lundi , 13 mai 2024

Festival des Intimités : Rencontre avec Michel Cloup !

Michel Cloup sera sur la scène de l’Utopia Tournefeuille le 6 juillet en compagnie de Matt Elliott pour le festival des Intimités. L’occasion pour nous de vous remettre l’interview de l’artiste lors de son passage au Metronum en mars dernier.

Ce qui caractérise MICHEL CLOUP, c’est une manière particulière de poser sa voix, une sorte de spoken word mélodique, entre chanson, slam et hip hop blanc. Avec Diabologum notamment, il est le premier à inventer ce concept, abolir la mélodie pour retrouver le sens par rapport à la forme, ne pas chercher la parade mais chercher l’existentiel.

Retour sur son parcours et son passage en mars dernier au Metronum Toulouse (interview réalisée le 25 mars 2015).

Déjà, tu arrives à la fin de ta tournée avec une avant-dernière étape à Toulouse. Comment te sens-tu ?
Fatigué ! Cela fait plus d’un an et demi que je tourne avec cet album, avec très peu de temps de pause entre les dates. Donc, je suis ravi mais fatigué quand même. Il serait quand même temps que je fasse une petite pause. Les voyages fatiguent, même si j’aime ce contact avec les gens et la scène.
 
Que représente d’ailleurs la scène pour toi ?
C’est aussi important que le disque. Le disque n’est pas une fin en soi. Il est nécessaire de coucher quelque chose sur bande pour le jouer. Il est nécessaire d’alterner entre les deux phases d’une même activité musicale. Puis, je ressens le besoin de jouer. Si je n’aimais pas ça, je ne jouerais pas mes morceaux en live, c’est une évidence. Après, il faut avouer que j’ai passé trop de temps sans jouer. C’est une addiction. Je ne passe pas une seule journée sans jouer, et je ne parle pas uniquement des lives ou des répétitions, mais il me faut ma dose quotidienne. La scène me permet de voyager, et même si je t’ai dit avant que cela fatigue, j’adore les voyages. Faire parfois 4 000 km pour un concert, c’est extraordinaire et émouvant. Chanter ses chansons en face des gens, c’est incroyable. Avoir que le format disque, je ne pourrais pas. Quand j’écris, je pense aux gens.
 
Tu seras en duo sur scène avec une batterie, celle de Patrice Cartier. Est-ce le dernier concert sous cette forme là ?
Pas tout à fait le dernier, puisqu’il y aura Bordeaux juste après. C’est les deux dernières dates avec Patrice. On met un terme à notre collaboration après 15 ans. Depuis l’époque d’Experience, donc en 2000, je joue avec lui. C’est assez émouvant de terminer là ! Ça représente quelque chose de symbolique mais ce n’est pas une rupture dans la douleur. Son choix est de mettre la musique entre parenthèses pour le moment. Il y aura forcement un petit truc. J’espère qu’on ne se ratera pas pour ces dernières.( rires)
 
Peux tu m ‘en dire plus sur Michel Cloup Duo. Comment est née l’idée ? Quel est ton rapport avec Patrice ?
C’est tout con ! En 2010, j’étais avec Experience, et j’avais fait le tour, il n’y avait plus la motivation. Je suis parti dans une aventure avec des rappeurs texans avec lesquels j’ai fait une tournée de 3 ans. Mais j’étais un peu déçu, j’avais besoin de reprendre l’écriture personnelle. Une chose intime. Etre plus seul. On m’a téléphoné pour un concert au Lieu Commun à Toulouse, je n’avais que quelques chansons personnelles mais j’ai accepté. Au départ je devais jouer seul, mais j’ai appelé Patrice car je voulais de la batterie. Et comme il était sur Toulouse, il a accepté. On a un peu improvisé ce concert, mais il en est ressorti que la formation fonctionnait bien. J’ai trouvé ça très intéressant. A l’issue de cette date, j’ai su que je voulais me diriger vers ça.
 
Sur le premier opus de Michel Cloup Duo, le mot duo est entre parenthèses. Pourquoi les avoir supprimées pour le dernier ?
Au départ, je l’ai pensé comme un album solo. Je ne voulais plus de groupe. Puis, la tournée a fonctionné et j’ai compris que c’était un projet à deux. Il fallait donc enlever les parenthèses pour officialiser. Mettre en avant le duo. On n’avait pas conscience que le duo fonctionnait. Tu sais, j’en avais vraiment marre des groupes comme j’ai pu les connaitre depuis plus de 20 ans. Je voulais sortir un disque sous mon nom. Le projet est à la fois solo et un peu multiple !
 
Peux-tu me parler de votre relation de travail ?
Patrice avait son mot à dire sur les enregistrement. Il y avait vraiment rien de très compliqué. Quand ça le faisait, on le faisait. On fonctionne au feeling. Notre relation est assez simple au final.
 
Comment s’est donc passé le processus de création ?
La création est complètement aléatoire. Il y a une partie musicale où je colle un texte. Parfois une phrase d’un texte qui vient d’un autre et que je pose ailleurs. Ce n’est pas le processus qui compte, mais le temps entre les créations. Parfois, j’écris pas pendant des mois avec un besoin de maturation. J’aime me nourrir d’art, de plein de choses…je fais ma petite cuisine cérébrale. Quand il faut y aller, j’y vais. La cuisson et la préparation sont aussi longues.
 
