lundi , 13 mai 2024

Toulouse – Interview : Anthony Kavanagh, « le plus beau show de l’univers est d’être humain »

L'humoriste Anthony Kavanagh sera en spectacle au Zénith de Toulouse ce jeudi 19 novembre. A l'occasion de son showcase à la Fnac le mois dernier, on a rencontré l'humoriste qui nous raconte son nouveau spectacle.

Pour fêter ses 15 ans de mariage avec le public Français, Anthony Kavanagh nous livre un tout nouveau spectacle : « SHOW MAN ». Le québécois aborde ici des sujets comme le mariage Gay, Dora l'exploratrice, les sextos, la vie avant Google, si les hommes tombaient "enceintes"… DEs sujets toujours aussi vastes et absurdes qui font le charme des spectacles de l'humoriste.  

Lors de son passage en showcase à la Fnac le mois dernier, nous avons rencontré l'humoriste. On a pu mesurer sa cote de popularité, sa fraicheur, son humanisme mais aussi évoquer avec lui Danse avec les Stars, sa paternité, et son nouveau spectacle aussi brillant, drôle que personnel. Anthony Kavanagh livre aujourd'hui son spectacle le plus abouti. Rencontre.

 

 

Tu présenteras ton nouveau spectacle « Showman » au Zénith de Toulouse ce jeudi soir. Dans quel état d'esprit es-tu ? Quelle sensation te procure cette journée promo ?

Encore un bel accueil ici ! Chaud au cœur de croiser les gens dans la rue. Ça fait plaisir de voir les gens s’arrêter pour me parler. J'ai un rituel le soir et le matin, avant de me coucher et en me levant : c'est de trouver deux trucs que j'aime, deux trucs dont je suis fier, deux personnes que j'aime, deux trucs qui me font rigoler et deux trucs pour lesquels je suis reconnaissant. Je suis reconnaissant après 26 ans qu'il y ait encore des gens qui apprécient ce que je fais. En France, c'est 17 ans. Et dire que je suis encore là ! Surtout que le public est large. Il y a des gens de la soixantaine, des ados, et des plus jeunes qui découvrent…

 

Comment expliques-tu cette notoriété ?

Justement, il y a des hauts et des bas, une carrière est un marathon, je cours encore, des gens courent avec moi et d'autres se rajoutent. L'expérience de Danse avec les Stars, l'an dernier, a rajouté un nouveau public. Les enfants, qui ne me connaissaient pas,viennent me voir car j'ai fait cette émission. Avec le temps, il y a toujours eu des événements qui m'ont ramené du monde entre les Marrakech du Rire, Vendredi tout est permis, Fais pas ci fais ça. Il y a aussi une génération d'ados qui me découvre et ça fait chaud au cœur.

 

D'ailleurs, je pensais pas en parler, mais après Danse avec les Stars, ton entourage n'en a pas marre que tu fasses des démos de danse ?

Non (rires).. Je ne savais pas, j'ai appris à peine et je ne sais plus maintenant. Plus sérieusement, c'est un vrai taff, un boulot beaucoup plus dur que ce qu'on montre. C'est trois semaines de préparation en amont. Bon, certains apprennent à danser avant et viennent en disant « Je savais danser naturellement » (rires). Dans le spectacle, j'en parle en disant qu'on n'est pas du tout au même niveau et c'est pas juste. Même l'année avant, personne, devant sa télé, ne disait « je me demande qui va gagner entre Brahim Zaibat le danseur de Madonna et champion de Break Danse ou Laurent Ournac, le petit gros de Camping Paradis » (rires). Je rigoles de ces inégalités là, mais on sait dès le départ qu'on est en compétition avec nous même. Pas avec les autres.

 

Il y a un regard bienveillant entre les candidats non ?

Tout à fait, il y a une superbe ambiance. Tout le monde est bienveillant. On se croise toute la semaine, on discute, on s'entraide de différentes manières. Il y a de jolis mots entre nous. On sait dès le premier prime, pour des candidats de mon niveau, qu'on ne va pas l'emporter, mais on tente, grâce aux autres aussi, de s’élever le plus haut possible. Quand je dis qu'on sait qui va gagner, c'est qu'il y a toujours trois ou quatre danseurs au dessus du lot et ça se joue entre eux.

