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Interview : Les voyages électroniques de MØME

Jeudi 11 mai 2017, la tournée Ricard S.A Live Music s’arrête à Toulouse, dans la salle du Bikini avec MØME, Mai Lan et Lysistrata. L’occasion pour nous de rencontrer Jeremy alias MØME pour évoquer un des projets les plus intéressant de la scène électro française.

Entre deux sessions de surf en Australie, le producteur Møme compose. Depuis son van transformé en home-studio avec lequel il arpente les côtes du pays, il donne naissance à la chillwave qui conquiert progressivement la France. Avec l’EP « Aloha », le Niçois affirme son attachement à cette musique, directement influencée par les artistes du label australien Future Classic tels que Flume ou Chet Faker. Le revoilà donc avec un premier, et excellent, album « Panorama ». Entre collaboration, univers sonore unique, artisanat et talent, Jeremy alias Mome prend une place de plus en plus importante dans nos playlists. Rencontre avec ce nouveau talent avant son passage au Bikini pour le Ricard SA Live Music 2017.
Pour commencer, tu sors du Printemps de Bourges, tu commences la tournée Ricard SA Live, dans quel état d’esprit es-tu ?
Là, clairement, prendre la route pour y rencontrer le public est un kiff immense. Je suis hyper content car j’ai toujours voulu en arriver là. Dans le sens, que je fais de la musique pour la partager avant tout.

Et la scène est un endroit fécond pour toi ?
Au départ, je n’étais pas supposé me retrouver sur scène. J’avais une démarche de producteur, à la recherche d’artistes pour faire de la musique. C’est venu un peu par hasard, même si je connais la scène par mes expériences passées. J’ai eu la chance d’avoir de plus en plus d’opportunités qui m’ont conduit à monter sur scène. Tu sais, les artistes vivent grâce à la scène, c’est une autre facette qui s’y dévoile et j’en suis fier.

D’ailleurs comment travailles-tu ton live ? Comment passe t-on d’un album studio à la scène ?
C’est une grande question. Quand je joue, la musique ne doit pas être étroite, c’est pourquoi je ne livre pas de live comme un DJ. Pour commencer, je ne viens pas du club. Sur scène, je propose un vrai live avec une guitare et un son fait pour la scène. D’ailleurs, j’ai créé pour l’occasion une guitare avec un pad. Je joue sur scène, j’ai des boucles mais pour le reste je laisse faire l’improvisation. Un live doit être un moment de vie.

On te retrouve donc le jeudi 11 mai au Bikini, pour la deuxième fois en six mois. Quel souvenir gardes-tu de ton premier passage ?

C’était vraiment un moment excellent ! Le Bikini est une putain de salle, et ils ont un excellent catering. Sans parler du public qui m’a fait un accueil juste parfait. A l’époque, on était deux à faire le déplacement avec mon ingé-son. Là, on arrive avec un vrai live, avec un visuel pour la tournée. Il y a quelque chose de plus abouti qui va vous surprendre !

Revenons sur ton parcours pour les gens qui ne te connaissent pas : Comment es-tu arrivé à la musique ?
Disons que j’ai fait des études d’éco, mais en parallèle je faisais tout le temps de la musique. En fin d’étude, on m’a refusé un master en Angleterre, mais j’ai décidé d’y partir quand même avec ma guitare. Ce fut très difficile de faire ses propres musiques, mais ça m’a permis de garder l’espoir malgré le fait de se voir freiné dans son envie de création.

Puis il y a eu ta rencontre avec l’Australie.
Quand j’ai créé Mome, l’idée était de partir pour l’Australie, d’abord pour moi et pour y produire mon album. J’ai gardé cet objectif en tête tout du long. Ça m’a forgé car j’ai eu l’opportunité d’y aller, d’y faire des rencontres, de vivre des émotions avant même de penser à l’album.

Est-ce que les voyages te permettent de composer ? Quel est le processus créatif chez toi ?
Il y a des moments où je m’isole mais surtout pour la partie technique. Je compose en effet en voyage, l’étranger m’inspire. Avant même l’Australie, il y a eu l’Angleterre, les USA, j’en revenais avec pleins de sons. Mon inspiration vient de ce détachement, de la découverte d’autres lieux. J’y perds mes repères, je me laisse surprendre. Mon prochain projet sera dans cette tonalité, avec plus de moyens je l’espère.

