mercredi , 1 mai 2024

Interview : Alex Ramirès, humoriste vrai et sincère !

L’excellent Alex Ramirès présentera son seul en scène « Sensiblement Viril » le 31 janvier 2020 sur la scène du Bascala de Bruguières. Rencontre avec un artiste sincère.

Jeune espoir de la nouvelle génération d’humoriste, Alex Ramires prend de plus en plus de place dans le paysage culturel grâce notamment à un seul en scène incroyable : « Sensiblement Viril ». Juste, tendre, à l’autodérision jouissif, le spectacle est une réussite totale. A la veille de son passage toulousain, au Bascala, Alex Ramirès évoque avec nous son spectacle, la tournée, la création, youtube…le tout avec une sincérité touchante.

Vous êtes en pleine tournée avec un passage toulousain, au Bascala, le 31 janvier. Avant de parler de ce spectacle, prenons quelques nouvelles. Comment allez vous ?
Ça va ! La vie est belle ! En pleine tournée. Les débuts de semaine sont un peu mes weekends, puis après je pars sur les routes pour faire rire la France entière.

Souvent les humoristes, quand ils évoquent la tournée, parlent d’une certaine solitude. Est-ce votre cas ?
Non ! J’ai un bus de groupies qui me suit à chaque date, puis les fans aussi, sans parler des gardes du corps car j’ai besoin de me sentir en sécurité. En tout, on est une bonne cinquantaine…(rires) En vrai, on est quatre. Mais j’aime beaucoup cette solitude des tournées. Etre seul sur scène: ça fait du bien pour l’ego quand ça se passe bien. J’aime beaucoup cet espèce d’après. On a fait des photos avec le public, on rentre dans sa chambre d’hôtel seul. J’aime bien ce moment un peu suspendu. On n’arrive pas à dormir car on est trop heureux de ce qui s’est passé le soir même. Ça reste des tournées que le weekend, c’est déjà bien, mais j’adorerais une tournée itinérante, un peu saltimbanque dans le bon sens du terme.

Le 31 janvier, ce sera un nouveau passage par Toulouse. Quel souvenir avez-vous de la ville rose ?
Je suis venu jouer le spectacle à Toulouse, à la Comédie. Avant ça, j’ai découvert Toulouse vers 19-20 ans lors d’un road trip avec mon meilleur ami. J’ai des souvenirs qui restent de ces moments là, surtout que c’était l’été. Un beau moment pour moi.

Évoquons votre spectacle, « Sensiblement viril ». Comment le définiriez vous ?
Comme son nom l’indique, c’est un spectacle qui joue avec la contradiction. Un spectacle drôle avec un décalage sur la masculinité aujourd’hui, mais aussi un prétexte pour parler de ce qui nous touche aujourd’hui. Un moyen surtout de rire de tous les clichés qu’on peut voir autour de nous.

Peut-on parler d’un humour d’observation ?
Exactement. Un humour d’observation sur des sujets très basiques du quotidien comme la salle de sport, le premier rendez-vous, les jeunes parents… C’est le regard que je leur porte qui est intéressant car toujours décalé, énergique…Toujours dans le positif. C’est très enthousiasmant à jouer, et, très enthousiasmant à regarder.

Est-ce un spectacle très calibré ou faites vous place à une grande partie d’improvisation ?
Il est très calibré mais, s’il se passe des choses hors de mon ressort, je les prend en compte et l’impro fait son apparition. Je pars du principe que c’est un spectacle qui a été travaillé et je suis là pour offrir le meilleur au public. Je ne suis pas très partisan de l’impro cadrée comme aller dans la salle et demander au public ce qu’ils font dans la vie. Là, c’est moi qui parle dans ce spectacle. Je préfère qu’on rit de moi que l’on rit des gens du public.

Plus dans le spectacle que dans la forme du stand up…
Oui, exactement, même si c’est un stand up. Je m’adresse aux gens en toute sincérité avec des personnages qui font leur apparition. On peut être dans un stand up et que ce soit écrit et travaillé.

Dans votre manière de voir le spectacle, dans votre humour, on ressent aussi une filiation avec Vincent Dedienne.
C’est gentil de dire ça. C’est un peu mon parrain de scène. On se connaissait un peu avant mais c’est au moment où je suis monté sur Paris, avec les rêves d’un jeune provincial et l’envie de réussir. On était dans le même train. Il m’a donné plein de conseils. On continue de se voir régulièrement à des moments importants de ma vie.

Dans votre spectacle, vous adorez aussi jouer des personnages. Pouvez-vous justement me parler de Tatie Martini qui revient souvent dans les conversations?
C’est un personnage complètement déluré qui était ma nounou quand j’étais enfant. Enfin, dans le spectacle. Je ne dis pas que c’est la vérité. Je joue donc cette vieille dame, portée sur la bouteille et la cigarette, complètement folle, qui offre une grande surprise au public par ses vannes et par un moment suspendu en fin de sketch…mais je ne peux pas en dire plus. Faut venir voir le spectacle. Les gens me parlent beaucoup de Tatie Martini car c’est un personnage qui ressort un peu du spectacle. J’aime beaucoup ce moment.

