mercredi , 15 mai 2024

Toulouse. Rencontre avec Mathias Malzieu du groupe Dionysos

 

Ce mercredi, le groupe Dionysos débarque au Bikini quelques mois après avoir galvanisé le public du Weekend des Curiosités. Rencontre avec Mathias Malzieu.
 
Ils ont fait fondre le public toulousain lors de leur passage au Weekend des Curiosités en mai dernier. Mathias Malzieu et consort ont su offrir une performance hallucinante entre pop, rock et influences punk. Rencontre avec le leader du groupe de Valence. 
 
 
Quelques mois après le Weekend des Curiosités, Dionysos revient au Bikini. Comment te sens-tu avant ce concert ?
De mieux en mieux, on trouve le bon équilibre  avec le groupe. A chaque concert, il y a une excitation toute neuve. On crée une envie qu'on partage avec plaisir et le reste n'est qu'un supplément. Au début de la tournée, on tâtonnait pour maîtriser un peu mieux le dernier album au fur et à mesure de notre avancée. On était vachement concentré, pas énormément dans la folie. Plus dans l'interprétation. Désormais, on entre dans un nouveau mouvement. Après, on a déjà sept album, donc on a du choix pour nos sets.
 
Comment trouves-tu l'équilibre entre les nouvelles et les anciennes chansons sur scène ?
Toutes nos compositions sont différentes. Les nouvelles, on les maîtrise désormais comme les autres. Mais on se permet de remettre en question chaque titre à chaque date. C'est l'envie d'entretenir une magie. C'est notre façon de jouer.   Par exemple, même si on essayait de refaire le Jedi, avec le succès et l'attente des gens, il faut le faire de façon nouvelle à chaque fois. Sinon on reproduit une pâle copie. Ce n'est pas notre métier, c'est assez cynique je trouve de rabâcher toujours la même version. On essaye à chaque fois de s'amuser. On n'est pas capricieux, on joue sans calcul. On s'amuse plus ainsi. C'est marrant : il faut trouver un équilibre en basculant les structures, en jouant avec la lumière, la musique, les techniciens pour créer un set digne. Un bon concert, c'est ne pas perdre le contrôle mais avoir malgré tout une certaine liberté. Il faut qu'on maîtrise notre musique pour pouvoir nous lâcher naturellement. Au départ, c' est très scolaire, puis l'adrénaline prend le dessus. C'est un lieu de passage passionnant et flippant.
 


Après 20 ans de carrière, Dionysos évolue toujours ?
On adore être débutant. Chacun d'entre nous va chercher de nouvelles variations à apporter à notre musique. Stéphane, par exemple, s'amuse à inventer des instruments. On touche un peu à tout, chacun de notre côté. On n'est pas des virtuoses. Les virtuoses m'ennuient.  En clair, notre équilibre se trouve entre la pop et l'expérimentation. Il y a donc une évolution permanente, malgré les années. On a fait la tournée du précédent album jusqu'en 2010. On nous a proposé une compil, Eat Music. On n'était pas intéressé par la reprise de 12 singles. Il fallait autre chose.  Il n'y a aucun intérêt à resservir la même chose. C'est pourquoi on a offert des titres sur quatre pistes, des lives, des remix et des nouveautés. On fait un disque par envie. C'est primordial, même 20 ans après. Au delà des projets, on compose pour le groupe. Il n'y a jamais d'arrêt dans la création.
 
Il y a chez vous un besoin d'être ensemble, puis chacun de son côté. C'est ce qui vous renforce ?
C'est sûr qu'aujourd'hui on bénéficie d'une grande liberté. Babet ou Mike ont leur disque. Malgré tout, sur la Mécanique du cœur, j'avais besoin d'être connecté avec eux. On reste très proche malgré nos travaux parallèles. Parfois socialement, on se perd un peu de vue, puis le travail revient.  Alors oui, ça nous renforce.
 
L'excitation est toujours la même ?
Oui, c'est hyper excitant de se retrouver. Il y a des moments de doute dans le travail. Même quand c'est tendu, on trouve quelque chose de frais dans nos relations. On se retrouve, c'est super.
 
Comment est née ton envie de raconter des histoires ?
Une nécessité. J'ai toujours eu envie de raconter des histoires. Je l'ai toujours fait. Dans la réalité, je suis un peu inadapté, hyper actif. J'avais des soucis disciplinaires, mais rien de grave. Je n'arrivais pas forcément à m'adapter. Mais mon équilibre, mon truc, c'est d’être créatif. Je voulais être un superhéros ou un inventeur. A plus humble mesure, j'ai besoin d'enregistrer avec le groupe. Partager mes histoires. Donc, les histoires font partie de moi. 
 
