vendredi , 29 mars 2024

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Dans Souffle, la protagoniste n’est pas une comédienne mais Cristina Vidal, souffleuse depuis plus de 25 ans au Teatro Nacional D. Maria II de Lisbonne. Accompagnée sur scène par six acteurs et une centaine de fantômes, cette gardienne d’un métier en voie d’extinction évoque les histoires réelles et fictionnelles d’un théâtre aujourd’hui en ruines.

À mon arrivée au Teatro Nacional D. Maria II de Lisbonne en 2015 comme directeur, on m’a demandé si je voulais travailler avec des souffleurs. Je n’en voyais pas encore l’intérêt pour mes répétitions mais, peut-être précisément pour cela, je décidais de travailler avec l’un deux. Cristina intégra l’équipe du spectacle.
Au Teatro Nacional depuis plus de 25 ans, elle est rapidement devenue une présence indispensable pour moi. Avec elle, j’ai appris que le souffleur n’est pas juste ce bureaucrate des coulisses garant de la fidélité au texte original, qui vient au secours en cas de trous de mémoire ou corrige les altérations. Le souffleur est un complice des acteurs, dans les moments de grâce et surtout de disgrâce. Il les connaît, s’adapte à eux, apprend à respirer au même rythme. Le souffleur est aussi l’avocat de l’auteur et le conseiller du metteur en scène.
Plus que les histoires et l’artisanat du souffleur, c’est la métaphore qu’il invoque qui m’a intéressé. Le souffleur est le souffle vital du théâtre. Non seulement sa mémoire, mais aussi ses poumons. Il vit dans cette zone frontalière entre le visible et l’invisible, la scène et les coulisses, le mot écrit et la parole, l’auteur et l’acteur. Le souffleur est le seul habitant de ce no man’s land où ont lieu les négociations du théâtre.
C’est en imaginant ce que serait un théâtre vu depuis la place du souffleur qu’est né en moi le désir de créer cette pièce. Je me suis demandé ce qui arriverait si un théâtre s’effondrait et qu’on ne retrouvait dans les décombres qu’un seul survivant : le souffleur. Quel corpus théâtral pourrions-nous réinventer si le seul organe resté en vie était les poumons, le souffle de la mémoire ? Puis tout a réellement commencé quand, au cours d’une pause de répétition, à la terrasse d’un café à côté du Teatro Nacional D. Maria II, la souffleuse Cristina Vidal a accepté le défi que je lui lançais : pour la première fois de sa vie, elle serait sur le plateau, au premier plan, en vue.

Tiago Rodrigues

Détails

Date :
19 juin 2018
Heure :
20h30 23h00
Catégories:

Lieu

TNT – Théâtre National de Toulouse
1, rue Pierre Baudis
Toulouse, France
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Phone
0534450505
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