vendredi , 19 avril 2024

Interview avec les Fatals Picards : « On met en scène des trucs mais sans être donneur de leçons ».

Rencontre avec Paul Léger et Laurent Honel des Fatals Picards, quelques heures avant leur concert sur la scène du Bikini à Toulouse.

De retour avec leur double album live, « Fatals S/Scènes », les Fatals Picards sillonnent les routes de France pour partir à la rencontre de leur public. Adeptes de l'humour noir et d'un sens de la dérision sans limite, Paul, au chant et Laurent, à la guitare, nous ont livré une interview déjantée, où ils parlent de leur musique et de leur rapport à la scène tout en nous faisant des confidences pour le moins surprenantes.

Comment définir votre style de musique ?
Paul – Nous on a toujours eu des étiquettes. A un moment donné on faisait de la variété, à un autre, on était vulgaires et maintenant on est un groupe politique. En fait, c'est un mélange de tout ça puisque on fait de la musique humoristique. Ça varie en fonction de l'inspiration, qui vient de ce qu'on peut voir, entendre nous-même, ou de ce qu'on peut nous rapporter.

Est-ce que vous êtes un groupe engagé ?
Paul – Il y a des groupes qui sont plus engagés que nous, autrement que dans la musique, sur le terrain. Même si on parle de politique, on ne donne pas de message. Mais le problème est là ! On nous traite de groupe politique alors qu'on en parle juste dans nos chansons, mais on ne parle pas que de ça. Mais c'est vrai parce que dans le créneau musiques actuelles françaises, il n'y a pas grand monde qui ose parler de ce sujet-là. D'où l'étiquette.
Laurent – Un groupe politique, ça serait un groupe qui exprimerait une opinion dans ses chansons et qui dirait quoi penser. Alors que nous, on met en scène des trucs, avec notre sensibilité politique, mais sans être donneur de leçons. Après même si on a des opinions politiques plutôt à Gauche, on n'a jamais tapé sur la Droite, même dans "La France du Petit Nicolas" sur le dernier album.

Qui se charge de l'écriture dans le groupe ?
Paul – C'est plutôt Billy (alias Laurent) qui écrit, mais ça n'a pas toujours été le cas et ça dépend des chansons. Sur le live, il y a aussi des trucs écrits par Yves (le bassiste) et par moi. Chacun apporte sa pierre à l'édifice de différentes façons. A côté de l'écriture,  il y a la scène et les arrangements musicaux qui comptent aussi. Indépendamment de tout ça, il y a aussi les relations avec la presse. Il n'y a pas de rôles définis, chacun fait un peu tout. On est un vrai groupe communautaire.

Et sur l'humour, vous tombez toujours d'accord ?
Paul – Il y a un chef d'humour parmi nous qui détermine si nos textes sont drôles ou pas. Ce n'est pas Yves parce qu'il revient de loin le gamin, il a redoublé sa sixième trois fois, il n'a pas eu le brevet des collèges de l'humour. Et on l'a foutu en CAP tourneur fraiseur humour mais il s'est coupé trois doigts ! (rires) Plus sérieusement, on est un peu tous sur la même longueur d'ondes et comme on se connait depuis longtemps, quand il y a truc qui nous fait pas marrer, on se le dit.
Laurent – On a pas mal d'expérience maintenant, donc on va spontanément se dire « nous, ça nous fait pas rire mais ça va faire rire les gens ».

Que pouvez-nous dire sur votre 2e album live, sorti en avril ?
Paul – Ça faisait longtemps, l'autre datait de 2007 et notre spectacle n'a plus rien à voir avec l'ancien. Au niveau de la manière de jouer et de l'énergie aussi. C'est aussi une opération totalement altruiste de notre part pour faire plaisir aux fans. Non, en fait c'est juste pour se faire du fric, voilà c'est cash ! (rires) Après, c'est aussi une bonne carte de visite pour nous, pour les gens qui ont aimé le concert et qui ne nous connaissaient pas avant. Et puis on est toujours dans une démarche de proposer de nouvelles choses.

