A la veille de Toulouse Handball – Ivry, Daouda Karaboue nous livre un entretien sans concession sur la saison, la course au maintien et le déplacement de ce samedi.
Ce samedi le Toulouse Handball se déplace à Ivry pour continuer à engranger de la confiance en vu du maintien. A la veille du match, Daouda Karaboue, gardien international du THB, revient sur l'état de forme du groupe, la victoire contre Nantes et le déplacement à Ivry.
Dimanche dernier, le THB a enchaîné avec une deuxième victoire d'affilé en Championnat contre Nantes. Une victoire salvatrice ?
C'est une victoire qui fait du bien. C'est une victoire qui déjà permet aux gars de prendre confiance en eux. C'est à dire en nous. On a besoin de confiance, et ce genre de victoire, en plus à la maison, fait forcément du bien dans la tête. Avant, on est tombé dans une spirale de doute où on cumulait pas mal de défaite. Dont certaines grosses défaites à la maison, donc forcément tu doutes.
La défaite contre Nîmes est peut être le déclic aussi ? A moins que ce soit Saint Cyr ?
Je suis pas sûr. Je crois que même avant d'aller à Saint Cyr, on avait compris que notre niveau n'était pas celui qu'on attendait de nous. Que la saison se terminait bientôt et qu'on était mal embarqué. Et si il y avait un moment où il fallait réagir, fallait mieux le faire de suite. On était, on est, en gros maître de notre destin. Pourtant, on a pas fait un excellent match à Saint Cyr, mais il y avait une énorme envie, une énorme débauche d'énergie, de volonté…
C'était ce qui manquait sur les autres rencontres ?
Surtout l'envie de bien faire, de se libérer. C'est ce qui nous a manqué le long de la saison. Mais, si on n'a pas confiance et qu'on est dans le doute, c'est difficile. Même avec énormément d'envie. On n'avait aucun repère, donc c'était difficile.
Personnellement, comment as tu vécu cette spirale négative ?
J'étais pris dans cette spirale. Mais, mon rôle est de ne pas le montrer et de tout faire pour aller vers l'avant. Il y a eu des période plus difficiles que d'autres durant cette saison. Vraiment très difficile. Même dans des moments de doutes, je me suis dis c'est pas possible, c'est pas normal et que la place qu'on a actuellement n'est pas celle du potentiel de l'équipe. C'est comme tout. Il ne suffit pas de dire que tu as du potentiel. Tu peux avoir de supers joueurs, il faut les diriger. Il faut que chacun sache exactement ce qu'il doit faire et comment le faire. Sinon, sans ça, tu peux avoir les meilleurs joueurs du monde, tu n'aura pas de résultat. C'est comme des partitions de musique, chacun doit savoir ce qu'il a à faire.
Le vrai visage du THB est ressorti contre Nantes, vainqueur de Chambéry la semaine précédente ?
Notre vrai potentiel se trouve là. Sans exagérer, je pense que c'est le niveau qu'on aurait dû avoir. Ou en tout cas, la place qu'on aurait du avoir cette saison. Sans s'enflammer, au vu de l'effectif et à la qualité de joueurs. Or, c'est comme tout, il faut avoir un chef d'orchestre qui fasse jouer tous ses musiciens ensemble. C'est ce qui nous a manqué.
Au vue de la saison, vous avez soufflé le chaud et le froid. Contre des grandes équipes vous vous mettez à leur niveau, contre des petites équipes pareil.
C'est quand même plus facile de se mettre au niveau d'une grande équipe. Et de briller face à une équipe comme Barcelone, à titre d'exemple. Mais, c'est pas comme ça qu'on doit fonctionner. On doit élever notre niveau au fur et à mesure, ne pas se mettre au niveau de son adversaire.
A eux de s'adapter ?
Si possible qu'il n'arrive pas à s'adapter.
Ce samedi, le THB se déplace à Ivry, une équipe que vous avez affronter de nombreuses fois cette année avec des résultats positifs à chaque fois. Une équipe à votre portée ?