 

Danse avec les Stars t'a apporté quelque chose sur la manière de bouger sur scène ? De prendre l'espace ?

Bonne question ! Ça m'a apporté de l'inspiration, de la transpiration, énormément d ailleurs, ça m'a changé les idées, ça m'a redonné un coup de fouet. Ça a relancé la machine en quelque chose. Je crois que j'avais besoin de ça. Besoin d'une récréation. D'un break. Quand tu es seul sur scène pendant des années, et quand tu fais de la tournée non stop, et que tu portes toute la tournée sur les épaules, être au top tout le temps, tu as besoin de laisser sortir autre chose. Là, tu es entouré et tu bosses avec une partenaire qui est meilleure que toi à tout les niveaux : physique, endurance, performance… ça fait du bien d'être tiré, d'être l’élève. Mon cerveau a pu se reposer. Après ça on est d’attaque.

 

D'attaque pour réécrire ton show ?

Exactement. Il y avait déjà un show, il a été réécrit par la suite à deux avec Adrien. La version du show précédent ne me correspondait plus. Ce n'était plus moi à ce stade là de ma vie. Surtout, je sentais pas que j'avais évolué assez dans ce show là. Je me lance dans de nouveaux shows avec de nouveaux défis. Là, je me disais, avant la réécriture, que je redonnais la même chose au public. Ce n'est pas en adéquation avec qui je suis. Je veux aller plus loin, leur donner un côté plus sensible. Je veux prendre des risques, aller ailleurs. Je donne les fondamentaux et après, je les dirige vers autre chose.

 

Au final, tu t'ouvres plus. Avant, tu parlais de toi dans tes spectacles mais il y avait une retenue. Ce qui a changé c'est la paternité ? Autre chose ?

C'est exactement ça ! Il y a la paternité et une évolution artistique. Il faut évoluer artistiquement car c 'est la seule façon d'avancer et de ne pas s'ennuyer. Si moi je m'ennuie, tout le monde va s'ennuyer. Car c'est la vibration que tu transmets au public lors d'un show. J'ai dû trouver quelque chose qui me passionne pour le partager avec les autres. Après Danse avec les Stars, je me suis dis, l'humain me passionne, le fonctionnement aussi. Pourquoi l'homme agit comme il agit ? Ces questions me passionnent. Ce que j’apprends en grandissant, je veux le partager. Ce que je vois, je veux le partager.

 

Une analyse sociologique de l'humain en quelque sorte ?

Oui, on peut réellement dire ça. J’apprends mais je donne au public ma lecture d'une façon humoristique. Mon fils me répète : « c'est quoi la vie ? Qu'est ce qui va m'arriver quand je serais vieux comme toi ? » Je l'ai giflé.. ( rires) Quand le Samu l'a réveillé…(rires), je lui ai dit que la Vie est un jeu. Et si la vie est un jeu, en voici mes règles. C'est un peu ça le thème du spectacle. Showman, le plus beau show de l'univers, le plus beau manège, est d'être humain. Alors parlons de ce manège.

 

Qu'entends tu par manège ?

Oui, on rentre comme dans un manège. D'abord, on commence par le corps, on parle du corps et de son évolution au fil du temps. La différence aussi entre la femme et l'homme. Tu évolues, et on parle de la famille, de l'amour, des enfants, le cerveau et son fonctionnement, qu'est-ce qu'être humoriste, qu'est-ce que mon métier ? J'aborde tout cela !

 

En fait, on peut définir ce spectacle comme un spectacle héritage, notamment envers ton fils. Tu évoques souvent ta paternité, je crois que t'avais besoin de laisser à ce moment là un petit truc ?

Peut être. Oui, c'est vrai. Je n'avais pas vu ça comme ça, mais oui, c 'est un spectacle héritage. Il a un côté transmission. On cherchait un pitch, ce qui est toujours chiant car on le demande avant même qu'on le joue sur scène, ou même qu'on l'ait écrit. Donc on dit que c'est un show américain à la sauce française. Un show américain mélangé avec un diner aux chandelles avec moi. Et c 'est vrai, au début on rit et à la fin je vous pécho !!! C'est épuisant (rires).

