jeudi , 25 avril 2024

Interview – Disiz, la plume lucide

 

Avec Extra-lucide, deuxième opus de sa trilogie "Lucide", Disiz revient en concert au Bikini ce jeudi. Rencontre.
 
Au mois de mars 2012, Disiz sortait Lucide, un album qui ouvrait une trilogie, dont le deuxième volet, Extra-Lucide, est paru le 29 octobre dernier, avant que Trans-Lucide n'arrive au mois d'octobre prochain. Il revient donc aujourd’hui avec son nouvel album Extra-Lucide, composé de 20 titres et l'on pourra voir Autumn Row, Mac Miller sur le remix de Toussa Toussa ainsi qu'Orelsan sur le titre Go Go Gadget.
 
Disiz a retrouvé le goût du rap après une interruption de deux ans en 2009. Il revient aujourd'hui rapper l'Amour, la société avec toujours la même énergie. Dans une interview, il nous raconte son dernier album mais pas seulement.
 
Tu tournes actuellement sur les scènes françaises avec ton nouvel album Extra-Lucide. Comment se passe cette tournée ?
La tournée se passe super bien. Là, je suis un peu sur la fin de la dernière salve dans le sens où on a enchainé une quarantaine de dates. On se dirige vers quelques dates de concerts d’été et des festivals comme les Francofolies de La Rochelle, de Montréal,  et d’autres…Un bel été en perspective !
 
C’est toujours le même bonheur pour toi de retrouver le public ?
C’est essentiel ! J’aime que mes chansons prennent vie sur scène. Je m’explique : je n’imagine mes chansons que sur scène quand je les crée.  Pour qu’un album sorte en CD ou sur iTunes, ça ne m’intéresse pas. J’ai besoin d’aller à la rencontre de mon public. De voir la transposition sur scène, de voir ce que ça donne. 
 
Ton écriture naît de ces concerts ?
Tout à fait ! Sinon je n’aurais pas fait des titres comme « C’est ma tournée », « les Bienveillants » …quand je réfléchis à un refrain ou à un couplet, je me dis : les gens vont vivre ça comme ça, ça le fait de cette manière-là. J’aime me projeter dans ce que je fais. Ma musique se nourrit de ça aussi !
 
Quelle est la configuration scénique ? Tu es entouré d’un groupe ou seulement un DJ ?
C’est important d’avoir les deux. Je n’aime pas les concerts de rap où on a juste adapté de façon acoustique des morceaux. J’aime le côté boite à rythme et électronique du rap. En même temps, voir un concert avec uniquement un DJ , et où tu te ballades devant, c’est cool mais j’ai fait ça toute ma jeunesse. J’ai réussi à trouver une configuration alliant les deux. Sur scène, j’ai un batteur qui joue sur une batterie normale mais aussi électronique. Quand je veux garder le côté électronique, ben il peut jouer avec ça. Après j’ai un bassiste, un guitariste et un claviste… sans oublier, évidemment, mon DJ. Avec tout ça, je peux transposer toutes mes influences, qu’elles soient pop, rock et essentiellement rap. Même électro. J’ai tous les outils sous la main pour reproduire l’éclectisme de mon disque.
 
Après Lucide, tu sors Extra-lucide, le deuxième volet d’une trilogie. Pourquoi faire le choix de ce format-là ?
Elle est née après deux ans d’absence. Je me suis mis sur le côté, puis quand j’ai décidé de revenir, j’avais plein de choses à raconter. Surtout de ce que j’avais vécu.  La Lucidité est un peu quelque chose qui m’a permis de garder les pieds sur terre, ne pas être trop triste. Le fait de l’inscrire dans une trilogie vient du fait que j’avais beaucoup de chose à dire. Et, je ne pouvais pas tout dire dans un disque. Il y a eu un disque introductif qui annonçait mon retour qui fut Lucide. Puis, un plat bien copieux qui est Extra-Lucide. Enfin, une espèce de conclusion que je peaufine pour la rentrée avec Trans-Lucide. Et, une nouvelle tournée pour décembre – janvier.
 
