jeudi , 5 juin 2025

Toulouse. R-Wan :  » J’essaye d’être plus profond »

 

Après une belle aventure avec le groupe Java, loin du projet Radio Cortex, R- Wan revient en solo avec un nouvel album " Peau Rouge". Le chanteur sera en concert à Toulouse samedi soir lors des Curiosités du Bikini.
 
Tu es dans le paysage musical depuis plusieurs années. Mais au fait, qui est R Wan ?
J'évoluais dans le groupe Java avec qui j'ai réalisé plusieurs albums de « rap musette ». C'était assez réducteur car on mélangeait plein de choses. Une sorte de grand melting pot, une grande cuisine.
 
Quand as-tu été happé par la musique ?
Je ne me suis jamais senti fait pour la musique. Je n'était pas destiné à ça. Je me voyais rentier, à en faire le moins possible. Enfant, je crois que je voulais faire pirate ou indien. Je voulais être un touriste de ce monde, je ne savais pas à quoi me destiner. Après, la musique est arrivée comme tout les ados de mon époque, par hasard, dans un groupe. J'ai arrêté la fac, trouvé un accordéoniste, puis enregistré une maquette. Lui, il vivait de la musique déjà. Il connaissait les gens du milieu et a su trouver les proposition. A ce moment là, j'ai su qu'on pouvait vivre de la musique. Je suis tombé dedans par chance : ça reste un beau métier.
 
Précédemment dans ta vie musicale, il y avait Java. Quel aventure !
Oui, ce fut une belle histoire qui a fini malheureusement en eau de boudin. Java m'a apporté énormément : entre les voyages et les tournées. On en a fait notre métier, notre vie et on gagnait de l'argent. C'était une super époque. Il y a eu différentes périodes dans notre existence. L'entrée dans une major, où j'ai appris le business, puis en indé où j'ai créé le projet Radio Cortex sur notre propre label. La crise du disque nous a fait couler malheureusement.. Ce fut 10 années superbes qui ont fini en eau de boudins. Avançons…
 
Tu parles de la crise du disque. Sens-tu des répercutions dans la vie de tous les jours ?
Le truc est que, du moment où l'on peut vivre de ce qu'on aime, c'est toujours mieux que les autres. C'est plus difficile qu'avant. Le téléchargement ne me dérange pas. J'aime l'idée que la musique circule : on n'en a jamais autant écouté. Mais, il faudra trouver une alternative pour que les artistes survivent. Nous sommes dans une période de transition. Autour de moi, je constate la difficulté de vivre. Je suis content de survivre.
 
Pour survivre, il y a surtout la scène ?
Tout à fait. La scène me permet de survivre. Mais, il y a de moins en moins de monde. L'histoire veut que le milieu artistique soit touché avant tout le monde. Ou plutôt, on remarque le malaise social en avance. Dans notre milieu, on est dans une période de transition assez intéressante. C'était assez sombre depuis 2002 pour tant de raisons. On bascule. Tu sais, ma génération de fils de soixante-huitard a été sacrifiée. Ils sont bien rentrés dans le moule. Dans le système. Depuis 2000, il y a de plus en plus de communautarisme et moins de mélange. J'aime voir mon pays se mélanger.
 
Revenons à ta carrière musicale, le rap est très présent dans ta musique. C'est une référence encore aujourd'hui ?
J'ai commencé en écoutant du rap. C'était, à l'époque, très créatif. Il s'est de plus en plus durci et est devenu, pour certains, assez caricatural avec des albums pauvres musicalement. La richesse du rap est de touiller les influences et de produire un objet arrangé.
 
Cette culture rap t'as donné le goût des mots.  Les textes sont vraiment importants dans ton travail. Pourquoi ?
C'est mon instrument de musique. Dans mon dernier album, je rappe moins que sur Radio Cortex. Il est peut-être un peu plus chanson. J'aime bien la chanson française.  Je crois qu'il n'y a plus de frontières musicales, identitaires et sociales dans la chanson. C'est la même chose quand on écrit en français. On nous classe dans un registre. En France, c'est très cartésien. Malheureusement, c'est à l'encontre de la recherche musicale. 
 
Ton nouvel album «  Peau Rouge » sort le 6 février. Pourquoi ce nom ?
C'est d'abord un morceau de l'album. Avant, j’étais derrière l'identité d'un groupe. Radio Cortex, j'étais derrière le projet. Je voulais un album sous mon nom. Me mettre à poil. Et puis, Peau Rouge a un sens. Je suis rougeot de nature. Ça fait référence aux indiens aussi, au métissage. 
 
Comment se passe le processus de création chez toi ?
Il n'y a pas de règles. Pour le CRS, j'ai trouvé l'idée comme ça, puis la musique. Pour d'autres, c'est l'inverse. Il n'y a pas de règles. Par exemple, pour le Papier d’Arménie, j'aimais la version de mes musiciens mais je n'avais pas de paroles. J'ai donc chanté en yaourt par dessus avant de me dire que je n'arriverais pas à trouver quelque chose. J'y ai passé huit mois dessus. Puis j'ai trouvé un texte… Je marche en puzzle.
 
Lors de l'enregistrement, tu aurais mis le feu au studio. Peux-tu m'expliquer cette aventure ?
On en rigole maintenant. Mais à l'époque… Je suis allé terminer le disque à Bruxelles chez un ami qui avait un vieux studio tout beau. Il avait tout fait nickel. C'était vraiment le top. Il y avait un fil qui traînait pendant l'écoute du Papier d'Arménie, et je jouais avec du feu… J'ai allumé un joli petit feu. On a réussi à finir l'album, et mon pote l'a peaufiné avec une seule main. Ce qui est amusant, c'est qu'on écoutait le papier d'Arménie où je parle de fumer…D’ailleurs, le feu et la fumée reviennent continuellement dans l'album.
 
Samedi, tu seras en concert à Toulouse. Est-ce sur scène que tu es vraiment à ta place ?
J'ai l'impression sur scène d'être réellement utile. De faire un métier. En studio, je me prend la tête, et j'ai l'impression d'être un peu nombriliste. On y doute : est-ce que je me plante ? Est-ce la bonne direction ? En concert, tu as un retour immédiat. Gratifiant. C'est ce qui me donne de la force et du plaisir. Sur scène, j'essaye d'être plus profond. Et puis Toulouse, j'y ai des souvenirs. Pas forcément bons, puisque la dernière fois, on était complètement bourré. Je suis revenu avec Radio Cortex… Le Bikini est la meilleure salle niveau son de France.
 

Les Curiosités du Bikini
Samedi 04 Février 2012
Tarif : 5 euros
> Réservations

 

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