 
Il y a plusieurs mois, un nouvel album est sorti : Bird'n'roll. Un album plus rock, mais toujours dans la même veine de la Mécanique du cœur.
C'est un vrai album de chansons qui véhicule force, dimension brute et live. Il est beaucoup plus rock que la Mécanique du cœur. Spontanément, je suis rentré dans autre chose. Dans un nouveau processus. Sur le précédent, il y avait huit invités. Un disque qu'on continue quand même à revendiquer de Dionysos. Là, on est revenu à quelques chose de plus physique. Il y a un décalage évidemment, même si j'ai travaillé avec les mêmes personnes que sur la Mécanique. Bird'n'roll possède une base rock connectée au livre. Avec toujours des personnages forts comme Cloudman. 
 

 
Tu touches vraiment à tout. Où en est le film sur la Mécanique du cœur ?
On en est au bout. C'est excitant de partir sur un tel projet avec notre musique et voir s'animer les personnages qu'on a créé. C'est magique que ça aboutisse. Après, je travaille aussi autour d'une application autour de l'Homme Volcan, une de mes nouvelles. Un projet fou qui n'a jamais été fait avant. C'est un développement hyper excitant. Nous, on invente une histoire, un conte, et au final, cela se transforme. On se laisse surprendre tout le temps. Il n'y a jamais de calcul, juste l'excitation de découvrir un autre univers.
 
Comment se passe l'interaction entre toi et le reste du groupe ?
J'assume le leadership du groupe. Mais c'est une histoire de groupe. Je grandis, ma musique grandit à leur contact. J'ai suffisamment confiance pour les laisser s'approprier les titres. Je suis souvent surpris. C'est amusant et angoissant à la fois. Car, on ne connaît jamais à l'avance les propositions qu(ils feront. On s'amuse. ça dépend aussi des chansons. Comme Jack L’éventreur. Au départ c'était un simple ukulélé -voix avec de nombreuses citations, pour se muer en un truc plus rock avec des chœurs. C'est super. Mais pour Spidergirl, ce n'était pas possible de dépasser le stade de la voix et un peu de folk derrière. Elle est mieux comme ça. On l'a, comme les autres, réfléchi ensemble. C'est une chanson du groupe du coup. On avance entre confiance et respect. On assume ensemble les réussites comme les échecs. 
 
 
Peux-tu me parler un peu plus de ta relation avec Bashung notamment avec « Le Grand Cheval aux yeux gris » ?
Bashung, c'est particulier. On s'est rencontré sur la Mécanique du cœur. Une superbe rencontre. Il avait une simplicité dans le travail. Il proposait des petites choses pour améliorer notre collaboration. Il était parfaitement dans les clous du phrasé que je souhaitais pour son personnage. Il mélangeait le chant avec le parlé. A la fin, je n'ai pas osé lui proposer de travailler sur autre chose. On a fait deux dates ensemble en 2005. Il était juste après nous sur scène. Il n'était déjà pas très en forme. Il avait toujours un œil amusant sur nous. Il venait vers moi et me disait : « t 'es pas assez couvert mon petit ». Lors de sa dernière tournée, il avait conscience de l'impact de ses geste. J'étais impressionné, il n'en jouait pas du tout. Pour te dire, il m'a demandé deux chansons. Dont le Cheval aux yeux gris. Malheureusement, il n'a pas eu le temps de la chanter. Puis, je me suis dit que je voulais qu'elle existe. J'ai tout fait à partir de 2011 pour ce nouvel album. Tout balayer pour reprendre à zéro. Par contre, je ne pouvais pas me soustraire à l'idée que cette chanson était importante. Ce n'est pas un hommage direct. Je trouve que Dreamoscope possède plus la patte Bashung.

Demain, tu seras de nouveau sur la scène du Bikini. Que t'inspire la ville de Toulouse ?
J'y ai vécu deux ans entre Wilson et les Carmes. On y revient souvent avec le groupe ou seul. L'an dernier, j'ai même participé au Marathon des Mots. J'aime bien cette ville. Je faisais du ski nautique à Sesquières. Une Bonne époque juste avant Monsters in love. J'y ai écrit pas mal de chose. J'aimais mon petit cinéma..l'Utopia, je crois. A l'époque, je ne suis pas rentré dans la vie sociale,j'avais besoin de me reposer. Et, j'ai reçu ce que je voulais de Toulouse.
 
DIONYSOS en concert à Toulouse
Mercredi 03 Octobre 2012
LE BIKINI  – 20h30
> Réservation : www.lebikini.com
 
 

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