vendredi , 19 avril 2024

Weekend des Curiosités : Interview avec le programmateur Antoine Fantuz !

Le Weekend des Curiosités 2016 revient du 3 au 5 juin au Bikini à Toulouse avec une vraie et belle programmation. On fait le point sur cette édition avec Antoine Fantuz, l’un des programmateurs du Festival.

 En 2016, le Weekend des Curiosités évolue. Dans une volonté de revenir à l’essence même du projet, à savoir une programmation axée autour de la découverte et des talent émergents. Le Festival se recentre donc autour du Bikini avec trois jours de spectacles du 3 au 5 juin.  L'un des programmateurs du festival, Antoine Fantuz, fait le point sur cette édition 2016, sur les années précédentes et sur les évolutions musicales actuelles.

Le Festival du weekend des Curiosités débute le 3 juin au Bikini. Nouvelle édition et une grande nouveauté : place aux découvertes. Pourquoi ce choix ?
Comme vous avez pu le voir, on a repensé le projet suite à l’édition 2015, et même aux 5 éditions passées. On avait besoin de faire le bilan de ce qui avait marché et ce qui n’avait pas marché. On en a discuté autour d’une table. Ce qui en est ressorti c’est que l’idée est de présenter avant tout des découvertes. Des curiosités. C’est quand même le Weekend des Curiosités.  C’était le leitmotiv de départ et on s’éloignait de ce projet de plus en plus. Le festival prenait de plus en plus d’ampleur, il y avait de plus en plus de monde. Donc il fallait aussi répondre, à l’époque, avec des têtes d’affiches. Alors que l’objectif n’est pas de faire la course à la tête d’affiche. Du coup, cela prenait le pas sur le reste en oubliant l’origine du Weekend.

Vous étiez en quelque sorte un peu perdus ?
Tout à fait ! On sentait qu’on était sorti de notre axe principal. Du coup, il fallait réorienter le concept pour être en accord avec nous-même et le projet de départ.  En revoyant le projet, on l’a revu à la baisse. Forcement quand tu proposes des découvertes, une jauge de 5 000 personnes cela devient compliqué. A part les Transmusicales, mais ils ont 40 ans . Donc recentrage autour des découvertes, autour du Bikini. Mais en proposant aussi deux scènes extérieures pour que le Bikini vive différemment que durant l’année.  On garde pour autant le côté festival avec trois scènes en tout, des bars, un espace restauration… Et surtout, en proposant des découvertes, on a recentré les concerts sur 2 jours puis le troisième jour, un vide grenier.

Et du côté des concerts, des nouveautés dans l'organisation ?
L’idée est de faire un marathon de concert de 19h à 6h du matin non-stop le vendredi et samedi pour le prix d’une seule entrée à 12euros. Et le prix du pass est à 20 euros. Tu rentres sur le site du festival  où il y aura trois scènes. Quand cela ne joue pas au Bikini, les deux autres scènes accueillent d’autres artistes. Un ping pong non-stop ! Si on est motivé, on peut en prendre plein les oreilles, et en plus il y a de quoi manger sur place et même se reposer si on est un peu fatigué.  On a aussi fragmenté, comme à notre habitude : le début en mode concert, puis la fin de la journée en mode club.
 
Est-ce que c’est un festival beaucoup moins familial que pouvaient l’être les éditions précédentes ?
Forcément. C’est plus axé sur une tranche d’âge 18-30 ans, donc moins famille, plus jeune et qui correspond plus à nos soirées Curiosités au fil de l’année. Ça attirera aussi des plus jeunes et des plus vieux, mais notre cœur de cible est les 18-30 ans. On l’a vraiment axé là-dessus. On a tiré les leçons de ce qui avait fonctionné lors des précédentes éditions avec deux esthétiques qui ont bien marché. C’est-à-dire le hip hop et la Bass musique. Ces deux univers fonctionnant bien ensemble, on les retrouvera le vendredi soir. Et le samedi, ça sera plus pop pour finir sur de la techno. Deux couleurs différentes. Deux soirs marqués. Le public peut se retrouver dans les deux soirées.