 

Comment naissent les idées de tes sketchs ?

En brainstorming. Quand on est en période d'écriture, je prend des notes sur Dictaphone dès que j'ai une idée pour pas la laisser filer. Après des séances de brainstorming autour du thème de la « Vie est un jeu en voici les règles », et on travaille dessus. C'est la première fois que j'ai le thème avant tout le reste. Un thème qui m'inspire beaucoup et j'ai mille idées, j'ai tellement de choses à rajouter, encore tellement de blagues et d'idées, que je dois couper. Bon, c'est un problème de riche. Le show fonctionne comme ça mais je peux toujours en faire plus. Donc parfois, je peux faire jusqu'à 2h de spectacle tellement ça fuse dans ma tête. Là, c'est un beau bébé et je veux continuer de le faire grandir.

 

C'est la première fois que je te rencontre, mais je sens que tu es hyper fier de ce spectacle ?

Oh oui, j 'en suis plus que fier ! J'ai toujours plein de casquettes mais là c'est mon idée, c'est moi le metteur en scène, c'est mon truc : mon bébé ! Et je suis content d'avoir écouté cette voix qui m'a dit d'aller explorer l'inconnu. Oui, c'est une mise en danger car tu ne sais pas comment le public va réagir. Suivre son intuition, c'est parfois difficile. Il y a des gens qui te disent de ne pas aller dans cette direction. Il ne faut pas les écouter. Certains, je les ai écouté en sachant que j'allais quand même sur la bonne voie. Sur plein de détails, on me conseillait de ne pas faire ça ou ça, en disant que le public ne comprendrait pas ! Et rien ne me rend plus fou que de prendre le public pour un con . Souvent, certains décideurs dans le métier sont méprisants et je n'aime pas ça.

 

En 1998, la France est championne du Monde et toi, tu arrives en France. Deux dates fortes. Quelle est ta relation avec le public français ?

J'ai passé un tiers de ma vie ici. C'est une relation hyper intime et amoureuse même. C'est encore beau de voir les gens te rencontrer et te raconter des blagues que tu as oublié avoir écrites. C'est magnifique de se dire qu'on les a marqués. On ne réalise plus. En tout cas moi, je n'ai pas cette prétention là quand j'écris, de dire que tu as changé quoi que ce soit dans la vie de quelqu'un. Alors quand une personne te dit que tel soir "tu m'as fait rire quand j'étais déprimé" ou que "j'ai vu ce spectacle à un moment difficile et tu m'as fait du bien", et c est le cas pour tous les humoristes, tu ne le réalises pas, mais tu es assez fier! Entrer dans l'affect des gens, c'est impressionnant, mais tu ne prends pas conscience vraiment ! Le vrai salaire est là ! L'argent est une conséquence !

 

Ma dernière question : Es-tu heureux aujourd’hui hui ?

Oui, je suis bien dans ma tête. Bien dans ma vie. Mon meilleur pote dit qu'on est des privilégiés de la vie. Le cerveau est binaire, et l'analyse paralyse. Quand tu es trop cartésien, tu t'analyses énormément. C'est très français. Le cerveau est binaire, il est soit positif soit négatif. Si tu es dans le négatif tu restes dans le négatif. Tu poses une question stupide à ton cerveau, il répondra stupidement. Quand on est jeune, on se posait pas ce genre de question : on faisait ! Je me suis reprogrammé et en retirant le négatif.

 

On a donc à faire au Kavanagh 2.0 ?

Oui, on peut dire ça. Ce show là rappelle le premier, mais il y a de la profondeur qui n'y avait pas avant. Un nouveau cru ! Ce nettoyage là me permet d'être plus léger dans le corps et dans la tête. Je suis un jeune expérimenté !


 ANTHONY KAVANAGH – SHOW MAN
Le 19 novembre au ZENITH TOULOUSE
Réservations : 05 62 73 44 77 – www.bleucitron.net

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