Le groupe Elephanz sera ce soir au Connexion Live de Toulouse pour un concert unique. Rencontre avec Jonathan, membre fondateur du duo electro-pop français.
De l'?ombre à la lumière, de l?'hiver au printemps, de l'?essai à l'?accomplissement. Voilà le cheminement du groupe Elephanz. Le résultat est un mélange de refrains imparables servis par une écriture polymorphe raffinée. Les textes tantôt cyniques et acerbes, tantôt tendres et pleins d?espoir, souvent en empathie avec l'?anti-héros moderne, déçu, largué. Rencontre avec Jonathan Verleysen, l'un des deux frères.
Qui est Elephanz et pourquoi ce nom qui rappelle le film de Gus Van Sant et le projet de Damon Albarn, Gorillaz ?
Elephanz est un groupe fondé en 2008 avec mon frère Maxime. Pour le nom, c'est un peu l'idée. On avait l'idée d'un animal totem. On trouvait qu’Eléphant sonnait bien, que c'était cool comme nom. Il ne faut pas aller chercher très loin. On a du faire un brain storming de moins de cinq minutes pour trouver le nom (rires). Au final, ça colle plutôt bien !
Quand avez-vous découvert la musique ?
On a toujours évolué et fait dans la musique depuis l'enfance. On a fait un peu de musique grâce à notre père qui nous a prouvé le plaisir de jouer ensemble. Avec les études, on a abandonné cette idée. Quand Maxime est revenu de ses études d'ingénieur, on a composé ensemble par hasard. C'est tellement bien qu'au final, on a persévéré pour en être là aujourd’hui.
Comment s'est passé le recrutement des autres membres du groupe ?
On avait envie de faire de la musique sur scène vu que ça marchait bien pour nous. Il fallait deux autres personnes pour faire du live. On voulait vraiment former un groupe de rock. On a demandé à un copain et son ancien colocataire de nous rejoindre. On les connaissait pas tellement à l'époque, depuis, on est devenu, grâce aux tournée, une véritable famille. C'est un groupe familial à différentes échelles !
Vous avez formé le groupe en 2008. Un EP en 2009, un autre en 2011, et voilà enfin l'album. Pourquoi avoir mis autant de temps ?
En fait, c’est pas qu'on avait besoin vraiment de temps pour la création. On voulait surtout s'offrir les bonnes conditions sans être pressé par le temps. Il fallait qu'on se construise une véritable équipe autour de nous. Qu'on crée une belle ossature. Et, surtout, créer de l'attente pour le public. Il ne fallait pas qu'on soit un groupe qui sort un album dans l'anonymat total, comme si on l'avait fait directement après les EP. Il faut être aussi capable, en plus de faire de la bonne musique, de sortir du lot.
En parlant d'équipe, vous êtes arrivés chez Naïve. Mais pour autant, vous réalisez en indépendant votre musique. Vous pensez que votre création se porte mieux de cette manière ?
Oui ! On a d'abord monté notre label. C'est important car on gère ce groupe comme une famille. On a besoin de savoir où on va, de caler nous même les dates de création etc… On ne veut rien faire de façon imposée par une tierce personne. Ça nous permet une liberté. Naïve est arrivé à la fin du projet pour finaliser tout ça.
Comment se passe le processus créatif au sein d'Elephanz ?
Il se passe d'une façon assez complémentaire. On commence au piano, chacun de notre côté. On s'envoie les sons et l'autre continue le morceau, et ainsi de suite. Puis, on arrange le tout. Pour les textes, ça vient en dernier. On attend d'avoir la bonne mélodie. J'écris les textes car j'arrive plus à m'exprimer que Maxime en anglais. Mais on se met d’accord sur les thèmes etc..
Les textes sont une analyses assez cynique du monde actuel mais avec toujours une résonnance assez positive. Vous écrivez sur votre génération, non ?
Disons qu'on offre la vision d'un monde vu par deux gars comme nous dans une banlieue, dans une grande ville, avec son lot d'envie. C'est une gentille frustration. On avait envie d'écrire là-dessus. L'intérêt est d'écrire de façon positive. C'est de l’énergie angoissée mais nos chansons sont un grand bol de positivisme.
L'album s'appelle « Time for change ». C'est l'ouverture d'un nouveau cycle pour Elephanz ?
Je pense qu'on voulait rompre avec quelque chose de vieux ; on avait envie de changement. Même dans la façon de faire. C'est une ouverture sur le monde après un passage en vase clos.
Tu parles d'ouverture. Et on découvre une chanson en français. Un tournant ?
Un accident plutôt (rires). On avait une chouette mélodie. J'ai l'habitude de gratter des choses en français sur une feuille de mon bureau. On a mis des notes et une mélodie sur les mots. Ça se mariait parfaitement : on l’a gardé. Mais d'une façon générale, on est peu satisfait du mariage de notre musique avec le français. On perd un peu de la magie et une certaine douceur.
Qu'écoutez-vous actuellement ? Et, ces sons ont –ils des échos dans votre musique ?
On écoute beaucoup de musique sans savoir si ça influence notre musique. On est assez perméable à vrai dire. Là, on écoute beaucoup Alt-J. Mais on fait des incartades dans tous les sens. J'ai même découvert de sublimes chansons de Beyonce dernièrement. On écoute de tout mais, on ne fonctionne pas par artiste mais par chanson en fait.
Que représente la scène pour vous ?
Aujourd’hui, c'est beaucoup de fun, d'adrénaline et d’émotions. Avant, c'était de l'angoisse. Il y a un changement dans le public aussi. Le public vient désormais pour nous. Ça change tout, on a laissé de côté notre paranoïa. On est heureux de voir que les gens viennent car ils aiment notre son.
En écoutant l’album, on se demande si vous avez été approchés pour de la musique de film tant l’image est important ?
On en fait déjà. On adore ça. Nos chansons, je trouve, sont vraiment très visuelle. On les construit comme des bandes sons. Ça accompagne partout : en bagnole, en ballade, au footing ..(rires). On a déjà travaillé avec plusieurs productions notamment là pour un moyen métrage. On est assez content de ça, et on va se tourner de plus en plus vers ça.
Il y a aussi une grosse esthétique autour du groupe. Vous y accordez beaucoup d’importance ?
On y accord beaucoup d'importance. On a fait appel à de nombreux artistes dans un premier temps. Là pour la réédition de l'album en 2014, j'ai mis quelques dessins de ma personne à l'intérieur. Il faut parfois arrêter de se laisser porter et lâcher prise.
Que pensez-vous enfin de Elephanz ?
Je ne sais pas trop. Je trouve que c'est pas mal foutu. C'est un projet qui me touche. C'est la relecture de plusieurs classiques. Si on aime les classiques, on aime Elephanz. Mais bon, il faut se taper la tronche des deux gars.
ALB + Elephanz
Le 13 novembre au Connexion Live