Du côté des influences on retrouve les sonorités de la scène Electro australienne comme Flume par exemple.
En effet, mes influences viennent de là. Tous ces labels comme Panamera ou encore Future Classics, qui ne sont pas ou peu populaire en France. Leur découverte fut une ouverture pour moi qui matchait bien avec ce que je faisais dans ma chambre. Je me sentais plus proche de cette scène là que de la French Touch, même si je ne peux pas y passer à côté. Sans oublier la force du mouvement indépendant découvert via la plateforme Soundcloud. C’est grâce à cette plateforme que j’ai pu distribuer mes premiers sons d’ailleurs.

Mome c’est aussi un projet visuel comme on peut le voir dans les clips. Cela est indissociable de la musique ?
L’idée est de faire un univers autour du projet, que mes vidéos ne proposent pas quelques choses de complètement différent. Que ce soit juste la suite logique. Je prends tout ce qui m’entoure, je ne suis pas dans la démarche d’une musique tournée vers le business. Je veux garder une certaine authenticité. La vidéo joue donc un rôle important pour moi. J’ai trouvé aussi les réalisateurs qui correspondent bien à ce que je veux faire, on est sur la même longueur d’onde dans notre démarche artistique. On travaille ensemble sur le fond, on crée le visuel, et on livre un projet visuel authentique qui ne sert pas à vendre ma musique mais qui permet de la renforcer par l’image.

D’ailleurs, tu viens de sortir un clip pour « Why is it » avec Merryn Jean.
Merryn Jean a écrit les paroles avec une vision écologique, qu’on avait en commun. L’idée est de montrer qu’ on ne contrôle rien, mais qu’il faut faire quelque chose pour protéger tout cela. C’était l’idée de la musique. Tout naturellement est venu l’idée de cette astronaute envahie par l’eau et qui finit par se noyer sans pouvoir rien faire.

On évoque Merryn Jean, mais il y a d’autres collaboration dans l’album comme Dylan Wright ou encore Nieve. Comment choisis tu ces collaborations ?
Sur l’album, ce sont des gens que j’ai rencontré lors de mon voyage en Australie. Généralement, sur Facebook et Soundcloud, je contacte les gens qui me touchent et je fais tout pour les rencontrer. Comme Merryn ou Dylan que j’ai découvert sur la route en Australie. Il y a une rencontre pour chaque collaboration et cela me permet de faire découvrir des artistes. Il y a toujours cette démarche de producteur derrière. Je n’ai pas la volonté d’être une star, ni de faire des mélanges de style pour vendre. Il faut de l’authenticité. La musique prévaut sur tout le reste et est faite à taille humaine. Cela m’est indispensable.

Enfin, que penses-tu de Mome ?
Pour être objectif, c’est facile de critiquer mais je suis fier de lui. C’est un ensemble, c’est des gens qui font leur métier avec passion et envie. C’est juste génial. J’espère que le projet va grandir et rester ce projet respectable. Donc je trouve Mome plutôt Cool !

Questions bonus !
Premier souvenir de concert ?
C’était quand j’étais plus jeune, dans un bar du vieux Nice. J’étais terrifié de jouer devant deux personnes. J’étais en panique, mais au moment de jouer, cela l’a fait ! Ce fut un déclic, et j’ai pris de la confiance à partir de ce jour là !

Premier album acheté ?
Eminem, je crois !

Ta lecture du moment ?
Actuellement, je lis « Le tour du Monde en stop ». Pendant cinq ans, un homme a fait le tour du monde sans dépenser le moindre argent. Il a dû aller vers les gens, et je trouve que c’est l’intérêt de voyager : l’ouverture aux autres.

Une chanson qui t’agace ?
Shape of you de Ed Sheeran. Elle me gave car elle est partout. Et je n’accroche pas du tout. Comme un peu les tubes de Major Lazer,c’était cool avant d’être un peu chiant dans son omniprésence. Et pourtant j’aime Ed Sheeran, mais je ne peux pas avec celle-là !

Enfin, qu’écoutes-tu en ce moment ?
Le dernier album de Kendrick Lamar, comme tout le monde ! Il est dingue ! C’est un peu l’inverse de l’authencité que je défends. Mais c’est un grand album ! Je conseille aussi l’écoute du groupe australien Fortune !

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