dimanche , 6 avril 2025

Toulouse : Zebra, un « Doux Dingue »

Ce lundi soir, Zebra présentera son nouvel album "Mambopunk" pour l'anniversaire du Metronum de Toulouse. Rencontre avec l'homme aux plusieurs visages.

Zebra sort un album de rock. Et même de rock Français. Ca remonte à loin, depuis la basse avec Billy Ze Kick et les Gamins en Folie (1994) jusqu'aux platines de DJ Zebra (années 2000) … et maintenant le voilà avec du bon, du très bon rock. A l'occasion de son passage toulousain ce lundi soir, rencontre avec un musicien, chanteur, compositeur, DJ et producteur. Rien que ça !

Peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui est Zebra ?
Je suis musicien, chanteur, auteur, compositeur, producteur et DJ. Mon pseudo vient de ma prof de philo, au lycée, qui m'appelait "Le zèbre" car j'étais un élève difficile à cerner. J'ai gardé ce nom quand j'ai commencé à faire de la radio en 1991. Lesgens me connaissent en tant que DJ Zebra, mais cette fonction ne représente qu'une partie de mon travail.

Tu as commencé la musique assez tôt avec de la guitare puis la basse et la batterie en autodidacte. Qu'est ce qui t'attirait dans la musique à l'époque ?
En fait, j'étais attiré par la musique depuis bébé. Mes parents m'offraient des disques dès l'âge de 2 ans, que je regardais tourner sur la platine, de Mozart à Pink Floyd… donc à un moment, j'ai voulu en jouer, et c'est la guitare qui m'a plu. J'ai pris des cours de classique dès 9 ans, puis je suis passé à l'éléctrique à 16 ans. A 17 ans, je me suis acheté une basse et une batterie, et je jouais dans ma chambre tous les jours. Mes parents ont adoré ! Par contre, je n'ai jamais acheté de materiel de DJ, incroyable, non ?

Comment as-tu su que tu voulais vivre de la musique ?
Je ne l'ai pas su, c'est arrivé comme ça, en rejoignant Billy Ze Kick & Les Gamins en Folie en 1993. On n'imaginait pas qu'on pourrait en vivre, et puis c'est arrivé. Ca n'a pas duré longtemps : quelques années après, quand je suis arrivé à Paris, j'enchainais les petits boulots, et puis il s'est passé quelque chose avec mes bootlegs, et j'ai recommencé à en vivre. Dans ce milieu, il ne faut jamais se dire que c'est un métier, sinon on fait trop de compromis. Pour garder la flamme de la musique, il faut rester passionné, et c'est mieux quand on ne pense pas à l'argent.

Quels sont tes références musicales ?
J'aime tous les artistes qui prennent le risque de déstabiliser leur public, pour qui l'ambition est de découvrir et d'évoluer en essayent de dépasser leur limites. Des gens comme Serge Gainsbourg, Prince, Beck, Miles Davis, The Clash… En tant que guitariste, mes modèles sont Johnny Marr et Jimmy Page.

Tu as eu plusieurs vies : des groupes de rock aux platines. Tu as besoin de te diversifier dans plusieurs registres pour y trouver ton compte ?
J'aime découvrir et jouer ce que je ne connais pas, dans tous les styles. Je crois que j'ai essayé de toucher à tout, et c'est comme ça que j'envisage la vie d'un musicien ambitieux. Après, oui, ma personnalité fait un tri, et je reviens naturellement à ce que je sais faire le mieux, mais je tente quand même. C'est comme ça que je trouve mon énergie.

Qu'est ce que ces expériences ont apporté au Zebra de 2015 ?
Le Zebra de 2015 est en fait un homme qui a trouvé sa maison. Avant, j'étais tout le temps en voyage. Là, je m'installe en écrivant et composant ce que je suis vraiment. Mes expériences m'ont aidé à construire les fondations d'un avenir durable, honnête et personnel. Plus besoin de masque maintenant.

D'ailleurs, avec autant d'année de carrière, quel regard portes-tu sur ton parcours ? Sur ton évolution ?
Je suis étonné de ne pas m'être trop grillé avec tout ce que j'ai tenté… (rires)

Tu sors un nouvel album, "Mambopunk" plus rock, voir très rock. Pourquoi cette direction artistique ?
Oui, il est rock, mais tout autant que mon précédent "Zebra & Bagad Karaez". Mon rock est métissé, très français et créole, c'est à dire ouvert sur le monde et la diversité. J'aime qu'il soit chanté en français, car je veux qu'on me comprenne, c'est important. Et musicalement il est rock du Sud des USA, New Orleans, Memphis, mon jeu de guitare est proche des styles de ces villes.Et les cuivres ont une sonorité latine et anglaise, entre les Beatles et la Fania All Stars. Intégrer ces sons dans un contexte de rock français alternatif est très excitant.

