est un peu un mélange de tout ça. Féfé foisonne d’idées. En tout cas sur ce projet, il a été vraiment à la base de toutes les prods, même s’il y a des trucs qui sont partis de moi. Tout ça a été un petit mélange avec une grosse part pour lui en terme de compos.  Puis, il a souvent un refrain qui va avec ou en tout cas une mélodie en yaourt. Un processus, on n’en a pas vraiment, mais celui qui revient le plus c’est partir du refrain. Une fois qu’on a le refrain, la mélodie ou quelque chose, on va vite trouver les mots qui vont avec le concept. C’est le socle. Après , il n’y a plus qu’à dérouler dans les couplets. Donc une fois que le concept est bien défini dans le refrain, c’est parti quoi ! On s’aide quand même sur les couplets mais on écrit un petit peu chacun le notre . Il y a beaucoup de morceaux où on a écrit à deux comme « Vie de robot » comme « blablabla »

L’album commence par la chanson « Come back » où vous assumez votre âge. C’était important de commencer l’album par cette explication ?

Il a failli s’appeler comme ça l’album, enfin il aurait pu s’appeler avec plein de titres de l’album, mais c’est vrai que celui là annonce la couleur tout de suite. Un petit regard décalé sur nous-même et sur les gens de notre génération. En tout cas, nous c’est vraiment l’autodérision le déclencheur du morceau. Nous, on a été jeunes. Mais là, maintenant, on fait avec nos armes et on s’éclate à, braquer un peu la caméra sur nous en disant « Hey arrête vas y assume ce que t’es » et on avance avec nos années.

L’interlude humoristique parle aussi de ça.

Oui un petit peu, on peut dire ça. Nous ça nous faisait vraiment délirer. Faut savoir que nous depuis la nuit des temps on voulait mettre en avant notre relation. On passe notre temps, entre le processus de reconnexion et d’écriture, àdire plein de conneries et où on s’éclate à faire des sketchs. Il fallait au moins que ça transpire comme ça dans l’album. D’où une interlude qui nous fait rire. Et je t’avoue, on aurait pu en mettre beaucoup plus tellement on a des idées délirantes.

Et d’un autre côté il y a d’autres chansons un peu plus dures sur la nostalgie, sur quelque chose d’un peu plus personnel. Il fallait cette dualité dans l’album ?

Oui ça nous tenait à cœur. C’est vrai que moi j’ai pas l’habitude et Féfé il y tenait. Et il a eu tellement raison de dire qu’il faut se livrer. Faut dire des choses que tu as envie de dire. Féfé me disait : « Non mais moi j’ai envie de te connaître plus. Vas y, livre toi, parle ! » Il faut se livrer à un moment donné sur tel ou tel morceau. Pas forcément tout le temps, mais au moins sur un, deux voire trois et ça a payé, je trouve.

A titre personnel, ça donne envie de se lâcher un peu plus sur d’autres morceaux plus tard ?

Oui bien sûr. De toutes façons, tu sais, c’est qu’un voyage musical. On ne sait pas où tout ça s’arrêtera. Donc il faut tenter des expériences et se livrer de plus en plus je crois que ça va aussi, avec les années, les expériences etc.. Mais toujours de la bonne façon. Parce que moi ce qui me dérange toujours c’est de se livrer et que ça fasse raté. Ça fait pas forcément des bons morceaux, à mon sens. Mais quand ça fait des bons morceaux, c’est encore plus réussi. En tout cas, là, il y avait un leitmotiv qui se dessinait de plus en plus quand on écrivait les morceaux :  « Est ce que ça parle ? Est ce que ça parle aux gens ? Est ce que ça parle pas qu’à nous ou voire à personne ? » Il faut qu’il ait un partage. Que le morceau soit « universel ». J’ai beaucoup progressé grâce à Féfé dans ce domaine.

La chanson «  Si l’on s’aimait » est une chanson composée au téléphone ? Est ce qu ‘un délire peut devenir un bonne chanson pour le public ?

Oui c’est ça. Il m’appelle en furie avec sa guitare à la main : « Tiens, j’ai trouvé ce truc là que je trouve mortel » Et puis il me fait le refrain en yaourt. Dans son yaourt, moi j’entends quelque chose. Puis après, le thème naît sur deux manières un peu de draguer. On ne sait pas qui est le plus ou le moins cavalier mais mine de rien on veut tous aller au même point c’est à dire kiffer. Et donc voilà c’était le petit concept du morceau mais vraiment très simple petite chansonnette en fait, faite à la guitare et après on l’a poussé, on l’a produite. Quand ça nous parle on y va quoi. Égoïstement, mais mine de rien il faut qu’elle parle au maximum de gens.