Et Fatals Picards sur scène ça donne quoi ?
Paul – C'est un vrai show. C'est ce qui fait un peu la particularité du groupe. Les chansons sont introduites avec une petite histoire en rapport, ou non d'ailleurs, avec le morceau. On joue un peu sur ça, c'est-à-dire que d'un soir à l'autre, même si c'est la même playlist de chansons, tu ne vas pas avoir exactement le même concert. Les gens ils viennent quand même entendre un répertoire, les tubes etc., mais le truc un peu original à chaque fois c'est que les transitions sont différentes. Et puis d'une ville à l'autre l'ambiance est aussi différente. Il y a des salles blindées où le public est naze, d'autres moins remplies mais l'ambiance est d'enfer.

C'est la 3e fois que vous venez à Toulouse, vous gardez un bon souvenir du public toulousain ?
Paul – Ouais. La première fois c'était au Havana et là c'est la 2e fois qu'on vient au Bikini et à chaque fois c'est sympa sur Toulouse. Il y a toujours eu du monde et ça a toujours était cool.
Laurent – C'est d'ailleurs la première ville de France où on a commencé à avoir du monde.

Quand auront lieu vos prochaines dates ?
Paul – Quelques festivals cet été mais pas les gros. Car on traîne toujours une étiquette qui fait que certains ne veulent pas de nous dans leur programmation.

Cela vous ennuie ?
Paul – Ce n'est pas vraiment le fait que les gens nous aiment pas. Même si je ne comprends pas comment on peut ne pas m'aimer … ! (rires) C'est juste qu'après avoir joué dans les clubs, les bars et les petites salles, au bout d'un moment tu aimerais t'essayer à des trucs un peu plus gros et avoir l'occasion de te montrer à des gens qui ne t'écoutent pas forcément. On ne veut pas jouer les blasés mais on ne comprend pas toujours pourquoi on nous met à l'écart comme ça.
Laurent – C'est moche, c'est noir et blanc, alors que le monde est en couleurs !

Les fans sont-ils toujours au rendez-vous ?
Paul – Disons qu'on a une bonne fan base qui nous suit, nous-même on est actif sur les réseaux, Facebook tout ça, où on communique nos dates. Fatals, c'est aussi un groupe qui va tchatcher avec les gens, on ne va pas s'enfermer dans nos loges après le concert. Comme tout le monde, on aime aussi faire des blagues, on aime donc aller vers les gens. Grâce à ça, on arrive à faire notre musique sans passer par les gros médias.

Et histoire d'avoir des infos inédites …. Quel est votre premier cd acheté ?
Laurent – Renaud, « Un Olympia pour moi tout seul » , 1982.
Paul – Moi c'est INXS, l'album « Kick » en 88. Le 2e ça devait être Niagara, « Religion ». Mais avant j'achetais des 45 tours. Le premier que j'ai acheté, c'était à l'Intermarché de Bry-sur-Marne, j'ai hésité entre Gold « Capitaine Abandonné » et George Michael «I Want Your Sex ». Et j'ai pris George et je ne l'ai jamais regretté. Mon premier concert c'était d'ailleurs George Michael, offert par mon père. En CM2 j'étais fan, je le trouvais beau !

Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Paul – On écoute de tout, on a la chance d'être dans un boulot où on rencontre plein de gens qui sont dans le milieu de la zik et qui en écoutent. Du coup, il y a toujours quelqu'un qui te parle d'un truc et on écoute un peu toutes les nouveautés. A part Jean-Marc, le batteur, qui écoute des vieux trucs, style Brassens tout ça. Sinon, dernièrement, j'ai acheté l'album de Sexion d'Assaut, avec des paroles tellement profondes que j'en pleure (rires)
Laurent – C'est d'ailleurs tellement profond qu'on arrive plus à respirer !
Paul – On écoute aussi les Skip The Use et Shaka Ponk. Et puis on a un pouvoir d'achat qui nous permet d'acheter des cds donc on ne se prive pas.

Si vous aviez une collaboration de rêve, ça serait avec qui ?
Laurent – Pas sûr qu'on soit tous d'accord … !
Paul –  Nico d'Indochine (ndlr : Nicolas Sirkis), mais je crois que c'est lui qui choisit ses duos. C'est plutôt un mec sauvage, qui n'est pas vraiment dans l'esprit du rock rigolo mais on n'exclue rien pour le prochain album (rires).
Laurent – Moi ça serait Renaud, sans surprise.

Si vous pouviez prendre possession d'un corps ?
Paul – George Michael, pour pouvoir me toucher toute la journée, ça te va comme réponse ?! (rires)
Laurent – Scarlett Johansson, pour les mêmes raisons !

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