Parlons de la création. Quand écrivez-vous ?
C’est surtout au moment où je peux le moins écrire que je vais avoir des idées. Donc dans les transports, en voyage… Dans ces moments là, il faut vite poser sur feuille ou ordi. Puis on travaille, on étire le fil. Après, ça dépend des périodes. Parfois je vais écrire pendant assez longtemps et ça sera une base pour la suite, d’autre fois je vais oublier. J’écris sur des choses qui m’interrogent. Ou sur un point de vue. Je dis « des choses » car ça peut être très large. C’est ce qui est génial dans mon spectacle, je peux tout évoquer. Tant que ça me touche d’une manière ou d’une autre, ça m’intéresse.

Pour monter sur scène, dans votre cas, il faut que ce soit personnel comme démarche ou vous pouvez ne pas parler de vous ?
Je peux ne pas parler de moi. Ce spectacle est, en effet, personnel. Je voulais une vraie rencontre avec le public. Et pour créer un lien fort, il faut être vrai. Je pars donc sur l’axe de la sincérité mais après il y a de la fiction, des choses ne sont pas vraies, j’étire le fil des émotions et des sentiments. Il y a du travail d’écriture mais l’objectif de base est d’être vrai et sincère.

Comme le fait de faire son coming-out dès le début du spectacle ?
Tout à fait. C’est une partie de ma vie, je vous le dit comme ça vous allez mieux comprendre la suite. Il s’avère qu’on va s’y arrêter deux trois minutes quand même car j’ai un petit sketch dessus, on va en rire, mais après on passe à autre chose.

On vous connait aussi pour le succès grandissant de votre chaine Youtube avec de nombreuses Parodies. Comment est né ce projet des Low Cost?
Oh, les parodies ! ça vient de mon enfance. Depuis tout petit, je regarde des clips, des films, des vidéos…donc après j’aime bien faire comme si j’y étais. Après avec les Low-costs, il y a un décalage que je fais depuis assez jeune : comme on n’a pas les moyens, et qu’on fait ça dans notre chambre, on fait comme on peut. C’est devenu notre marque de fabrique !

Y a-t-il l’envie aussi de passer à la fiction ? Et au cinéma ?
On est en train de préparer des choses plus écrites avec des personnages…Et le cinéma, on commence à s’y intéresser. Moi de mon côté, j’écris des vidéos avec des personnages qui font des métiers différents. Un épisode toutes les deux semaines. A suivre sur mes réseaux sociaux!

D’ailleurs quel est votre rapport avec les réseaux sociaux ?
C’est un savant dosage qui faut avoir. Il y a un passage où ça peut nous aider et un autre moment où ça nous fait perdre notre temps et nous empêche de créer. Pour ma part, ça dépend des moments et des inspirations. Je trouve que c’est le gouffre de la perte de temps : on est là pendant des heures à scroller, à regarder n’importe quoi de la vie d’autres personnes. Mais parfois, on tombe sur des vidéos incroyables, sur des personnages avec un énorme talent. Il y a tout et n’importe quoi . C’est le risque, et le jeu !

Actuellement, quels sont les humoristes qui vous font rire ?
Il y a toujours Foresti et Muriel Robin. Elles restent celles que j’écoute le plus. Actuellement, j’adore Marina Rollman, Laura Felpin, Nora Hamzawi, Benjamin Tranié… On est tous de la même génération mais j’adore les écouter. Avec Benjamin, on faisait la Grosse Emission ensemble il y a quatre ans.

Tous ont fait des chroniques comme vous. Ça vous donne encore envie de faire des chroniques ?
Oui, ça me tente toujours. Mais les questions sont: comment et par quel biais ? J’aime bien donner mon avis sur scène. Dans la chronique faut le faire assez rapidement et toutes les semaines, mais j’aime aussi la fiction. Dans Quotidien, je pouvais faire de la fiction et du plateau. donc il me faudrait un format un peu mutant. Après, dans la chronique, il faut écrire sur des sujets définis, un peu comme à l’école. j’ai un peu plus de mal car j’aime écrire sur ce que je veux quand je veux. Mais, c’est un exercice d’écriture assez plaisant.

Avant de finir, revenons sur le spectacle. Est-ce que c’est un spectacle évolutif ?
Oui, il évolue tout le temps. Il y a des blagues qui ont deux semaines. Après, la trame reste la même et je ne peux la changer. C’est un spectacle vivant donc il est tout le temps en évolution. Plus on attend de le voir, mieux il est !

On peut venir au Bascala, ou il faut attendre ?
Non, là c’est le bon moment !

Enfin, que dire aux toulousains pour venir vous voir ?
Vous m’avez raté il y a deux ans, ne faites pas la même erreur !

Alex Ramirès en spectacle
Le 31 janvier 2020
Le Bascala de Bruguières
Réservations : www.bleucitron.net

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