Quel est le rôle de chaque disque ?
D’abord, il fallait expliquer mon retour. Surtout que j’avais expliqué de façon très sincère que j’arrêtais. En même temps, il fallait aussi introduire cette trilogie et raconter dans quel état d’esprit j’étais. J’ai quand même 15 ans de carrière, il fallait faire un point sur ce parcours.  Après, pour Extra-lucide, c’est la continuité. Tout est dans la nuance. C’est-à-dire il y a une certaine part de nostalgie dans Extra-Lucide mais je ne suis pas là pour dire que la vie était mieux avant. Car je ne le pense pas du tout. En même temps, il y a une part de colère, une part de réflexion et une part de lumière. Je pense que si on reste dans la colère, on n’avance pas ! Dans Translucide ce sera quelque chose de beaucoup plus déterminé. Maintenant que j’ai été dans la nuance dans Extra Lucide, je peux me permettre de rentrer dans des choses plus catégoriques. Quand je serai en colère, je serai vraiment en colère. Quand je serai lumineux, ce sera complétement lumineux. 
 
Une fois encore, l’amour est au centre de l’album. Autant dans les textes que sur la pochette. C’est un thème que tu abordes depuis le début ?
En fait, j’ai toujours fait ça. Ce n’est pas un effet pour un album. J’ai toujours été en porte-à-faux  avec un discours dominant qu’il y a dans le rap sans être un vendu. Je n’aime pas la violence et ces choses-là, mais ça ne veut pas dire que je suis bouffon au contraire. Je suis ce que je pense. Le rap est de l’authenticité, alors je n’ai pas à gommer ce trait de caractère là. C’est aussi pour ça que j’ai un texte comme « Nébuleuse » dès mon deuxième album. Aujourd’hui, la différence, c’est que je m’exprime mieux avec beaucoup moins de maladresse. J’ai 35 ans, et je suis sûr de moi. 

Dans plusieurs interviews, tu cites Kanye West. Il y a des similitudes dans vos univers. C’est une source d’influence ? 
C’est sûr que je m’inspire de son travail. Il y a des similitudes entre nous. On a le même âge, et puis, il a écouté beaucoup de musiques différentes et ça se ressent dans sa musique. Là, où aux USA, quand tu fais du rap, c’est compliqué de sampler Tears for Fears etc…, lui le fait. Au niveau de la forme, je me rapproche de lui. Au niveau du fond, Kanye West est quelqu’un de plus torturé. Moi je l’ai été, mais je ne l’ai pas montré. Au niveau de la recherche, de la forme, des sonorités et du mélange des influences, oui effectivement, je m’inscris dans cette démarche. 
 
Qu’est ce qui s’est passé pendant ces deux ans ? Qu’est ce qui t’a donné envie de revenir ?
Déjà, le rap m’a beaucoup manqué. J’ai fait des études, j’ai passé mon bac. Je me suis recentré sur ma famille. Puis, j’ai passé une période très dure. Ça m’a bien aidé à me reconstruire, faire le bilan.
 
Le rap a changé pendant ton absence?
Pas du tout. Il y a juste un rap plus lumineux, plus décomplexé, moins racailleux de base. Du coup, ça a rééquilibré les forces. C’est toujours bien qu’il y ait plusieurs facettes au rap. Le rap en France, ça fait 20 – 30 ans qui est là. Il y a un nouveau public qui a compris et s’est réapproprié le rap au-delà de ses clichés et de ses travers. A savoir les stéréotypes sur la banlieue, la misère… A mes concerts, je vois des petits qui n’étaient même pas nés quand j’ai fait « Je pète les plombs » mais qui connaissent la chanson et le rap des années 90. C’est enfin devenu une musique à part entière en France.
 
En parlant des nouveautés pendant ton absence, il y a Orelsan. Tu partages un titre avec lui. Comment s’est faite la rencontre ?
Orelsan, je le connais depuis longtemps. J’aime son travail, et surtout faire les couillons ensemble. C’est vraiment du kiff. On a mis un peu de temps à le faire. On a trouvé des points de désaccords : quand il aimait un instru, moi je l’aimais pas, quand je trouvais un thème, lui n’étais pas fan. On a du trouvé un bon terrain d’entente.
 
Le futur ?
Je me concentre sur le dernier volet de la trilogie et les dates à venir. Et puis, c’est tout !
 
 
Disiz en concert à Toulouse
Jeudi 16 mai à 20h au Bikini
> Réservations : www.bleucitron.net

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