Thomas Boulard, alias Thomas B, leader du groupe Luke, présentera son premier album solo ce soir sur la scène de la Dynamo de Toulouse. Rencontre.
Chanteur/guitariste du groupe Luke nous le voyons apparaître sur la scène rock française au début des années 2000 et exploser autour de 2004 avec les hymnes rock que furent « La Sentinelle » ou « Soledad ». Suivirent alors les tournées dont on ne savait plus si nous en étions au début ou à la fin.
Aujourd'hui, Thomas B. s'offre une parenthèse en solo avec « Shoot » .Rencontre avec un poète urbain.
La tournée a débuté depuis quelques dates. Comment te sens-tu sur scène pour ta première aventure solo ?
On a déjà fait des scènes dont une en Normandie où on découvrait vraiment la formation concert avec l'angoisse de manipuler des machines sur scène. C'est un nouveau potentiel musical qu'on découvre chaque jour, c'est un peu la seule nouveauté. Là, aussi, même si c'est un album solo, c'est toujours une histoire de groupe. Autant dans la répétition, que sur scène, il y a un travail collectif avec de nombreux échanges. Je ne suis donc pas dépaysé par cette formation là. Il y a une équipe autour, un mec aux vidéos, etc…C'est un travail collectif même si c'est mon nom sur l'affiche. On espère tout de même offrir un gros show avec nos moyens modestes.
Revenons un peu sur ton parcours. Quant as-tu décidé que la musique serais ta vie ?
Cela étant dit, il n'y a pas un moment donné où je me suis dis que je devrais en vivre. Par contre, c'est sur, écrire m'était obligatoire. Je voulais écrire et par la force des choses, j'ai été happé par la musique. Il y a eu des débuts où tu testes des trucs puis c'est arrivé sans penser à rien. Avec le temps, je trouve le travail de l'écriture plus ardus, plus artisanal.
Pourquoi difficile ?
Je pense à Philip Roth qui a décidé d'arrêter. Écrire, c'est difficile, c'est un sale boulot, faut s'occuper des mots, faut aller dans le gras. Quand on est exigeant, on peut en avoir marre. Ecrire, tracer le sillon, traverser le mur, c'est d'une difficulté rare.
Tu sors ton premier album solo, « Shoot ». Comment est né l'envie de ce projet ?
C'est en raison de la question de certains morceaux qui étaient déjà dans les cartons. Je ne pouvais pas les envisager avec Luke. Car ça exprimait mon point de vu, et je pensais que cela pouvait trahir l'esprit du groupe. J'ai donc du réinventé un univers, sonore, d'écriture et d'arrangement. Et, le tout a créé ce projet.
Cela change ta façon décrire et de composer que tu sois en groupe ou solo ?
Pour moi, il n'y a pas tellement de différences. Le groupe c'est moi. Je fais toujours un travail solitaire. Je suis obliger de me consoler et mettre en musique. Je n'ai pas changé le processus créatif mais la couleur de l'album et l'univers m'appartiennent. C'est plus mystérieux. J'ai pu laisser libre court à l'amusement alternant des morceaux rocks avec d'autres formes musicales
Tu voyages dans plusieurs univers, c'est le souhait rompre les barrière musicales ?
Je l'ai fait naturellement. J'ai mis ce que je vois dans mon quotidien, pour créer un album urbain. Il a l'image du métissage de mon quartier, avec des guitares, du flamenco, de la pop à l'image des origines que je trouve en bas de chez moi.
Dans l'écriture, tu t'attaches à décrire un quotidien souvent noir mais assez réaliste. Un peu comme un rappeur en fait.
Il y a une corrélation avec le rap, oui ! Nous, on écrit mal par rapport aux rappeurs, car on sort des mots les uns aux autres, sans que ça n'est de sens. Eux, disent ce qu'ils veulent. Ils ont une certaine liberté. Ils racontent quelque chose alors que nous on parle que de nos histoires de fesses peu ou pas intéressantes d ailleurs. Les paroliers ont oublié le domaine du réel. On est dans une domination pauvre de la langue française. A nous de nous faire embarquer avec une écriture plus proche, plus frontale. Parler de ce dont les rappeurs parlent. La vie a une réalité profonde dont on doit être aussi les messagers.
Pour cet album, tu as travaillé avec Jean Lamoot. Comment s'est faite la rencontre ? Qu'est ce qu'il t a apporté dans la musique ?
Jean est un collègue de mon quartier, le rapprochement c'est vite fait . C'est un type avec qui on peut parler de tout et pas seulement de musique. On évoquait la vie de tout les jours, le sport, la politique…la musique n'était pas notre priorité. C'est plus passionnant pour nous artiste de parler avec des gens comme ça et sortir de la musique. Il m'a apporté surtout de l'humain dans le travail. Il a changé ma vision de la musique et la perception que j'en avais. On a décidé de faire de la musique et d'en rire.
Ton premier album solo s’appelle donc « Shoot ». Que signifie ce titre pour toi?
Je ne voulais pas d'un titre qui fasse jolie. Je voulais faire en sorte que ce soit comme un coup de poignard. C'est un vocabulaire que j'entends chez les dealers en bas de chez moi. Je ne voulais pas d'un titre genre, je suis un parolier hyper cultivé qui a fait bac + 5. Mais seulement un titre de la rue. Et puis cela représente bien l'état d'esprit urbain de l'album.
Quel est pour toi le titre central de l'album ?
Pour moi, le titre qui ressemble le plus à l'album, c'est Train Express. Il représente le coté convivial et humain, et il a façonné le reste des texte de l album. J'avais beaucoup de textes, une sorte de gros corpus écrie sur des cahiers de poésie. Je les ai morcelés pour en faire des chansons. Je dis ce que j'ai à dire sur ces cahiers qui me servent vraiment pour la suite.
Musicalement, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Je ne suis pas fasciné aujourd'hui par des gens qui écrivent des chansons. Ça ne m'intéresse plus réellement. Je suis lassé, je n'écoute plus rien de moderne. Après j ai une fascination pour Orelsan, quelqu'un qui écrit de façon social, où il prouve que notre génération est à la ramasse. Mais attention, je n'ai aucune mépris ni snobisme pour ceux qui écrivent. Mais je connais tellement la mécanique d'écriture, je vois donc les travers du métier. Et je suis plus exigeant envers les textes. On donne par exemple trop de pouvoir à ceux qui écrive bien mais mal aussi. Par exemple, sur cette tournée, je reprend du Maitre Gims. C'est bien de prendre la musique au premier degrés , c'est fait pour ça les chansons.
Pour finir, que puis-je te souhaiter pour la suite ?
Tu peux me souhaiter de continuer à avoir de l'inspiration et de pouvoir donc continuer d 'écrire. En vieillissant, tout m'intéresse, il faut que je trouve les idées, et entrer dans le lard. Ça devient plus difficile pour moi d'écrire mais je n'abandonne pas encore !
THOMAS B. en concert à TOULOUSE
MERCREDI 26 MARS ? 20H30
LA DYNAMO ? TOULOUSE
TARIF : 18 €
> réservations : www.bleucitron.net