Notre équipe est tellement imprévisible. Il n'y a pas une équipe qui est plus ou moins à notre portée. Il faut que notre équipe prenne conscience qu'on a un système de jeu, qu'on doit avoir un vrai système de jeu. On a le potentiel pour ça. C'est à dire : on peut tout baser sur notre défense. On n'a pas d'énormes gabarits mais on a des joueurs percutants en défense capables de monter et redescendre en continue. Mais, cela s'apprend. Ce n'est pas inné. On a pris l'option d'avoir une défense assez agressive. C'est une bonne option. Dès que l'adversaire met le pied dans les 9m, il a un défenseur sur le dos et ça, ainsi de suite à chaque poste. On doit avoir cette défense pour pouvoir remonter les balles assez rapidement.
L'attaque placée pose des problèmes, non ?
En faite, on n'a plus de réel demi centre. Danijel est blessé. Et vu qu'on n'a pas eu Damien (NDRL : Damien Kabengele) pendant un moment c'est difficile. En plus, lui aussi manquait de confiance et de repère. C'était donc difficile de progresser en attaque placée. Alors qu'en début de saison, on y arrivait malgré tout. On arrive encore à en trouver. Notre vraie force est de ne pas laisser se reposer l'adversaire.
C'est la clé du match contre Ivry ? Ou il y en a une autre ?
Il faut qu'on se mette bien dans la tête que c'est notre système de jeu. Une fois que ce sera bien ancré, on pourra progresser. On doit faire les choses au fur et à mesure pour progresser dans d'autres domaines. Toute la saison, on a essayé de faire plein de choses en même temps. Les joueurs se sont alors dispersés. Des repères, des repères en premier lieu.
Ce que vous faites actuellement, en gros, et c'est ce qui fallait faire en début de saison ?
On y est arrivé en début de saison. Tout au début. Mais la cassure s'est faites avec l'enchaînement des blessures, les joueurs qui étaient absents…ça était vraiment très très dur.
Toi, ton passage avec l'équipe de France t'as fait du bien ?
Oui, évidement ça m'a fait du bien. Quand tu reviens d'une compétition comme celle là en plus de ça avec une médaille. Le fait de retrouver une structure où chacun à son poste, à son rôle. C'est aussi ça qu'on doit avoir dans notre club. On a l'ambition d'aller loin. Des joueurs aux bénévoles en passant par les dirigeants, chacun a son rôle et doit bien faire ce pourquoi il est là.
Même si on est à une semaine de la réception de Cesson, tu y penses un peu car cela reste un match capital ?
Je n'ai pas l'habitude de voir aussi loin. Tu peux te permettre de voir aussi loin quand tu as déjà une base bien ancrée. Je ne pourrais pas plus te parler de Cesson. Car on abordera Cesson selon les résultats d'Ivry. Mais, pour nous, chaque match est décisif. On doit se focaliser sur un objectif puis un autre. Sinon, on aura trop de mal à se concentrer.
Comment est l'état d'esprit dans le groupe après ces nouveaux succès ?
On en a discuté entre nous, entre joueurs. Il faut dire que dans la défaite, il est difficile d'avoir un groupe. C'est là aussi où tu vois la qualité d'un groupe. Celui qui cède, qui lâche, la qualité du groupe. La difficulté est de rester uni et de se remettre au travail jusqu'à avoir un résultat. Quand je vois ce qu'on peut faire, je me dis qu'il y a beaucoup d'espoir. Dans une spirale comme ça, il y a beaucoup d'équipe qui auraient sombré. Rien n'est encore fait mais on s'accroche.
Le THB montre énormément d'orgueil ces dernières semaines, non ?
Tout à fait. Un groupe se forge dans la douleur. Les affinités se créent aussi. On a beau être copain en dehors de la salle. Non. Moi, mon vrai pote sera celui qui saura lever la tête dans un moment difficile pendant un match. Se sortir les tripes pour bonifier les uns et les autres. C'est comme ça qu'on crée un groupe. On n'y est pas encore. On est sur la bonne voie, il ne faut pas lâcher.
Qu'est ce qu'on souhaite au THB pour la fin de saison ? Et à toi par la même occasion?
Des victoires, encore des victoires.