Délicate et sensuelle, Robi sera en concert à la Dynamo de Toulouse ce soir pour présenter son album " L'hiver et la joie".
L'’hiver et la joie, le premier album de Robi, s’annonce comme une partie de cache cache entre ombre et lumière, où l’on croise l’électropunk cramé de Suicide (Où Suis-Je), la new-wave spectrale de Young Marble Giants (Belle Et Bien), ou encore Dominique A, venu donner, en chair et en os, la réplique sur Ma Route, chemin de traverse aux arrangements obsédants. Entre l’immédiateté de On Ne Meurt Plus D’Amour, la chevauchée stroboscopique de Tout Ce Temps et la confession troublante de Cherche Avec Moi, Robi reprend le groupe Trisomie 21 (Il Se Noie), et donne le vertige, ambassadrice d’un minimalisme habité, qui fait du bien là où ça fait mal. Avec une assurance fragile, elle égrène ses chansons, comme destinées à la piste de danse d’un bar paumé, où il ferait bon noyer sa mélancolie à deux pas du dance floor.
Rencontre avec une fille à part à l'occasion de son passage à Toulouse.
Comment se passe cette tournée débutée il y a plusieurs mois avec la sortie de ton premier album ?
Plutôt très bien. Je suis très heureuse de jouer devant des gens. Après j’ai réalisé de nombreuses premières parties dont Dominique A, Murat ou Arno. Et, aussi des co-plateaux avec d’autres artistes. C’est deux exercices différents…
Surtout quand on joue devant des personnes comme Dominique A ou Arno.
C’est différent pour d’autres raisons. Arno est celui que je connais le moins, mais il dégage une énergie et une folie sur scène assez incroyable. Il a une légende autour de lui qui n’est loin d’être galvaudée. Après Murat et Dominique A font partie de ma conscience musicale depuis toujours, c’est donc incroyable d’être sur la scène avant eux.
Comment as-tu découvert la musique ? Qu’est ce qui t’a donné envie de chanter ?
Je ne sais pas comment on ne peut pas arriver à le faire surtout. Le plus important est le passage à l’acte. On est tous habillé par la musique depuis notre enfance. C’est la bande son de la vie. Mais comment je m’autorise à chanter ? De façon lente et naturelle, je crois. Au départ, il y a les mots et la poésie, ainsi que la musicalité des poèmes. J’ai commencé très humblement à écrire des vers comme tout ado qui se respecte. Puis un ami a déposé tendrement sa musique sur mes mots. J’ai alors compris qu’il était nécessaire de les dire.
Les mots sont donc les axes majeurs de ta musique ?
Les mots sont très importants par leur sens et leur musicalité. Ainsi que le silence qui les précède. C’est ce qui fait vivre le monde. On vit à travers les sensations et les mots font partie de moi comme des autres.
Comment écris-tu ?
Je n’écris pas assis, j’écris en marchant. Ces moments se sont raréfiés en tournée car je marche peu. Mais la marche me permet d’écrire, les idées et les mots se mettent en place en observant en faisant le bilan seule. La tournée est plus propice à l’enregistrement, à la compo. C’est tout aussi jouissif. On peut utiliser ces longs temps pour travailler ensemble, chercher de nouveaux sons. Pour l’écriture, j’ai besoin d’être balancée. Justement, le prisme du corps, chez moi, me permet de faire le tri pour quelque chose de plus simple. Donc le passage par le corps est important.
Et la composition ?
Pendant la composition, c’est le même principe. Les mots et leur accroches, ou grammaire, c’est très beau quand ça prend forme en musique. Il n’y a pas un moment où je me dis : « je dois composer ». Les mots et la musique viennent ensemble. Je ne me pose qu’à la fin.
Après un premier EP, tu as sorti ton album cette année. C’était pour toi une étape importante ? Une approche différente ?
Mon but est de faire toujours de nouvelles chansons. Je ne me pose pas de questions. La notion d’album ou même de format met très extérieur. Je pourrais faire par exemple des EP tous les six mois sans problème. Les chansons existent de façon à se suffire à elles-mêmes. Je n’ai pas d’exercice de début, de milieu ou de fin dans mes albums. La tracklist se fait sur le moment, je ne décide pas d’une ligne directrice. Faire des chansons, chez moi, ça ne s’arrête jamais. Je ne pense pas en ces termes-là.
Le fait d’être indépendante dans ta musique d’offre donc une grande liberté ?
Une grande liberté, effectivement. Je peux ainsi m’extraire de certains timings et conceptualisations en tant que tel. Même si j’ai des gens autour de moi pour me donner des indications, je ne cherche pas à travailler avec quelqu’un, ceux sont eux qui viennent à moi.
D’ailleurs aimerais-tu collaborer avec un artiste en particulier ?
L’envie ne précède pas la rencontre. Je n’ai donc pas d’envie théorique pour l’instant. L’envie nait de la rencontre humaine puis artistique. Quand ça doit se faire, ça se fait. En attendant pas de fantasme particulier. Mais peut-être que je m’autoriserai par la suite à des collaborations fantasmées.
Tu fais aussi toi-même tes clips comme sur " On en meurt plus d’amour". Pourquoi ?
Celui a eu un joli retentissement. L’idée, je ne sais pas très bien d’où elle vient. Comme pour l’écriture, les idées viennent comme ça. C’est l’action qui me permet la création, et pas l’inspiration qui me tombe dessus par hasard. Je la provoque. Pour les clips, j’ai fait des essais et ça a fonctionné. Je suis auto-didacte dans les clips. En les faisant, j’ai découvert que c’était aussi une nécessité pour moi. Les images sont importantes pour partager de la musique maintenant. C’est un média extraordinaire qui aide la musique à se répandre.
Enfin, pourquoi avoir gardé sur l’album « Je te tue », seul vestige de l’EP ?
Pour moi, ça reste deux objets différents. Quand j’ai l’idée de produire une chanson, je veux qu’elle soit nouvelle. Pourquoi reprendre sur un autre support des chansons passées, j’y ai beaucoup pensé. Mais de façon assez pragmatique, j’ai trouvé qu’il était nécessaire de la mettre dans l’album. Mais ça sera l’unique fois.
Questions en rafale :
Ton premier souvenir de concert ?
Mon premier souvenir de concert est celui de Jean-Jacques Goldman à Dakar. C’était immense et impressionnant de voir ce concert à ciel ouvert. A l’époque j’adorais la chanson « Elle a fait un bébé toute seule ».
Ton premier album acheté ?
J’ai tardé, mais naturellement à l’âge de 13 / 14 ans, je me suis achetée Nirvana.
Si tu étais un autre artiste, tu serais ?
Barbara à plusieurs titres. A cause de son talent évident mais aussi à cause de la liberté qu’elle s’imposait dans sa vie et sa musique. Je suis admirative devant sa vie de femme. Elle me touche profondément.
Enfin, qu’est-ce qu’une bonne chanson ?
C’est une chanson qui m’émeut. Après il y a mille façons d’émouvoir, de toucher. Que ce soit par le biais de la joie ou de la douleur que la chanson véhicule. Si je dois en citer une, ce serait « Il n’y a pas d’amour heureux » de Brassens.