Dans Minuit dans tes bras partie 2, on découvre la voix de Françoise Lebrun. Comment l’as-tu rencontrée ?
On a rencontré Françoise en 2011 lors d’un concert avec Diabologum. On nous a invité à nous reformer pour un unique concert pour les 20 ans du Rockomotive à Vendôme. La rencontre a débuté par un téléphone arabe : un ami avait lui même un ami qui connaissait Françoise. Elle lui a dit qu’elle avait envie de faire un truc sur scène avec nous depuis le temps. J’étais très impressionné. Je l’ai eu très simplement par téléphone. Elle est venue, on a discuté. Le morceau, « La Maman et la putain » date de 1996, c’est un moment fort de notre parcours. On a décidé d’essayer un truc sur scène, et le lendemain c’était parti.
 
Et quant à sa participation sur l’album solo ?
Ben, j’ai gardé le contact avec elle. Quand j’ai écrit Minuit dans tes bras, je me suis dit « Putain encore ce film, toujours ce film ». Je voulais faire quelque chose de nouveau, quelque chose de plus actuel. Du coup, j’ai écrit un petit texte que j’ai proposé à Françoise. Ça lui a plu, elle a enregistré à Paris le bout de texte. On l’a collé à la musique. On était assez ému. Il y a quelque chose de commun à nous deux, notre passé est très dur à porter. Entre Diabologum pour moi et la Maman et la putain pour elle, on a plein de chose à se dire, et ce duo fonctionne très bien, je trouve.
 
Tu es hyperactif dans tes projets, dans ta musique. D’où vient cette nécessité ?
Je suis hyperactif par nature. Surtout qu’aujourd’hui, en tant qu’artiste, on a besoin de cette hyperactivité. Les années 90 c’était autre chose, les années 2000 le début de la crise musicale et, aujourd’hui ça bouge trop doucement. Je n’ai pas changé radicalement ma façon de faire, j’ai toujours été assez foisonnant. La crise ne m’a pas touché plus que ça alors que pour d’autres, le monde s’est écroulé. On pratiquait déjà le Home Studio dans les années 90. On travaillait avec des bouts de ficelles. Pour des chanteurs des années 80 que je connais, il est impossible de retravailler dans les conditions actuelles.
 
Dernièrement, avant leur passage à Toulouse, on a rencontré Fauve. Le groupe cite le nom de Diabologum comme référence. Quel sensation cela procure d’être cité par de jeunes formations musicales françaises ?
Oui, Fauve d’après ce qu’ils disent. C’est une bonne chose oui ! Depuis longtemps, beaucoup de gens citent Diabologum. C’est un grand honneur d’avoir marqué l’esprit des gens. Dans les années 2000, c’était très compliqué pour moi d’en parler tout le temps. Je faisais autre chose. On faisait tous autre chose. Ça m’a un peu énervé qu’on ne cesse de m’en parler. Ce n’était pas très respectueux de revenir en continu là dessus. Mais depuis quelques années, j’arrive à en parler. Après 20 ans d’existence, tu te libères et tu te dis que c’est pas trop mal finalement qu’un groupe indé ait marqué autant de gens. On a ressenti cet amour lors de notre concert en 2011 où on découvrait des jeunes gens de 20 à 40 ans. C’est un groupe qui n’a cessé de continuer, d’exister dans la vie des gens, je suis très fier de ça. Après pour Fauve, c’est bien, même si ce n’est pas du tout la même musique. A l’époque, on nous comparait aussi à Noir Désir. Même si je suis sûr que pour Fauve, ce sont des gens qui ont fait le rapprochement et qu’ils nous connaissaient pas avant.
 
D’ailleurs, que penses-tu de la scène rock actuelle ?
Dans les années 80, la scène rock n’était pas terrible. Là depuis 2000, ça a un peu plus de gueule. Même si les groupes ne prennent pas trop de risque en français. Il y a de la place pour tous les bons groupes. Plus il y en aura, plus la musique sera respectée. On a travaillé dur pour donner une bonne image au rock français malgré un mépris de la part de la musique française : c’est dommage. La tendance dans les festivals est toujours dans le groupe anglosaxon médiocre plutôt qu’au bon groupe français. C’est dommage et regrettable.
 
La suite ? Vas-tu continuer dans cette formule ou faire un vrai album solo ?
Je vais continuer. Je travaille avec un nouveau batteur avec qui je répète depuis décembre dernier. C’est une continuité dans la différence pour la suite. Je suis entre deux. Je me sens bien dans cette formule, pas envie de changer. Avec Diabologum, on réalisait les albums en réaction avec les précédents. Là, je ne veux pas faire évoluer les choses de manière violente, je veux travailler sur la longueur. Creuser le sillon, essayer de poser le truc. Le prochain album sera différent du précédent mais dans la continuité. Il sortira je pense début d’année prochaine.
Matt Elliott + Michel Cloup
Le 6 juillet à l’Utopia Tournefeuille
Réservations : https://intimites.festik.net/

A voir aussi

10 concerts pour les 10 ans du webzine toulousain Opus

Opus fête ses 10 ans le samedi 25 mai 2024 avec 10 concerts gratuits dans …