C’est l’année pour faire le bilan. Sur les cinq ans qu’est-ce que tu retiens de positif et de négatif ?
Les points positifs… C’est qu’on a installé un bel événement qui manquait à Toulouse. On a exploité un lieu magnifique qui est la scène du Port. J’espère qu’à terme on pourra y retourner avec ce projet-là. Et, on a vu de superbes concerts. On a découvert des vraies révélations. Je pense à Fakear qui est le plus beau des exemples. Personne ne le connaissait à l’époque et en novembre il va remplir un Zénith à Toulouse. Un pari pris réussi comme pour Superpoze, C2C, Bigflo et Oli, 1995…Il y avait plein d’artistes comme ça qui correspondaient à l’esprit des curiosités. En point négatif, c’est la course à la tête d’affiche. Ce n’est pas évident de remplir 5000 personnes, et ça a pris le pas sur les découvertes. Mais forcement, on n’avait pas le choix vu la configuration. On a défendu tous les artistes proposés mais il y a eu quelques déceptions après coup. On était quand même content de ce qu’on proposait.  Là on se recentre sur ce qu’on voulait. Mais aussi parce qu’on n’a pas réussi à « le cartonner » sur le format précédent.

Pourquoi le festival sous le format précédent n’a pas fonctionné d’après toi ?
Sur un festival large, pas pointu, les gens aiment bien venir un week-end, planter la tente et profiter d’un festival. Là on est entre les deux. Il n’y avait pas le côté pointu du festival comme le Siestes Electroniques ou Rio Loco. Nous on a une programmation large, et ça y joue. Je n’explique pas tout. Il y a des soirées qui auraient dû être complètes, et ce ne fut pas le cas, d’autre fois c’était l’inverse. La météo n’a pas aidé les dernières années. Mais il y a eu des moments géniaux comme le concert de Woodkid. Voir I Am Legion sur une grande scène. Il y aura d’autres grands moments. Si on a gardé le même nom, la même identité visuelle, c’est qu’on estime que c’est toujours le même festival mais avec une réorientation pour cette année.
 
Parlons de l’édition 2016. Est-ce que cela a été plus difficile pour vous de choisir la programmation ?
C’était pas plus difficile en termes de programmation.  C’est plus intéressant. Il fallait dénicher pleins d’artistes. On avait plein d’idées, mais vraiment plein. Du coup, on peut proposer de la découverte mais il fallait bien agencer le tout. Donc sans courir derrière des têtes d’affiche, on a pu programmer les artistes qu’on voulait et établir un festival à notre image.

Quels sont tes coups de cœur pour cette édition?
Niveau coup de cœur, pour moi, je dirais Rejjie Snow, un rappeur anglais. Un artiste qui prend de l’ampleur proposant un hip hop teinté de jazz, de house, de dub, et super bien produit. Un artiste coché très tôt. En hip hop il y Nusky et Vaati , le phénomène du moment qui a cartonné à Bourges. C’est très nonchalant et différent de ce que peut proposer le hip hop actuellement. Moi, le plus gros coup de cœur reste Bambounou. Déjà venu au Bikini, c’est l’artiste techno du moment. Il joue partout dans le monde et propose des shows énormes. Il représente une génération d’artistes montants du côté de la techno.


On retrouve cette année de nombreux artistes français, locaux mais aussi anglais. Pourquoi ?
Oui, beaucoup. La scène française est pas mal et c’est aussi une question de tarif. Il y a pas mal d’anglais aussi. Il y a trois artistes britanniques.  En ce moment en Angleterre, ça bouge beaucoup, notamment du côté du Hip Hop et de la musique électronique. C’est marrant car ça met toujours du temps à arriver en France. Là on programme Cadet   que personne ne connait pour l’instant. C’est très viral. Il est dans les Top anglais et émerge assez rapidement. On ne peut pas suivre tous les mouvements, mais en Angleterre c’est très intéressant.
 
