vendredi , 26 avril 2024

Interview : El Gato Negro présente son album « Ouvre la porte »

Vendredi 29 novembre prochain, El Gato Negro fait sa release Party au Metronum pour présenter son nouvel album « Ouvre la porte ». Rencontre avec un artiste unique.

EL GATO NEGRO revient faire ses griffes avec un nouvel album après « Cumbia Libre » vendu à 10 000 exemplaires. Enregistré entre Toulouse, Bogota, Mazunte et Ouagadougou et masterisé par la référence absolue Alex Gopher (Eddy de Pretto, Flavien Berger, Christine and the Queen). 12 titres naviguant entre français et espagnol pour un mix pop sub tropical, où le sable brûlant du pacifique se mélange au Macadam coloré de l’Afrique. Une nouvelle formation et un nouveau son, teinté par le balafon de Seydou Diabaté Kanazoé, les batteries de Cyril Atef (-M-, Bumcello) et la voix de Kandy Guira (Oumou Sangaré).

Rencontre avec El Gato Negro autour de ce très réussi nouvel album.

Vendredi, c’est la release party de l’album au Metronum. Comment se sent-on avant un tel moment ? 

Le fait de livrer l’album en live et à la maison est un challenge très excitant, tout prend sens quand on monte sur scène, c’est pour ça que je fais ce métier, c’est pour partager cette belle énergie qui se rapproche de la transe. Toute l’équipe des musiciens et l’équipe technique a fait un travail incroyable pour rendre ce rêve réalité.  Quand on est devant la scène et que la salle tout entière saute à la première mesure, on sait que le pari est réussi et pourquoi on a choisi cette voie !    

D’ailleurs que représente la scène pour vous ?

La scène, c’est avant tout une médecine, une façon d’extérioriser mes joies, mes peurs, et mon besoin de  chaleur humaine, c’est un bain de foule après lequel on se sent libre et plus fort. Je fais tout pour que ce sentiment soit partagé avec le public. Un public mixte, de toutes les générations et classes sociales confondues. La scène, c’est la vie !

Comment travaillez vous le live notamment dans l’adaptation des morceaux studios pour les concerts ? Ou vous pensez au live quand vous enregistrez un titre ?

Je prends toujours le live et l’album sous des angles différents. Je cherche à faire des albums agréables à écouter et réécouter dans son salon, avec des surprises et des subtilités que l’on pourra découvrir après plusieurs écoutes. Pour le live, je fais en sorte de penser en terme d’énergie, comme un rituel, un voyage que l’on fait en communion avec le public, un échange de générosités qui s’intensifie à chaque fin de morceau. Les titres lives sont différents chaque soir.

Pour ce nouvel album, une nouvelle équipe vous a rejoint autant sur scène que sur l’album. Comment est né ce besoin de changer d’équipe ?

Le changement d’équipe s’est fait naturellement, ce sont des rencontres de part mes voyages dans le monde et mes découvertes de nouvelles sonorités, je cherche toujours les personnes qui correspondent au mieux à mes nouvelles influences musicales. 

Qu’ont-ils apporté à la dimension musicale de l’album ?

Ils ont apporté une certaine fraicheur à l’album, certains musiciens ont apporté un son à la fois plus urbain et actuel  et d’autres plus traditionnel et plus « pays ». Cyril Atef, le batteur, est justement l’équilibre parfait entre ces deux mondes.

Vous parlez souvent de votre musique comme un voyage, ce qui est le cas à l’écoute, cet album est un voyage vers où ? Vers quoi ? Ou est ce plutôt un retour de voyage ?

Alors physiquement c’est un album qui a été créé en voyage entre Paris, Toulouse, l’Afrique et l’Amérique Latine. C’est un voyage vers l’humain avant tout. C’est un voyage vers les autres mais aussi un voyage interne, vers mes ressentis les plus profonds et vers mes racines.

Musicalement aussi, on remarque une dimension plus urbaine dans cet album. Comment définiriez vous cette nouvelle dimension musicale ?

Ces dernières années je me suis mis à regarder la ville d’une autre façon, comme un terrain de poésie, j’ai réussi à voir de l’art dans le béton, dans la densité et la folie des métropoles. La jungle urbaine tropicale est remplie de singes, j’en fais parti.

Côté texte, le français est présent sur 6 titres. Comment nait le déclic de passer d’une langue à l’autre? Quelles sont les pièges à éviter ?

J’ai mis beaucoup de temps avant de réussir a écrire en Français, là, il était temps de murir, de se mettre à nu et de laisser parler ma langue natale. Et puis j’avais besoin d’être compris par les français qui sont les principaux auditeurs de ma musique. 

D’ailleurs, y a-t-il un sujet, ou un thème, sur lequel il est plus difficile d’écrire pour vous ?

Très compliqué de parler d’amour par exemple ! J’ai écris beaucoup de chansons d’amour que je n’ai pas encore osé sortir de mon chapeau.

Vous faites une musique optimiste qui parle de vivre ensemble où l’humain est important. D’où vient votre optimiste dans une période autocentrée et cynique ?

Ahhhhhh l’optimisme c’est l’Amérique Latine qui me l’ a offert, même dans le chaos, on danse et on garde le sourire. C’est la seule chose qui nous reste, croire en l’homme et vivre ensemble.

C’est un album auto produit. Qu’est ce que cela apporte en plus ou en moins dans votre démarche artistique ?

L’auto-production c’est la liberté, c’est pouvoir faire l’album que j’ai toujours rêvé de faire, de choisir chacun de mes partenaires et de diriger l’esthétique de l’album dans ses moindre détails.  La difficulté c’est le manque de temps, le fait de porter plusieurs casquettes, qui laissent peu de moment au lâché prise, peu de moment pour planer et même pour faire de la musique parfois !

Avant la sortie de l’album, vous avez présenté un premier titre  » Ouvre la Porte » où vous vous mettez dans la peau d’un migrant qui demande à être accueilli. comment est née l’histoire de cette chanson?

L’histoire est simple, ayant moi même était  « l’étranger » pendant de longues années, (étranger avec un passeport français c’est beaucoup plus facile forcément). Je vis très mal le mauvais traitement des personnes qui sont obligées de fuir leur pays pour leur sécurité. 
De plus Amnesty et La Cimade m’ont contacté pour renforcer leurs actions à travers mon engagement, ce qui m’a poussé à écrire ce titre et en faire le fer de lance de mon nouvel album.

Pouvez vous me parler aussi des héros de ce clip et de leur histoire incroyable ?

Kouamé et Moussa ont accepté de revivre leur propre histoire pour jouer dans le clip. Tous les deux ils ont quitté leur pays d’origine après avoir vu leurs familles décimées par la guerre civile, ils ont mis des années avant de réussir à rejoindre la France. Ils ont connu la faim, le froid, la violence et l’esclavage. ils avaient tout juste 14 ans.
Ces deux gamins sont des forces de la nature, ils ont réussi à garder le sourire coute que coute et ils croient encore en l’humain et en la vie.
Ce sont devenus des amis proches, ils sont bourrés de talent et d’optimisme justement.

Enfin, quel est le programme des prochains mois ?
 
La suite annonce une belle tournée en France sur la saison 2019/2020 et l’ouverture sur une tournée internationale début 2020, et puis c’est bientôt l’heure d’écrire et de composer de nouvelles chansons, j’ai déjà quelques idées derrière la tête.

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