Cet album est-il un retour aux sources ? Comment définis-tu cet album d'ailleurs ?
On peut dire que je reprends l'histoire de musiciens là où je l'ai laissée il y a 15 ans, quand je suis parti de Rennes. J'avais sorti plusieurs albums avec différents groupes funk, reggae ou pop, j'écrivais des chansons sans prétentions, mais aussi sans voix car je ne me considérais pas comme chanteur. Cette fois, j'ai plus d'assurance, j'aime écrire et je suis bien meilleur musicien, donc c'est le bon moment pour m'exprimer à nouveau. Bye Bye Disc Jockey !

Sur plusieurs chansons, comme Du Sang sur les murs, tu t'engages. C'est pour toi une nécessité ? Trouves tu qu'aujourd'hui les artistes ont perdu un peu de cette force d'engagement dans la musique ?
"Du sang sur les murs" est plus une chronique sociale qu'une chanson engagée, comme la plupart des chansons de l'album. La seule chanson militante est "Choisis ton camp, camarade", qui détourne un slogan communiste pour lancer un message d'envie de créer et d'entreprendre, volontaire et énergique. Mais en effet, j'aime les chansons rock qui ont du sens, je trouve que c'est important de retrouver cette urgence des mots et ces histoires modernes dans le rock français. Trop d'artistes se retiennent, la faute sans doute aux médias et labels qui les poussent à rester neutres, mais on a besoin du rock pour bousculer les habitudes. L'avantage du rock, c'est qu'à travers une chanson courte, mélodique et excitante, on fait passer un message clair et populaire.

Comment s'est passé le processus créatif de l'album ? Comment naissent les thèmes abordés ?
C'est amusant, mais la plupart des idées de chansons de cet album ont été trouvées sous ma douche. Alors que celles de mon album précédent l'étaient pendant mes promenades en vélo. Il faudrait demander à un psy ce que ça signifie, mais je crois que "Mambopunk" est plus chaloupé et sensuel grâce à ce rituel. En général, je trouve mes mélodies et paroles en même temps, et aussi les thèmes de cuivres, que j'arrange ensuite avec Stéphane Montigny (trombone). Puis je cherche les accords de guitare, et une fois que j'ai le rythme et le tempo, j'assemble des samples de batterie dans mon ordinateur pour créer le groove général. Après, on enregistre les démos, et tout est prêt quand on arrive en studio. Quant aux thèmes abordés… je ne sais pas toujours comment ils arrivent, c'est la magie de la création. Ma tête est constamment en mode "récepteur" d'idées, et elles arrivent n'importe quand. Mystère !

Quand tu écris "Tu chantes comme une", tu penses à qui ?
En fait, au départ, cette chanson ne concernait pas une chanteuse mais un animateur télé agaçant, que je regardais s'agiter, assis sur mon canapé avec ma guitare. J'ai improvisé ce "Tu chantes comme une petite pute, je t'écoute et ça ne me fait rien…" et le reste est venu assez simplement. Je la chantais avec une voix plus aiguë au début, et puis on m'a conseillé de la faire plus grave comme le Serge Gainsbourg reggae, et voilà. D'ailleurs, le sample de maracas est celui de "Couleur Café".

Si il y avait une chanson centrale à MamboPunk qui définirait le mieux cet opus, ce serait laquelle? Et pourquoi ?
La chanson la plus mambo-punk est "Fête à la maison". C'est en l'écoutant que Christophe Crenel (qui a fait les photos de l'album et le clip de "Peau de zèbre") a trové ce nom. Il m'a conseillé de composer un thème instrumental avec ce nom, ce qu'on a fait. Et comme ça me plaisait, j'ai appelé l'album comme ça aussi. Evidemment, l'album n'est pas entièrement mambo ni punk, mais ça définit assez bien notre son rock cuivré.

Tu jouera à Toulouse le 2 février. Que représente cette ville pour toi ?
J'aime toujours jouer à Toulouse, j'y suis venu jouer une dizaine de fois en 20 ans (la dernière fois en novembre dernier pour le festival "Origines Controlées"). Il y a une forte activité culturelle, les gens sont ouverts, ça se sent. Ca me fait vraiment plaisir de venir inaugurer la sortie de l'album ici, et particulièrement au Metronum, que j'ai visité dernièrement et qui est une superbe salle.

Qu'allons nous voir sur scène au Metronum ?
Nous allons jouer une heure, en trio : Stéphane (trombone), Nicolas (trompette) et moi (chant, guitare, machines). Nous jouons ensemble depuis 7 ans, on se connait par coeur, donc on peut improviser comme on veut. Mais notre show sera bien carré, on aura 1 heure pour présenter notre nouveau style, avec essentiellement de nouvelles chansons – et même certaines qui ont été écrites récemment, qui seront sans doute sur l'album suivant. Nous jouerons quasiment toutes les chansons de "Mambopunk", de 21h à 22h.

D'ailleurs, que représente pour toi la scène ?
C'est mon terrain de sport.

Enfin, question rituelle : que penses-tu de Zebra ?
Un doux dingue (rires)

Zebra en concert
Lundi 2 février à 20h au Metronum Toulouse

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