D’ailleurs, est-ce que tu sens une évolution dans les mouvements musicaux depuis les débuts du Festival ? Et quelles conséquences sur le Festival ?
Je ne peux pas vraiment dire. Mais c’est vrai que les musiques électroniques et le hip hop amènent énormément de choses. Il y a beaucoup de frontières qui sont cassées aussi . Il y a un mélange entre ces deux domaines de plus en plus. Même dans le rock, on va vers le hip hop et l’electro. Ce qui est bien c’est que les frontières sont cassées. Le public s’y retrouve car les gens écoutent vraiment de tout. Dans le festival cela se ressent vraiment car il n’y a plus de frontières. Par exemple, on reprogramme le groupe Noir Cœur après trois ans d’absence, ils ont un look très pop, mais ils se dirigent vers du hip hop, du RnB. C’est hyper moderne comme approche, j’adore leur nouveau morceau. Ça représente ce qu’on veut défendre dans le festival.
 
Tu parles de Noir Cœur, mais ce ne sont pas les seuls toulousains. Est-ce que la scène locale est en bonne santé ?
En ce moment, il y a une superbe énergie. Au Printemps de Bourges, le niveau n’avait jamais été aussi bon. Nous avec nos petites mains, j’espère qu’on les aide. Du coup, quand il y a un groupe qui sort, ça donne envie aux autres. Puis il y a eu des lieux où jouer pendant ces 5 dernières années, même si depuis peu, c’est un peu plus compliqué. Il y a tout pour jouer. Et puis il y a de plus en plus d’asso qui émergent et qui se lancent de sacrés et beaux défis. Sur le festival, il y a Norma, François 1er, Noir Cœur, Ruby cube etc… Il y aura une dizaine d’artistes toulousains sur le festival et des trucs supers intéressants. Et le plus intéressant, c’est qu’ils sont jeunes entre 20 et 25 ans . La preuve de la bonne santé de la ville.
 

Pour l’identité visuelle du Festival, cette année encore vous faites appel à Emile Sacré et Bakélite. C’est une collaboration qui fonctionne très bien. Peux-tu m’en dire plus ?
Oui toujours. On va plus loin, on est un peu plus pointu mais toujours dans la même idée avec un superbe teaser. C’est une collaboration avec Bakelite qui continue et fonctionne bien. On a même fait deux belles soirées chez eux avec Plan B. Une collaboration très intéressante. On veut au final créer un vrai label « Curiosités » pour accompagner les groupes en développement. Une marque de fabrique avec les Curiosités, Plan B et le Weekend.  On va réfléchir au fil des années à proposer d’autres choses. Des idées peuvent jaillir de tout cela. On veut leur proposer les meilleurs spots possibles. A Toulouse, il n’y a pas de pépinière comme cela. On n’a pas ces moyens publics, avec l’association on veut à terme arriver à quelque chose comme ça. Je crois qu’on participe bien au renouveau de la scène locale.  Parmi les groupes locaux émergeants, ils ont tous joué dans l’une des soirées proposées.
 
 
Enfin, pour finir cette rencontre, donne envie au public de rejoindre le Weekend des Curiosités du 3 au 5 juin au Bikini en quelques mots !
Une programmation très éclectique et assez pointue mais accessible à tous. Elle va surprendre les gens.  La différence, c’est le prix d’entrée accessible. Pour prendre autant de musique, c’est un bon tarif. C’est un événement qui prend son sens et qui est original. Tu ne verras pas ce genre de programmation dans d’autres festivals. On se démarque vraiment. On a trouvé notre originalité par rapport aux autres festivals. Soyez curieux, venez fouiller !  Même si c’est des projets qui sont à leur début, ils ont une grosse identité visuelle en live.

Réservations sur www.leweekenddescuriosites.com

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