mercredi , 24 avril 2024

Interview Fakear : Attitude Rock, pour son Electro !

Samedi soir, le Weekend des Curiosités présentera l'une des véritables révélations de sa programmation, le jeune producteur Fakear. Rencontre avec l'auteur de « Morning in Japan » et « Dark Lands ».

 
Guitariste touche-à tout de formation, Fakear produit depuis 2010 une électro exotique derrière ses MPC et nous embarque dans son univers, sombre et poétique, à l’aide de samples venus du monde entier. Adepte du live sur machines, il se livre sur scène dans des shows énergiques, qui font ressortir toute l’originalité du projet. Rencontre avec un mec unique !
 
Dans quel état d’esprit es-tu avant d'arriver à Toulouse pour le Weekend des Curiosités ?
Excité ! La veille je suis à Dublin pour un autre concert. Donc ça va être un peu la course (rires). Reste que je suis super content d'être programmé sur une scène pour le Weekend des Curiosités. C'est hyper gratifiant pour moi, surtout que je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir autant d'honneurs. Puis, curieux de découvrir Toulouse.
 
Parlons de Fakear : Qui es-tu ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Fakear, c'est moi. J'ai 23 ans et je m’appelle Théo. Depuis 4 ans, j'évolue sous le nom de Fakear. J'ai fait du rock avant, et le nom vient d'un clin d'oeil à des potes qui trouvait que c'était de la fausse musique. Donc Fakear pour Fake et Ear, comme fausse oreille pour fausse musique (rires). Au départ, j'ai enregistré des sons rocks en bidouillant les instruments pour me rendre compte que j'étais attiré par l'électro très rapidement. Le passage s'est fait naturellement. Je ne connaissais pas grand chose dans ce domaine là, mais le bidouillage m'intéressait et rendait quelque chose de très sonore et très mélodieux.
 
Tu as des parents profs de musique. Est ce qu'on peut dire que tu as une formation assez classique à la base ?
Ils m'ont initié aux bases de la musique. Ouvert à cette culture là. Mais ils ne m'ont pas enseigné les trucs classiques à part les bases du solfèges. Je n'ai jamais fait de conservatoire par exemple. Leur présence m'a permis de créer plus facilement, certainement. Car mes parents m'ont ouvert à la world music mais aussi au classique. Mon enfance a échelonné ma sensibilité musicale actuelle. J'ai fait aussi deux ans de fac de musique pour réapprendre les bases et mieux comprendre la musique. Maintenant je sais composer, et je comprend la démarche plus facilement!
 
N'écoutant peu d'électro jeune, quels sont tes références musicales d'ailleurs ?
J'ai gardé en mémoire beaucoup de rock progressif. Très progressif. Un peu comme Genesis ou Pink Floyd. J'aime la sensation que ça procure en moi et aux gens. Puis j'ai eu une période marquée par des groupes comme Radiohead ou Archive. Ils ont fait le pont entre le rock et l'électro. Maintenant, mon délire se tourne plus vers des artistes comme Flume ou Bonobo. Ce dernier est pour moi la référence de base.
 
C'est ce que tu écoutes aujourd'hui ?
J'écoute surtout ma musique. Ça fait un peu mégalo (rires). Mais comme je compose mes titres, j'ai besoin de les écouter, les réécouter pour savoir si j'aime tel ou tel morceaux. Après le reste, c'est que de la détente, j'écoute pas pour m'inspirer. La globalité de ce que j'écoute ne m'inspire pas mais me pousse. C'est là où je puise ma force ou mon impulsion.
 
Tu es un véritable globe trotter aussi. Qu'est ce que les voyages ont apporté à ta musique ? Sens tu une évolution au fil de tes voyages ?
Ça apporte 50% de l'inspiration ! Les voyages sont des images très fortes sur lesquelles je compose. J'ai besoin de ça pour composer, car c'est tellement fort ce que tu vis en voyage. On fait de la musique car c'est comme une thérapie. Un langage. J'avais donc besoin de mettre des sons sur les images de mes voyages. Laisser une empreinte. Après je voyage de façon assez précaire, et garde ainsi des souvenirs de belles rencontres et des temps forts qui inspirent ma musique.
 
Tu as sorti un deuxième EP, Dark Lands, après le succès du premier, « Morning in Japan ». As-tu ressenti une certaine pression ?
Oui, il y a eu une certaine pression après la réussite du premier EP. Je ne voulais pas vraiment le sortir, mais il fallait que je l'assume . Je ne m'attendez pas, pour ainsi dire, à cet effet là. Pour moi, il était un peu secondaire, alors que le suivant devait être l'EP officiel. Tout les trucs que j'y avais mis étaient plus personnel que sur « Dark Lands ». Mais les gens ont adhéré à ma grande surprise. J'ai alors ressenti une pression pour le deuxième EP. Les gens l'ont pris comme tel. C'est incroyable le résultat au final des deux Ep, et notamment le deuxième qui ne correspond pas du tout à « Morning in Japan. »
 
Il y a eu un avant et après « Morning in Japan » en fait ?
C'est le début d'un truc dans ma création musicale. Je crois qu'il y aura toujours un avant et un après ce premier EP. Il est très tourné vers l'Extrême Orient car j'étais fasciné par ça à l'époque. Je me suis peut être trop enfermé la dedans. Il ne fallait pas que je m 'enferme la dedans, que je sois pas dans un unique style musical pour le bien de ma création artistique. J'ai su dépasser ça grâce au succès de « Morning in Japan » et ainsi m'ouvrir à autre chose. Le prochain EP sera un condensé de tout ça !
 

