Ce mercredi, l'excellent groupe Gush présentera à Toulouse son nouvel opus, "Mira". Rencontre avec Yann.
Dans Everybody's God (2010), le titre "Dance On" annonçait déjà les prémices de leur second album… un nom de chanson, une invitation, un slogan au milieu de ce premier chapitre à la pop ouvragée, légèrement nappée de funk, avec ses mélodies irrésistibles.. Les revoilà en 2014 avec une date toulousaine et un nouvel album entre "electro" et harmonies pop, l'excellent "Mira". Rencontre avec Yann, l'un des quatre membres du groupe.
D'abord, comment te sens-tu avant d'arriver à Toulouse ce mercredi pour la date au Connexion Live de Gush ?
On est hyper content. Ça me met vraiment en joie de revenir à Toulouse où à chaque rendez-vous c'est assez génial. J'ai passé pas mal de temps à Toulouse, notamment à traîner à Ramonville avec mes potes. Donc je suis assez heureux à chaque passage ici. Le live va être dantesque !
On va revenir ensemble sur l'aventure du groupe. Comment s'est faite la rencontre entre vous quatre ?
On était au lycée, mais chacun dans un groupe différent. Moi dans un, et les autres dans un autre où ils chantaient surtout en Français. Ma formation était plus proche du Funk des années 90. Au bout d'un moment, on s'est rapproché pour commencer une aventure ensemble. On a donc débuté des composition en anglais, car c'est la langue que je maîtrise le mieux, étant à moitié anglais. Après un an voir un an et demi, on a transposé notre savoir faire sur scène notamment en Angleterre. Puis ce fut la rencontre d'un label avant de publier notre premier album « Everybodys'god ».
Puis c'est la période d'une longue tournée ?
Oui, on a tourné ensuite pendant près de deux ans avec près de 150 dates en France, et puis pas mal à l’étranger dont l'Angleterre et le Japon. Puis, on est devenu plus libre en devenant nos propres producteurs sur le nouvel opus du groupe qu'on a enregistré et sorti dernièrement. On est d'ailleurs revenu au son du groupe d'origine.
A titre personnel, comment as-tu découvert la musique ?
Moi, j'ai découvert la musique grâce à l'album Abbey Road des Beatles et Thriller de Michael Jackson. Puis mon père m'a amené en 1985 voir Bruce Springsteen à la Courneuve, là ça a été la claque et j'ai su que je voulais me diriger vers ça.
C'est drôle que tu évoques les Beatles car on parle souvent de Gush comme des artistes similaires aux Fab Four.
C'est pas notre projet. Mais c'est un de nos groupes favoris. Ce n'est pas désagréable mais le parallèle est assez rapide. La seule ressemblance est le fait de chanter en anglais et à quatre voix. Après, si il suffit de chanter à quatre pour être comparer aux Beatles ça peut aller loin. Les gens font des rapprochements trop rapide.
Comme tu l'évoques, vous avez tournée énormément, et il a fallu attendre quatre ans entre deux albums. C'était le temps nécessaire ?
A vrai dire, c'est assez logique du fait qu'on est tourné pendant deux ans avec autant de dates à travers la France et à l'étranger. Pendant cette période, on a mis plein de morceaux de côté avant de rentrer en studio, de tout produire, de tout remanier pour que ça corresponde au mieux à notre son. On a pris le temps nécessaire. Il faut dire que c'est de l'artisanat.
Vous êtes vous même producteurs de votre nouvel album « Mira ». Cela vous a permis une plus grande liberté ? Envisagez-vous de produire d'autres artistes ?
C'est assez génial. On développe des connaissances dans plusieurs domaines dont on ne connaissait presque rien. Il faut gérer pas mal de paramètres, donc, logiquement, il faut le temps de l'apprentissage. A notre manière, on a voulu tester plein de routes différentes avant de pouvoir se sublimer parfaitement. On n'est pas encore au top, mais on a fait l'album qui nous ressemble le plus grâce à cette liberté là. Quant à la production d'autres artistes, pourquoi pas. Pour le moment, ce n'est pas le cas, mais pareil, un jour, on aura un coup de cœur et on travaillera avec un jeune talent.
Vous avez enregistré cet album avec plus d'ordinateur que le précédent. Cela a changé votre approche de votre travail ?
C'est du 50/50 pour le travail avec les ordinateurs. On retrouve les deux dans l'album, il n'y a pas de préférence tant que ça s'englobe parfaitement l'un à l'autre. C'est un album mi digital mi organique sans oublier que nos voix ont pas mal travailler.
Comment se passe d'ailleurs le processus créatif ?
On se base d'abord sur les chansons, puis on les habille. On cherche ensemble ce qui correspond le mieux à chaque thématique et chaque texte. On compose et on écrit à quatre mains. Chacun amène quelque chose, un couplet, un refrain, une ligne de basse, etc… toute le monde bosse de façon collégiale. Au final, tout est possible dans la construction d'un morceau, on joue tous des instruments, on mélange, on se concerte et on multiplie les pistes possible pour trouver un bon résultat.
Il y a d'ailleurs un gros travail sur les voix dans cet album.
On vient tous de la musique vocale. On adore les groupes psy avec le mélange des voix et la fusion assez volcanique de ces dernières. Ça fait du bien de trafiquer naturellement nos voix surtout depuis qu'on a écouté un disque de rap avec des cœurs bulgares. Ça donne une force à la musique assez passionnante. On est loin des codes mais ça nous ressemble plus.
Le fait de changer de style musical est un choix logique selon toi ?
Oui, car on a commencé comme ça. C'est le son originel du groupe. On avait mis l'ordi de côté pour le premier, on était plus dans la recherche de son désormais. Là, on voulait tester de nouveaux horizons. Je ne vois pas l'intérêt de sublimer le premier album, mieux vaut prendre d'autres chemins qui nous ressemblent.
Il n'y a pas eu l’appréhension de perdre le public ?
On a fait le son qu'on avait dans les tripes. On ne va pas aller jusqu’à s’adapter à la demande du public. Je ne comprendrais pas le principe. On leur propose un son, qui reste du Gush, et qui est très bon à prendre donc bon….au final, il y a des retours plus que positifs.
Dans une interview lors du premier album, j'ai pu lire que Gush chantait certes en anglais mais que le français était envisageable. Qu'en est-t-il ?
Pourquoi pas, en effet. Gush est en anglais car notre son permet une plus belle tenue dans cette langue, et personnellement, je ne sais pas écrire en français. Je ne sais pas faire cette musique en français, elle ne s'y prête pas bien. Après, on verra mais ce n'est vraiment pas pour tout de suite.
Vous faites parti d'une nouvelle scène française émergente avec énormément de talent. Que penses-tu de l’émulation actuelle dans le pays ?
On trouve que c'est hyper intéressant. On découvre plein de petit label Electro en France qui font leur projet avec passion et talent. Ils sont nombreux d'ailleurs les projets français qui s'expatrient de ce côté là. Preuve que cette musique est digeste pour les autres pays. La musique est une prise de risque que la nouvelle scène a compris très rapidement.
Que te souhaiter pour la suite ?
Alors, je souhaite que tout le monde continue d'acheter « Mira », qu'on passe de grands moments sur la tournée des septembre et dès mercredi à Toulouse. Que Mira passe par leur fenêtre, car Mira est une étoile très lointaine qui laisse une belle lueur derrière elle pendant très longtemps. On fera tout pour être comme cette étoile.