Tu parlais de légéreté et de plaisir. Cela transpire dans les clips. C’est le prolongement parfait du projet ?

Franchement, on est tombé sur un réal qui a réalisé donc les clips de « Si l’on s’aimait » et « Out of love » et donc, et puis nous on s’est fait plaisir avec « Blablabla ». Par exemple pour « blablabla » on se met dans une voiture on fait un tour de quartier et ça donne un clip en plan séquence. C’est vrai que ça nous correspondait . C est vrai que par exemple pour « Out of love » ça nous a touché direct dans la manière de traiter le morceau par le réalisateur. Pareil sur « Si l’on s’aimait ». Franchement on ne se prend pas plus la tête que ça quoi. Si ça nous parle, on y va !.

Tu parlais de « Out of love » d’ailleurs y a une collaboration dessus avec Aloe Blacc. Comment ça s’est fait ? Un appel et c ‘est bon ?

C’est quasiment ça. Alors que la chanson existait déjà, il n’ y avait pas mon couplet encore mais y avait des couplets qui étaient fait. Y avait le premier couplet en Anglais, il y avait le refrain en Anglais que Féfé a fait parce qu’il est bilingue et qu’il a pas mal d’idées en Anglais qui déchirent. Alors que Féfé aurait pu largement l’assumer tout seul, on a cherché quelqu’un.On a eu l’idée d’ Aloe Blacc tout de suite. On l’appelle. Il nous répond de suite. Il nous a envoyé la voix…et voilà. Ce fut simple !

J’ai l’impression aussi que tous les feats de l’album, que ce soit avec Ibrahim Maalouf , Camille Esteban ou même Chilla, ont été réalisés naturellement. Comment se sont faites les rencontres ?

Chaque featuring marche au feeling. Pour Ibrahim Maalouf, on chante à Taratata, on rencontre ce mec, moi je ne le connaissais pas, Féfé il le connaissait vaguement : « Quand est ce qu’on fait de la musique ensemble ? » « Ok, vas y donne moi ton numéro, allez à plus tard ». Et puis le lendemain ou deux jours après, nous on était dans notre processus d’écriture et à un moment on s’est dit « Hey, tiens, pour tel morceau ça serait bien la trompette ! » Et ça s’est fait comme ça. On est parti à son studio et il a enregistré et c’était plié. Camille Esteban, c’est pareil. On nous invite à un concert comme ça. Là, on y voit une petite jeune qui déchire. Là, on se dit que sa voix irait sur tel morceau  (« Place au soleil » ) On propose, elle accepte, une chanson est née. Pour Chilla c’est pareil. On traînait dans les studios de Tefa où on a enregistré et mixé. Et il y a Chilla qui passait. Alors faut savoir qu’il y a beaucoup beaucoup de rappeurs qui passent. On a bien accroché avec Chilla et on kiffait déjà ce qu’elle faisait. Puis, on lui a proposé « Vie de robot ». C’est toujours au feeling.

Au final qu’est ce que tu retiendras de cette aventure ?

En tout cas pour l’instant que du kiffe. Qu’est ce que je peux dire ? Aussi une réelle et nette, mais ça après c est très perso et très technique, progression. Et travailler avec Féfé, en tout cas pour moi, ça a été merveilleux. Il sait très bien tirer le meilleur. Il a su me dire « Non, ça c’est de la fioriture simple. Fais le comme ça, ça tue ». Même en terme de prod. Parce que j’ai toujours fait de la prod mais Féfé avait carrément un étage d’avance. Donc, j’ai beaucoup appris. Si je devais vraiment résumer le tout, je dirais que c’est une accélération du processus de progression de ma musique. Voilà. Un coup de boost. Cet album, cette expérience, et cette tournée est un tournant.

C’est celui qui va changer ta façon de voir la musique.

Un nouveau début de cheminement dans un carrière.

Il y aura quand même, à la fin quand ça sera fini ces 365 jours, un peu de nostalgie, un peu de tristesse ?

Oui, non, c’est à dire qu’ on verra. Je peux pas dire là car on n’est pas au bout ! En plus il va y avoir les gros festivals, il y a encore pas mal de concerts, pas mal de trucs qu’on peut sortir, on va faire beaucoup d’happening, de freestyle… On va donner de l’image, donner des inédits aussi, on a pas mal de choses encore donc on verra à la fin.

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