D'ailleurs, quand sort et de quoi parle le prochain EP de Fakear ?
Le prochain EP sort le 16 juin prochain, et s’appellera « Sauvage », en français dans le texte. C'est un EP plus varié, plus tropical, avec des sons africains… En fait, un vrai bilan de mes 2 premiers EP.
 
Comment se passe la phase de création ? T'interdis-tu des thématiques ?
Je ne m'interdis rien ! Après, j'ai une sensibilité inamovible, pour ainsi dire. Je viens du rock et de la pop. Donc mes morceaux ont une structure couplet/refrain assez classique. Je me sens plus libre, avec un sentiment et un besoin de moins réfléchir. Seul le logiciel me limite dans mon travail. J'ai besoin d'avoir des limites pour les dépasser et me sentir plus à l'aise. En fait, j'ai besoin d'un cadre comme si j’appartenais à un groupe de rock. Comme si j'avais un musicien sur chaque instrument capable de faire telle ligne de basse ou tel son mais pas plus. Et que le chanteur puisse changer de voix ! Le cadre est primordial pour libérer ma création.
 
En parlant de chant, as tu envisagé de poser ta voix sur tes sons ?
Non, je n'assume pas du tout ma voix. Je l'ai fait sur le prochain EP mais avec des artifices dessus et pour un fond sonore uniquement. Je n'ai pas une voix de lead !
 
Dernièrement, tu as sorti le clip du son « Damas ». Peux tu me parler de cette vidéo assez forte ?
Ça a été fait par des mecs que j'ai rencontré après une soirée à Paris. Ils voulaient me faire un clip. Ils voulaient le faire sur « Damas ». J'étais fier car cette chanson méritait qu'on pose des images dessus. Le clip est sorti très tard par rapport à l'EP, mais ce fut une belle expérience. Une expérience importante. Il n'y a pas forcement de scénario sinon le paradoxe de la ville et de la forêt ! Une belle illustration de mon son !
 

Tu t'occupes vraiment de l'image de ton projet. Le visuel est forcément lié à ta musique ?
Je suis hyper visuel. Déjà dans la composition. Mais aussi sur tout ce qui entoure Fakear. Que ce soit la pochette, le logo. J'ai besoin de tout maîtriser. J'ai besoin d'illustrer mon univers. Ça fait parti de Fakear !
 
Sur scène, tu es genre à te lâcher comme dans ta période rock ou au contraire, rester derrière tes MPC ?
Mon concept sur scène est différent de ce que font les djs électro. Mes deux MPC sont tournés vers le public, comme la guitare d'un guitariste ! Je me comporte comme un grouype sur scène. Je joue quasi tout en live. Je peux me planter. La marge d'erreur est assez énorme mais je ne peux voir le live que comme ça. On doit aussi pouvoir voir ce que je fais. Par contre, je ne suis pas dans le délire vidéo ! Mon show ne s'y prête pas et je trouve que ça fige un set de date en date alors que chaque concert est pour moi unique! La vidéo détourne trop l'attention. Mes racines rocks me permettent d'exploser sur scène ! Fakear c'est un groupe à lui tout seul ! (rires)
 
Quels sont les projets futurs ? Un album en préparation ?
D'abord il y a l'EP le mois prochain. Pour l'album, je ne sais pas. Je me suis lancé dans pleins de tracks. Je compose. Compose. Encore et encore. Est ce que c'est pour un album ? Je ne sais pas encore. Je crois par contre que je suis prêt. Il y a deux trois mois je t aurais dis que je ne l'étais pas. C'est comme attendre un enfant, tu sais que t'es prêt quand le temps passe. Puis l'été, ce sera les festivals, puis les vacances en août pour reprendre en septembre. La suite, on verra !
 
Questions bonus :
Si ta musique était utilisée dans un film, ce serait lequel ?
Je répond toujours « A bord du Darjelling Limited. C'est une épopée, un voyage en extrême orient assez mortel. Je pourrais aussi rajouter «  Lost in translation » même si ma musique est UP Tempo pour ce film.
 
Si t'étais une autre personnalité, tu serais ?
Je me cherche déjà moi même, alors c'est difficile d'être quelqu'un d'autre. Mon plus gros souhait est de rester moi même. Celui que j'étais avant mon moi présent. Je ne fantasme pas sur les autres !
 
Quelle est ta principale addiction ?
A part la musique, je dirais la bonne bouffe !
 
Si tu devais créer un mouvement politique ce serait ?
Un mouvement complètement nouveau autour du voyage. Il inciterait les gens à voyager pour faire des rencontres et de l'expérience avec la volonté de relayer les cultures entre elles.
 
Enfin, que penses-tu de Fakear ?
C'est un projet dont j'ai réussi à communiquer l'image que je voulais. J'arrive à faire passer le message que je veux tout en véhiculant des bonnes choses. Chacun le prend comme il veut. Fakear est mon alter ego qui n'a pas de mal à s'exprimer !

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